En tout cas, c’est ce que je me suis dit en mangeant ma deuxième portion, lundi soir.
Ces jours-ci, avec Omicron qui fait exploser les cas de COVID-19 et le Québec qui se reconfine, j’essaie de savourer les petits riens.
Ce n’est pas si difficile. Un soir, par exemple, en sortant les poubelles, je me suis arrêté pour respirer l’air froid et laisser les flocons s’écraser sur mon front. J’en ai profité pour admirer le scintillement des lumières de Noël dans la rue. Durant deux minutes, j’ai oublié la pandémie.
Je ne suis sûrement pas le seul à avoir ce genre de comportement étrange. Dans les périodes d’incertitude, les humains ont tendance à savourer davantage les petites choses de la vie, a montré une étude publiée cette année dans la revue scientifique Emotion.
Les chercheurs ont eu une drôle d’idée. Ils ont remis des dépliants sur lesquels les promeneurs pouvaient lire une de ces deux suggestions : «La vie est imprévisible : arrêtez-vous et sentez les roses» ou «La vie est constante : arrêtez-vous et sentez les roses».
Planqués derrière un buisson, les chercheurs ont ensuite observé qui allait s’arrêter — ou pas — à une table sur laquelle une douzaine de roses avaient été déposées. Qui, d’après vous, a humé l’odeur des fleurs? Ceux à qui on avait rappelé que la vie est imprévisible.
Mais les chercheurs ne se sont pas arrêtés là. Ils ont invité près de 400 participants à un visionnement. Certains étaient exposés à une vidéo qui suggérait que la vie était chaotique; d’autres que la vie était ordonnée. Enfin, un troisième groupe voyait une vidéo neutre sur l’histoire ferroviaire.
Par rapport aux deux autres groupes, les spectateurs de la vidéo sur le chaos voulaient savourer davantage les petites choses de la vie. Et ils avaient l’intention de faire durer leur bonheur si la chance croisait leur chemin ou celui d’un ami.
C’est un réflexe normal. «Si le monde est incertain, il est logique de profiter de ce que vous avez maintenant, car il n’existera peut-être pas sous peu», a expliqué l’auteur principal de l’étude, Andrew L. Gregory, au magazine scientifique Greater Good.
Évidemment, la pandémie n’a rien d’un bouquet de roses. Elle nous isole, nous stresse et plombe notre sommeil, parmi ses nombreux effets négatifs.
Mais savourer les petits riens peut nous aider à faire face à la pandémie. Ils font dévier notre attention sur les plaisirs quotidiens. Ils nous ancrent dans ce qui se passe ici et maintenant, que ce soit de boire une tisane chaude ou d’aller marcher en forêt.
Alors, quels sont vos petits riens? Est-ce de sentir vos skis de fond glisser sur la neige? D’exercer votre lancer frappé dans un filet désert? D’écrire des cartes de Noël à vos proches? De flatter votre chat en regardant ciné-cadeau?
Vous voudrez peut-être y penser, car ces petits plaisirs seront peut-être vos compagnons les plus prévisibles du temps des Fêtes...