Big air : Maxence Parrot a dominé les qualifications

Maxence Parrot a dominé les qualifications du big air avec un pointage cumulatif de 164.75.

Cette fois-ci, Maxence Parrot n’a laissé aucune place au doute. Le planchiste bromontois a dominé les qualifications de l’épreuve du big air avec un pointage cumulatif de 164.75 lundi matin, laissant ainsi entrevoir un second triomphe en autant d’épreuves aux Jeux olympiques de Pékin.  


Tout premier athlète à s’élancer au centre Big Air Shougang, Parrot a d’abord obtenu une note plutôt correcte de 78.25. Un frontside 1620 l’a ensuite propulsé au sommet du classement.

Puisqu’on comptabilisait les deux meilleurs scores de chaque athlète, sa chute à sa troisième et dernière tentative (26.50) n’a pas eu d’incidence.

 «J’ai atterri mes deux premiers sauts pas mal à la perfection, je suis très content de ça. J’ai essayé d’aller pour un plus gros saut à ma troisième descente pour avoir un meilleur pointage. J’ai un peu mal calculé dans les airs et j’ai tourné trop vite. Je pensais que je n'avais pas assez de temps et finalement j’en avais en masse! Je suis tombé. Ça reste que je suis très fier de mes deux premiers sauts, mon but c'était de les faire», a expliqué Parrot en entrevue avec les médias présents en Chine.

Le Japonais Takeru Otsuka et l’Américain Redmond Gerard ont complété le top-3 dans cet ordre. La meilleure note de ces qualifications revient toutefois au favori de la foule Yiming Su.

Champion olympique en titre en big air, Sébastien Toutant a chuté deux fois lundi matin.

Immense déception pour Toutant

Lors de la finale présentée à compter de minuit mardi, Maxence Parrot retrouvera aussi son compatriote et rival Mark McMorris, qui a pris le huitième rang lundi.

Rappelons que McMorris a remis en doute la victoire du Bromontois en slopestyle la semaine dernière, avant de s’excuser. Même s’il reconnaît une erreur qui a échappé aux juges, Parrot estime toujours avoir réalisé la meilleure descente, trois ans après sa bataille contre le lymphome de Hodgkin.

Les deux hommes seront notamment accompagnés par Darcy Sharpe mardi. L’Albertain s’est accroché en douzième position, la dernière donnant accès à la finale.

En revanche, la déception est immense pour le Québécois Sébastien Toutant, qui était pourtant le champion olympique en titre en big air. Blessé à un talon et victime de deux chutes, il n’a pu faire mieux que la 26e place cette fois-ci. Le planchiste de L'Assomption a quitté le site de compétition sans s’adresser aux médias.



Parrot a mérité une note décisive de 90.96 pour sa deuxième descente. 

Une descente impeccable

Maxence Parrot a d’abord obtenu une note de 79.86 pour sa première descente en finale, surpassant ainsi aisément ses résultats lors des qualifications, alors qu’il avait été relégué en 10e position.

Le Bromontois a ensuite grimpé au sommet du classement provisoire grâce à une seconde série de manœuvres impeccable, qui incluait notamment un triple cork 1620.

«J’ai fait trois triples de suite. Je n’ai jamais fait ça de ma carrière. C’est ma plus grosse descente et j’ai atterri à la perfection», a-t-il souligné.

Parrot a dû se contenter d’un 36.56 lors du troisième tour, mais le plus dur était déjà fait puisqu’on comptabilisait uniquement le meilleur pointage de chacun des 12 finalistes. Dernier planchiste à s’élancer, le jeune Su n’a pu empêcher un premier triomphe canadien aux Jeux d'hiver de Pékin.

Le Québécois Sébastien Toutant a quant à lui terminé au neuvième rang.

Le Chinois Yiming Su (à gauche) et le Canadien Mark McMorris ont accompagné Maxence Parrot sur le podium.

«Aujourd’hui, ça paye»

Analyste des compétitions de snowboard pour le compte de Radio-Canada, l'entraîneur Maxime Hénault fait partie de ceux qui ont contribué au développement du nouveau champion olympique. Et il ne cachait pas sa fierté en ondes lundi.

«Que ce soit l’aspect physique, la technique ou la nutrition, Maxence fait tout en son possible pour réussir. Et aujourd’hui, ça paye.»

Parrot a effectivement fait preuve d’un grand courage en retrouvant l’élite de son sport après de durs traitements de chimiothérapie.

Son séjour en Chine n’est pas terminé puisqu’il participera aussi aux qualifications du grand saut (big air) lundi prochain. Il sera ensuite intéressant de voir si le médaillé d’or prolongera son parcours jusqu’aux Jeux de Milan et Cortina d'Ampezzo, en 2026.

