Chronique|

Joyce Echaquan: une famille digne dans la tempête

ÉDITORIAL / C’est le 28 septembre 2020 que Joyce Echaquan est décédée dans des circonstances à la fois tragiques et révoltantes à l’hôpital de Joliette. N’ayant qu’un téléphone portable en main pour assurer son éventuelle défense, elle a rendu son dernier souffle sous une pluie d’insultes racistes inacceptables. L’Atikamekw de 37 ans a laissé derrière elle une famille dévastée, ainsi qu’une société littéralement renversée et interpelée par ces tristes événements.


L’enquête publique dirigée par Géhane Kamel, au printemps dernier, a confirmé l’évidence: la mort de Joyce Echaquan était évitable et le racisme y a malheureusement contribué. Un constat à la fois troublant et incompréhensible dans une société que l’on dit pourtant ouverte et tolérante.

La famille de Joyce Echaquan, son mari Carol Dubé en tête, a assisté à toutes les démarches qui ont mené au dévoilement des recommandations de Géhane Kamel en octobre dernier. Les membres de la communauté de Manawan se sont fait entendre, mais pacifiquement. Ils auraient pu laisser parler leur frustration et leur colère; ils ont plutôt choisi la voie de la résilience et de la dignité pour affronter cette terrible épreuve.



Nous avons tellement à apprendre de leur réaction.

En cette fin d’année 2021, la Coopérative Le Nouvelliste veut souligner la force de la famille Echaquan et lui décerne le titre de Personnalité de l’année 2021.

Droits dans la tempête, les proches de Joyce Echaquan ont accompagné la société québécoise dans cette remise en question et cette introspection nécessaires. C’est en grande partie grâce à eux si, aujourd’hui, l’ignorance, l’intolérance et les préjugés peuvent commencer à laisser place à l’écoute, à la compassion et enfin à la réconciliation.

Cette réconciliation avec les Premières Nations est incontournable. En fait, elle était requise depuis longtemps et il a fallu de tristes événements pour nous inciter à faire enfin quelque chose.



La mort de Joyce Echaquan tout comme la découverte de centaines de corps d’enfants dans des pensionnats de l’Ouest canadien nous ont rappelé tout le poids historique qui repose sur les peuples autochtones. Cette réconciliation passe par une plus grande ouverture et un plus grand respect envers les autres cultures, par une meilleure connaissance de la réalité historique et contemporaine autochtone, par une formation adéquate et, comme le suggère le rapport de Géhane Kamel, par une reconnaissance du racisme systémique par le gouvernement québécois.

On est rendu là.

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Du côté des sports, le titre de Personnalité de l’année revient à Laurence Vincent Lapointe qui a remporté deux médailles aux Jeux olympiques de Tokyo.

Rappelons que l’athlète de Trois-Rivières a obtenu son laissez-passer olympique à la toute dernière minute après avoir été suspendue pour dopage en août 2019 et avoir raté sa qualification à son retour à la compétition à la fin du mois de février 2021.

Celle qui a dominé son sport durant une bonne décennie aurait pu se laisser abattre par cette épreuve digne d’un film. Au contraire, appuyée par ses proches, elle s’est battue et a réussi à prouver son innocence. Laurence Vincent Lapointe est un exemple éloquent de persévérance et de résilience. La Mauricie se souviendra longtemps de son histoire et de ce courage qui lui a permis d’affronter l’adversité et de réaliser son rêve d’enfant en montant sur un podium olympique.



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L’année 2021 n’a vraiment pas été facile pour les diffuseurs du monde des arts. Certains ont fait face à la situation avec résignation alors que d’autres se sont battus pour continuer à présenter des événements culturels selon les règles établies et ainsi mettre un peu de gaieté dans le quotidien pandémique des gens.

C’est le cas de Natalie Rousseau, directrice générale de l’Orchestre symphonique de Trois-Rivières, qui est nommée Personnalité de l’année du Nouvelliste dans le monde de la culture.

Les musiciens de l’OSTR ont non seulement dû faire face à la COVID pour parvenir à présenter des concerts, mais ils ont également dû faire preuve d’imagination à la suite de l’incendie qui a frappé le stationnement souterrain de l’hôtel de ville de Trois-Rivières en novembre dernier. Après avoir présenté un concert virtuel à partir de la Maison symphonique de Montréal, l’OSTR a pris le chemin du Centre des arts de Shawinigan où il a présenté deux concerts devant un tout nouveau public. Une belle façon de résoudre une problématique tout en allant chercher de nouveaux adeptes.

Créativité, acharnement et dynamisme, voilà ce qui a été mis de l’avant par l’équipe de l’OSTR et qui nous a permis d’avoir encore un peu de beauté dans cette pandémie qui n’en finit plus.