Musée Pierre-Boucher: à anniversaire exceptionnel, exposition exceptionnelle [VIDÉO]

La directrice du Musée Pierre-Boucher/art+histoire Andrée Brousseau, montre une des pièces les plus précieuses de l’exposition 140 liens p’art-faits qui célèbre le 140e anniversaire de fondation de l’institution située au Séminaire Saint-Joseph de Trois-Rivières.

Le Musée Pierre-Boucher / art + histoire célèbre en 2022 rien de moins que cent quarante années d’existence, ce qui en fait le plus ancien musée privé encore actif au Québec. Pour une institution muséale, cette longévité relève de l’exploit et il importe de le célébrer dignement. L’institution située au Séminaire Saint-Joseph de Trois-Rivières le fait avec panache par son exposition 140 liens p’art-faits!


(François Gervais)

L’évènement reflète parfaitement la vocation de l’endroit en présentant quelques centaines de pièces de son inestimable collection réparties en parts égales entre l’art et l’histoire. Des œuvres de maîtres y côtoient de précieux objets historiques alors que d’autres, hétéroclites, se disputent vaillamment le titre du plus étonnant.

S’ils ont tous leur pertinence dans l’exposition, qui comporte un aspect ethnologique indéniable, plusieurs vont attirer l’attention de tous, quelque soit l’âge. Que l’on parle d’un appareil médical rudimentaire pour administrer des électrochocs, d’objets liturgiques du XVIIIe siècle en provenance de l’église paroissiale de Trois-Rivières disparue dans le grand incendie de 1908, de la toute première horloge transportée en Nouvelle-France, de pièces de monnaie anciennes, cette exposition regorge d’artéfacts absolument fascinants.



Chaque objet a son histoire et les responsables du musée se sont fait un point d’honneur de retracer leur origine et de renseigner le visiteur sur son parcours pour arriver jusqu’à sa mise sous cloche. Plusieurs de ces artéfacts n’ont jamais même été exposés à la vue du public.

La variété de ce que 140 liens p’art-faits offre à l’appétit des amateurs n’est supplantée que par la richesse de la collection méconnue dont ils sont issus. «Au total, nous avons 27 000 pièces dans nos collections, la moitié consacrée à l’art, l’autre moitié à l’histoire, indique la directrice générale du Musée Pierre-Boucher/art+histoire, Andrée Brousseau. Nous avons travaillé pendant cinq mois à temps plein pour sélectionner les objets qui allaient constituer l’exposition, faire les recherches, monter le tout. Ce qu’on a voulu faire, c’est sortir les plus belles pièces, les plus rares ou certaines auxquelles le public n’avait jamais eu accès.»

«L’exposition célèbre les 140 ans du musée mais on peut aussi dire qu’elle est aussi un hommage à la richesse de notre collection. Elle est orientée vers l’art et l’histoire mais elle remonte à tellement loin qu’elle s’est enrichie au fil du temps de toutes sortes d’objets auquel le temps a donné une plus grande valeur encore. C’est une collection qui est trop peu connue mais d’une incroyable richesse. Encore récemment, des chercheurs de l’université Johns Hopkins aux États-Unis nous ont contactés pour avoir des informations sur une œuvre d’art que nous possédons. Le plus vieil objet que nous avons dans l’exposition date de 1650 mais dans une autre vitrine, on a une série d’objets archéologiques en provenance du Moyen-Orient dont on ne connaît pas l’âge mais qui remontent bien plus loin en arrière.»

«Nos recherches ont été exhaustives parce qu’on tenait à donner beaucoup d’informations et qu’elles soient justes. On veut que les visiteurs comprennent la valeur des objets, leur fonction et qu’ils se plongent carrément dans l’histoire. Côté artistique, la sélection a été crève-coeur mais on a voulu mettre de l’avant des artistes de Trois-Rivières à cause de la qualité de leur travail et ils côtoient ici des artistes européens de renom.» L’amateur d’art appréciera un Lasnier, un Ayotte ou un Brunoni et mine de rien, discrètement blotti dans la salle Gaston-Petit, il découvrira un original de Marc Chagall, don d’une âme généreuse de la région. De nombreuses œuvres viennent par ailleurs démontrer combien l’art est un véhicule privilégié pour explorer l’histoire.



La rigueur de la recherche et la valeur ethnologique ou historique des objets présentés n’empêchent pas l’exposition d’offrir un aspect ludique par certaines curiosités qu’on peut y découvrir. L’authentique pilori, le petit canon, l’impressionnant coffre-fort datant du régime français ou le casque d’un soldat décédé lors de la Première Guerre mondiale ne manquent pas d’étonner et d’émouvoir.

«Depuis vingt ans que je suis au Musée, j’estime que cette exposition est la plus significative dans laquelle j’ai été impliquée, affirme volontiers Andrée Brousseau. L’exposition pour les 100 ans des Archives du Séminaire qui présentait des documents et des objets fantastiques m’avait beaucoup touchée mais avec les découvertes qu’elle nous propose, celle-ci dépasse ce qu’on offrait des archives. Elle est beaucoup plus étroitement reliée à notre histoire locale.»

«C’est une de nos caractéristiques que d’être très près de notre monde, notre clientèle comme les artistes ou les familles qui nous ont fait des dons au cours des ans. On est attaché à eux. Le plus beau compliment que j’ai entendu, c’est une femme qui m’a dit que quand elle vient ici, elle se sent comme chez elle.»

Bousculée par la pandémie, l’exposition ne sera présentée que jusqu’au 13 mars prochain. Il faut donc se hâter pour en profiter. On ne peut qu’espérer que dans le futur, d’autres expositions du genre lèvent le voile sur les incroyables richesses de cette très précieuse collection. La dg ne l’exclut pas.

Les consignes sanitaires sont minimes puisque seul le port du masque est exigé. Le Musée Pierre-Boucher est ouvert du mardi au vendredi de 13h à 16h30 de même que le samedi et le dimanche, de 11h30 à 16h30. L’entrée est toujours gratuite.