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Le gouvernement Legault était depuis quelque temps dans une logique d’emmerdement des non-vaccinés. Le 1^er février, il y a deux semaines à peine, M. Legault annonçait que son projet de taxe aux non-vaccinés passait à la trappe. Un tel projet n’aurait jamais dû être envisagé, mais ce rappel indique bien que jusque-là, jusqu’à il y a deux petites semaines seulement, c’était une autre logique qui prévalait encore au Québec.

C’était pour calmer une grogne en hausse chez les vaccinés que cette idée de taxe avait été avancée.

Or, le fond de scène n’est plus du tout le même. Le gouvernement en a pris bonne note.

À tel point que depuis l’abandon de ce projet d’impôt-vaccination, les mesures et les calendriers de déconfinement n’ont cessé de s’accélérer au Québec. Ce mardi, le gouvernement Legault a annoncé le retrait progressif de l’obligation du passeport vaccinal d’ici le 14 mars.

L’opération commence dès ce mercredi dans les grandes surfaces, ainsi que dans les succursales de la SAQ et de la SQDC. Un peu plus et l’on pourrait croire que ces commerces avaient été ciblés récemment dans le seul but de calmer une grogne chez les vaccinés…

La semaine dernière, le ministre de la Santé, Christian Dubé, avait affirmé deux fois plutôt qu’une que le passeport vaccinal était «là pour rester» : «Les deux choses qui nous protègent en ce moment, c’est la vaccination et le lien avec le passeport vaccinal, et c’est le masque. Alors, c’est sûr que ces deux mesures-là sont avec nous pour rester», avait-il certifié.

Le ministre se demandait même à quel moment la troisième dose serait requise pour maintenir la validité de ce passeport! C’était mardi dernier.

L’abandon graduel du passeport vient d’une recommandation de la Santé publique, ont assuré le directeur par intérim de l’organisation, Luc Boileau, et le ministre Dubé.

La Santé publique l’a recommandé au gouvernement lundi soir.

N’empêche que les autorités politiques souhaitaient qu’il en soit ainsi depuis la veille et l’avaient fait savoir publiquement.

Les pressions

La relative embellie sur le front hospitalier permet au gouvernement Legault de jeter du lest sur les dures restrictions sanitaires imposées au Québec. C’est ce qui a été expliqué mardi. Le fait est indéniable.

Mais il y a sans doute autre chose. La levée de restrictions ailleurs au Canada a très certainement pesé dans la balance. Elle a très vraisemblablement contribué à accélérer le tempo des assouplissements et les annonces d’un retour à la vie presque normale au Québec d’ici peu de temps.

Question délicate : Les manifestations contre les mesures sanitaires y ont-elles aussi contribué dans une certaine mesure? Au gouvernement, on assure que ce n’est pas le cas.

L’abandon graduel du passeport vaccinal est annoncé parce que c’est le bon moment de le faire, a simplement expliqué Christian Dubé après avoir fait valoir, à l’instar du directeur national de santé publique, que cet outil est moins utile avec Omicron qu’il l’était avec son prédécesseur, le Delta. Mais ne le savait-on pas depuis un certain temps déjà?

Rassembler

Depuis l’irruption de camionneurs et d’autres protestataires à Ottawa le dernier week-end de janvier, François Legault martèle qu’il faut rassembler les Québécois plutôt que les diviser. Trois jours à peine après le début de l’occupation dans un secteur de la capitale fédérale, M. Legault avait justifié sa volte-face sur sa taxe aux non-vaccinés par sa volonté de rassembler les Québécois, de préserver la paix sociale et de maintenir le maximum de cohésion dans la société.

Personne ne veut ou ne devrait vouloir d’un premier ministre qui cherche sciemment à polariser les citoyens, bien évidemment. François Legault a donc dit exactement ce qu’il fallait lorsqu’il a répété lundi qu’il ne voulait pas «diviser» les Québécois, mais plutôt les «rassembler». C’était cette fois pour motiver son refus de voir la loi fédérale sur les mesures d’urgence s’appliquer au Québec — en plus de s’appuyer sur le fait que la situation au Québec est sous contrôle.

Malgré cette séquence, je veux croire que ce ne sont pas les menaces et les protestations de quelques radicaux aux idéologies antigouvernementales qui ont contribué au changement de ton à l’égard des non-vaccinés et à l’accélération des assouplissements. Car aucun gouvernement ne peut et ne doit céder à cela.

Il faut distinguer la poignée d'extrémistes de la large majorité des manifestants qui se sont fait entendre depuis quelque temps.

Je veux croire que les autorités québécoises ont simplement, en plus de facteurs prépondérants comme la situation dans les hôpitaux, pris en compte la fatigue de citoyens bien ordinaires, qu’ils aient pris part ou non à des manifestations. Cette fatigue est bien réelle.

Ce n’est pas pour rien que Québec solidaire, le Parti québécois et même le Parti libéral du Québec avaient commencé à cibler le passeport vaccinal ces derniers jours. C’est qu’eux-mêmes sentaient bien qu’il existait une demande dans la population pour passer à autre chose.

Au-delà des récentes péripéties, il est important de dire que la logique première du passeport vaccinal, son essence même, n’a jamais, elle, participé d’une volonté d’enquiquiner ou de quoi que ce soit du genre. Il a constitué une vraie mesure prophylactique.

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