Parrot a reconnu qu’il a commis une erreur - il a raté une prise de planche - lors de son premier saut de la finale de cette épreuve en surf des neiges. Il dit avoir été chanceux que les juges ne le remarquent pas.

Le planchiste de 27 ans a tout de même soutenu qu’il a fait la meilleure descente de la journée et que sa première médaille d’or olympique en carrière était justifiée.

McMorris a pris le troisième rang de l’épreuve, 2,43 points derrière Parrot. En raison de cet écart si mince, il aurait obtenu la médaille d’argent si les juges avaient noté l’erreur du Québécois.

Vendredi, McMorris a confié à CBC que, selon lui, il aurait dû obtenir une meilleure note que Parrot et que le Chinois Su Yiming, qui a terminé deuxième.

Parrot a assuré que McMorris lui a présenté des excuses en personnes samedi matin. Le planchiste originaire de la Saskatchewan a aussi publié un message sur Twitter abondant dans le même sens.

«J’ai laissé mes émotions m’envahir dans les jours suivants l’épreuve de slopestyle et je veux sincèrement m’excuser auprès de Max, a écrit McMorris. Je suis abasourdi de voir tout ce que tu as surmonté et je suis extrêmement fier d’avoir partagé un podium avec toi. Allons en chercher un autre pour [le Canada].»

Parrot a affirmé qu’il ne gardait aucun ressentiment.

«En fait il est venu me voir aujourd’hui et il s’est excusé pour sa conduite antisportive, a expliqué Parrot. Je lui ai dit que je n’étais pas fâché.»

McMorris a décliné une demande d’entrevue.

Les deux planchistes canadiens se retrouveront lundi lors des qualifications au grand saut. L’épreuve sera notée par le même panel de neuf juges que l’épreuve de slopestyle.

Parrot a décroché la première médaille d’or du Canada aux Jeux de Pékin. Son triomphe est survenu après une bataille contre un lymphome de Hodgkin - un cancer - qui lui a été diagnostiqué en 2018.



C’est que leur fils Maxence venait de remporter l’or en slopestyle aux Jeux de Pékin. Non, les appels des médias, les appels de félicitations des amis, les textos et les courriels n’ont jamais arrêté au bureau du Dr Parrot et de son adjointe. Mais voilà, c’est la vie de parents d’un champion olympique.

«On est très fiers de Max, a lancé Mme Noël, qui s’est faite la porte-parole du couple. Par contre, on aurait été fiers de lui même s’il avait terminé 10e. Mais Max, lui, il ne l’aurait pas été. Il est parti pour Pékin avec l’or en tête et il a gagné son pari!»

Mme Noël et son conjoint ont vu Maxence effectué des centaines de descentes, sinon des milliers. Et même eux ont été impressionnés.

«C’était une descente avec un haut taux de difficulté. Mais il a tellement bien fait ça. Il était confiant, il était en plein contrôle. Il était beau à voir.»

On va se le dire, plusieurs étaient inquiets à la suite des qualifications, au cours desquelles le Bromontois n’a pas offert sa plus belle performance.

«Ça, c’était une stratégie. Tout ce que Max voulait, c’était se qualifier pour la finale. Il gardait le meilleur pour la fin, pour le moment important!»

Il a dit à la télé que tout ça était irréel. Croyez-moi, ce l’est pour nous aussi!

De se battre pour sa vie à la médaille d’or

Lorsqu’on a vu Maxence Parrot remporter l’or dans la nuit de dimanche à lundi, on a tous pensé la même chose : il y a moins de trois ans, l’athlète se battait avec la maladie de Hodgkin, il se battait pour sa vie.

«Max, sincèrement, il nous surprend nous-mêmes, a repris sa mère. Mais il n’a rien eu gratuitement. Il a tellement travaillé fort pour reprendre ses forces et arriver là où il est aujourd’hui. On aurait pu le perdre. Et là, il vient de gagner l’or aux Olympiques. Il a dit à la télé que tout ça était irréel. Croyez-moi, ce l’est pour nous aussi!»

Maxence est proche de ses parents. Et une des façons qu’ils ont trouvées pour l’appuyer, c’est de parler de sport le moins possible.

«Qu’on le veuille ou non, il a beaucoup de pression sur les épaules. Il s’en met beaucoup et il en a beaucoup parce qu’il a gagné souvent. Alors nous, quand on lui parle, quand on le voit, on parle d‘autres choses, on essaie de lui changer les idées. Et je pense qu’il apprécie.»

En 2019, lorsqu’on a appris que Parrot entreprenait le plus grand combat de sa vie, sa mère avait confié à l’auteur de ces lignes que son fils allait servir d’exemple, «qu’il va donner du courage à ceux qui en ont besoin». D’ailleurs, on n’a jamais senti personne, au sein du clan Parrot, s’apitoyer.

Et plus que jamais, aujourd'hui, la résilience du champion va inspirer jeunes et moins jeunes.