Recyclage Lithion ouvrira une usine de recyclage de batteries de voitures électriques

Benoit Couture, président et chef de la direction de Recyclage Lithion

Recyclage Lithion va ouvrir la première usine commerciale de recyclage de batteries lithium-ion, utilisées dans les voitures électriques, au Québec en 2023, a annoncé l'entreprise lundi.


Cette usine pourra recycler près de 7500 tonnes métriques de batteries annuellement, l'équivalent d'environ 20 000 batteries de véhicules électriques ou hybrides, explique Benoit Couture, président et chef de la direction l'entreprise, en entrevue.

«Cette usine va transformer les batteries qu'on reçoit en poudre noire qui contient l'ensemble des matériaux stratégiques de la batterie. Puis, des copeaux de métaux et de plastique qui, eux, sont recyclés dans les canaux standards.»

Recyclage Lithion n'a pas encore choisi l'emplacement de l'usine. Elle devrait toutefois être dans la région de Montréal. M. Couture prévoit qu'elle entrera en activité d'ici 12 à 18 mois.

Par la suite, l'entreprise veut également construire au Québec une usine d'hydrométallurgie, qu'elle appelle un «hub». «Une fois la batterie transformée en poudre noire, elle va dans un hub, qui permet d'extraire et purifier les matériaux stratégiques qui sont contenus dans la batterie et de fabriquer les matériaux de grade batterie, qui, eux, servent à fabriquer de nouvelles batteries.»

Le hub devrait entrer en activité d'ici 18 à 24 mois, soit entre six mois et un an après la première usine commerciale.

Recyclage Lithion espère aussi exporter sa technologie à l'international avec la vente de licences aux entreprises étrangères. M. Couture estime qu'il est plus facile et rapide de vendre des permis d'utiliser sa technologie à des entreprises en Amérique du Nord, en Europe et en Asie que d'y implanter ses propres usines. Rien n'a encore été signé, mais les démarches se déroulent bien, estime-t-il.

De nouveaux capitaux

L'entreprise a annoncé lundi avoir obtenu d'importants appuis financiers dans le cadre d'une ronde de financement qui pourrait atteindre 125 millions $, lorsque complétée. Le fonds de travailleurs Fondaction et la société de placement sud-coréenne IMM Investment Global font partie des investisseurs. M. Couture n'a pas voulu dévoiler quelle proportion de l'objectif de 125 millions $ en financement avait déjà été atteinte.

Investissement Québec pourrait participer à cette ronde de financement. Le ministre de l'Économie, Pierre Fitzgibbon, a dit qu'il aimait l'entreprise, en marge d'une annonce sur la transformation numérique, lundi. «Nous, on regarde ça étroitement, il y aura des annonces peut-être qui vont se faire bientôt. C'est clair que c'est une entreprise qu'on aime et qui va jouer un rôle très important dans notre chaîne d'approvisionnement des batteries.»

Le ministre a ajouté que le recyclage est une partie importante du développement de la filaire électrique, selon lui. «Le recyclage devient extrêmement important. Dans 15 à 20 ans, peut-être avant, on n'irait plus extraire des minerais, on va tous les recycler.»

Économie circulaire

Le procédé, qu'a déjà testé l'entreprise dans une usine pilote à Anjou, émet moins de gaz à effet de serre et contribue davantage à l'économie circulaire que les procédés pyrométallurgiques généralement utilisés, selon M. Couture.

Recyclage Lithion affirme qu'elle pourra récupérer plus de 95 % des métaux stratégiques contenus dans les batteries, comparativement à 50 % pour la pyrométallurgie.

«Pyro, ça veut dire brûler, explique le dirigeant. Quand ils brûlent, ils brûlent le graphite, ils perdent le lithium. Ils vont aller chercher le cobalt et le nickel. Alors que nous, on va chercher l'ensemble des matériaux stratégiques et on les ramène en grade de batteries.»