Can-Explore cultive l’innovation et lorgne les marchés internationaux 

Olivier Lefebvre, Tom Tardif et Louis Légaré-Lapointe.

«Le jour où on cessera d’innover, on arrêtera aussi d’avancer», affirme Louis Légaré-Lapointe, cofondateur et président de Can-Explore dont la mission n’est rien de moins que révolutionner le monde du génie civil grâce aux technologies les plus avant-gardistes. Avec l’objectif de déployer son ingénierie novatrice d’inspection et de diagnostic d’infrastructures et de bâtiments sur tous les continents d’ici 2032!


Louis Légaré-Lapointe et Olivier Lefebvre ont créé leur entreprise en mai 2014, dès l’obtention de leurs diplômes en génie de l’Université Laval. Quelques mois auparavant, une de leurs professeurs avait suggéré aux entrepreneurs en herbe de la classe de s’intéresser à l’inspection des réseaux d’égout.

«Ce n’est pas vraiment le genre d’entreprise que j’avais en tête pour me lancer en affaires. On a quand même décidé de prendre la balle au bond, mais avec l’intention de mettre à profit les nouvelles technologies afin d’améliorer les façons de faire», explique Louis Légaré-Lapointe.

Imprimante 3-D et intelligence artificielle

Voilà pourquoi des imprimantes et un scanneur 3-D ainsi que des robots font notamment partie des équipements utilisés par l’entreprise qui a fait le pari de combiner le génie mécanique à la programmation logicielle pour développer ses services et produits. Et ce, à l’intention de firmes d’ingénierie, de municipalités ou d’entreprises pour faciliter leurs travaux d’inspection non seulement des réseaux d’égout, mais aussi de bâtiments et autres infrastructures.

Can-Explore met également l’intelligence artificielle au service des inspections de réseau d’égout. L’utilisation de plus de 45 000 vidéos de conduites de tout type, captées par une caméra à 360 degrés adaptée par l’entreprise, lui a permis de développer un algorithme de collecte de données qui assure une meilleure gestion de l’évolution de la condition des conduites.

À l’ère du bâtiment connecté, l’entreprise peut aussi recueillir des données et obtenir en temps réel le bulletin de santé des édifices commerciaux et industriels, rendant ainsi plus facile la surveillance des déficiences ou le suivi des dégradations de structure.

Nouveaux produits, nouveaux marchés

Il y plus de deux ans, pour répondre aux besoins de clients, Can-Explore s’est lancée dans le développement d’un système de surveillance en continu de l’accumulation de charges sur la structure de toit de bâtiments. Commercialisé depuis l’an dernier, ce système appelé Tensio utilise des capteurs et une application Web qui communiquent les données en temps réel et alerte les entreprises dès que les charges dépassent les normes du bâtiment en vigueur. Cela leur permet de mieux planifier les opérations de déneigement et ainsi éviter les rondes d’inspection ou les incidents coûteux et dangereux.

Outre le système Tensio, Can-Explore amorcera sous peu la commercialisation d’un logiciel qui permet d’optimiser les opérations d’inspection d’égout. «On a toujours été une entreprise de services. Mais on développe maintenant des produits qui vont nous permettre d’explorer des marchés à l’étranger», souligne Louis Légaré-Lapointe qui lorgne d’abord les États-Unis puis le marché européen.

La PME de Québec, qui compte une centaine d’employés, mise sur une équipe de quelque 20 personnes en recherche et développement, parmi lesquels des développeurs de logiciels, des ingénieurs et des spécialistes en Internet des objets. «Notre culture d’innovation ne met pas seulement à profit l’expertise de notre équipe de R&D. Les employés de terrain et les utilisateurs contribuent aussi à la conception et au développement de nos services et produits», précise Louis Légaré-Lapointe.

La force de ses équipes et le développement de nouveaux produits amènent ainsi l’entreprise à voir encore plus grand et à viser de nouveaux horizons.

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3 questions à Louis Légaré-Lapointe

1. Quel est le meilleur conseil que vous avez reçu ou que vous aimeriez avoir reçu?

«Au fil des années, de nombreux conseils m’ont grandement aidé à contribuer à la croissance de Can-Explore. Mais celui qui m’a beaucoup aidé m’a été donné lors d’un de mes séjours à l’École d’Entrepreneurship de Beauce: “La discipline bat n’importe quelle grosseur de QI”. Sans me proclamer un as de la discipline, ce conseil résonne régulièrement en moi lorsque des distractions à nos objectifs d’entreprise surviennent.»

2. Qu’est-ce qui vous motive, comme entrepreneur, comme dirigeant?

«Sur le plan humain, voir l’équipe croître en même temps que l’entreprise. Le travail d’équipe me motive et je considère que la contribution de chaque membre est importante: on n’est jamais plus fort que le maillon le plus faible. Sur le plan entrepreneurial, constater que nos services et produits ont réellement aidé, qu’ils ont permis à nos clients de maximiser la durée de vie utile de leurs actifs et d’optimiser leurs coûts d’entretien.»

3. Si vous étiez en politique, quel enjeu économique retiendrait votre attention prioritairement – et comment le résoudre?

«Je suis préoccupé par le fait que certaines entreprises étrangères viennent s’installer au Québec et “volent”, en quelque sorte, le savoir-faire et la main-d’œuvre québécoise spécialisée en offrant des conditions de travail que les entreprises québécoises ne peuvent pas toujours égaler, malheureusement. Je mettrais en place des mesures pour protéger les entreprises d’ici, plus spécifiquement les entreprises en technologies. Je pense qu’il est crucial de ne pas laisser aller nos technologies et notre main-d’œuvre qualifiée à des intérêts étrangers, car elle est là en grande partie notre valeur au Québec.»

En collaboration avec l’École d’Entrepreneurship de Beauce et le Groupement des chefs d’entreprise