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On pourrait dire que, depuis deux semaines, à cause d’Omicron, vos dimanches soir manquent de variété! Mais il faut faire attention ici, car il existe deux « variété ».

Il y a d’abord les spectacles et les émissions de variétés, qui sont composés « de divers numéros, généralement sans lien entre eux », nous résume Usito. Cette définition est pleinement acceptée par les principaux dictionnaires.

Évidemment, dans ce cas-ci, on pense, en premier lieu, au célèbre Théâtre des variétés de Gilles Latulippe, où les spectacles étaient une suite de numéros de différents genres et disciplines : théâtre burlesque, humour, chanson... On présentait même parfois du cinéma entre deux sketchs. Mais l’origine de ce type de prestation est beaucoup plus ancienne : les variétés ont fait leur apparition au XIXe siècle, avec l’émergence du music-hall.

Lorsqu’il est employé dans ce sens, le mot « variété » s’écrit toujours au pluriel.

Mais il y a un autre « variété » : la « variété française », une locution qui s’est incrustée pour désigner la chanson populaire en France. Elle est relevée également par les dictionnaires. Dans ce cas-ci, le mot s’emploie au féminin singulier.

Il existe même un équivalent familier, « variétoche », probablement parce que la variété française a été perçue comme kitch et vieillotte en comparaison avec des genres musicaux plus associés à la jeunesse, tels le rock, le jazz et le disco.

Je ne vous apprendrai rien en vous mentionnant que « Star Académie » est une télé-réalité axée sur la chanson, et que c’est donc « variété » au singulier qu’il faut privilégier.

Mais pourquoi LE variété, au masculin? C’est simple : l’équipe de « Star Académie » fait une ellipse. Lorsque Guylaine Tremblay ou Lara Fabian disent « le variété », elles sous-entendent « le (spectacle de) variété ».

Il aurait aussi été possible de dire « la variété », en sous-entendant cette fois le mot « émission », mais j’imagine que la production a jugé la tournure moins claire pour les téléspectateurs, qui se seraient demandé « la variété de quoi? »

Le sens du mot « variétés » est apparu dès le XVIIe siècle et provient de la littérature, explique le Petit Robert, citant le recueil de Paul Valéry intitulé justement « Variétés ». En fait, il s’agissait du titre qu’on donnait aux recueils contenant des morceaux sur des sujets variés.

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« Le mot \"sans-dessein\" s’est récemment retrouvé dans l’actualité. Le terme est-il invariable ou peut-il comporter un s au pluriel? Quel en serait le féminin? Les autorités linguistiques ont-elles prévu cette éventualité ou faut-il comprendre que cela ne peut s’appliquer [Danielle Fleury, Québec]? »

Le québécisme familier « sans-dessein » est non seulement relevé par le dictionnaire québécois Usito, mais il figure dans le Petit Robert. Il reste invariable en genre, tout comme les autres mots composés qui commencent par « sans » et désignent une personne. Il suffit de placer un article féminin devant pour exprimer ce genre, ce qui nous donne « une sans-dessein, une sans-abri, une sans-cœur, une sans-grade, une sans-papier, une sans-culotte, une sans-le-sou, une sans-patrie »... Comme cette façon de féminiser est déjà largement acceptée en français, par exemple avec les noms de profession qui se terminent par un e (une notaire, une ministre, une journaliste), personne ne sent le besoin d’aller plus loin. Imaginez le tollé de protestations si des linguistes nous proposaient « une sans-papière, une sans-desseine »... Cela signifierait qu’il faudrait aussi masculiniser les mots formés avec un nom féminin (« un sans-culot, un sans-patri »?).

Pour ce qui est du pluriel, sachez que la fameuse « nouvelle orthographe » a simplifié bien des choses quant aux noms composés. Ainsi, tous les mots que je vous ai mentionnés, excepté « sans-le-sou », s’écrivent avec un s au pluriel et n’en prennent pas au singulier. Ce qui nous donne « un ou une sans-dessein » et « des sans-desseins ».

Auparavant, il aurait fallu tenir compte du sens pour déterminer l’invariabilité en nombre. Par exemple, dans le cas de « sans-fil », chacun devait se demander : est-ce qu’un appareil sans-fil aurait, en temps normal, un ou plusieurs fils? Comme la réponse est un seul fil, le mot restait invariable (« des sans-fil »).

Cette façon de faire justifiait parfois la présence d’un s au singulier, comme avec le mot « sans-papier ». Puisque « papier » est toujours pluriel lorsqu’il désigne les documents d’identification d’une personne (« montrez-moi vos papiers! »), on écrivait « un sans-papiers ».

Heureusement, des linguistes se sont levés pour dire : « Dites, ça ne vous tenterait pas qu’on arrête de considérer les mots composés comme s’ils étaient deux mots distincts, mais plutôt comme des mots à part entière, et qu’on les accorde de la même manière que les autres, sans s au singulier et avec un s au pluriel? »

Et la proposition a été acceptée. L’ancienne façon est encore valide, mais admettez que la nouvelle simplifie pas mal les choses. Il reste des exceptions, justement comme « sans-le-sou » (j’imagine que cela aurait paru trop bizarre aux yeux de plusieurs de mettre le mot sou au pluriel après l’article le), mais le coup de balai demeure notable.

Usito date de 1894 l’étymologie de « sans-dessein » pour désigner une personne maladroite, irréfléchie, stupide, mais le Petit Robert en a également trouvé des traces en Normandie. Anciennement, le mot « dessein » y était synonyme d’« intelligence », de « réflexion », alors que son emploi moderne lui confère désormais le sens d’« intention », de « but », d’« objectif », de « volonté ».

Perles de la semaine

Toujours difficile de savoir si les perles du bac qui circulent sur la toile sont effectivement celles de l’année, mais en voici quelques-unes qui se promènent un peu partout en ce moment.

« L’espèce humaine est arrivée en même temps que la création de la planète. »

« Ce qui différencie l’homme de l’animal, c’est que tous les animaux sont restés à quatre pattes. »

« Les chercheurs n’ont pas de bonnes prédictions, ils se croivent au-dessus de tout le monde. »

« Le livre de Jean-Paul Sartre \"L’existentialisme est un rhumatisme\" [humanisme]... »

« Cuál es la capital de España? — Argentina. »

Questions ou commentaires?

steve.bergeron@latribune.qc.ca

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