Chronique|

Guy Laflamme à la conquête de l’Europe

Guy Laflamme avait fait d’Ottawa 2017 un événement «audacieux» et spectaculaire.

CHRONIQUE / En quittant la région de la capitale nationale après avoir dirigé de main de maître l’organisme Ottawa 2017 pour marquer le 150e anniversaire de la Confédération canadienne, le Gatinois Guy Laflamme a dit à qui voulait bien l’entendre qu’il allait prendre une retraite définitive.


Après avoir galvanisé la Ville d’Ottawa il y a quatre ans en créant et en organisant avec son équipe le Pique-nique sur le pont, le Dîner entre ciel et terre, le Red Bull Crashed Ice, Kontinuum, la visite de La Machine et des Mosaïcultures et tant d’autres activités et événements aussi originaux les uns que les autres, Guy Laflamme, alors âgé de 57 ans, a déclaré au Droit qu’il allait devenir «le gars le plus paresseux sur cette Terre» en s’éclipsant dans sa maison aux Îles-de-la-Madeleine pour vivre pleinement sa retraite.

Certains l’ont cru. Mais ceux qui le connaissent un peu mieux ont ri. Ce même rire que lorsque Dominique Michel répétait chaque année qu’elle en était à son dernier Bye Bye.



Guy Laflamme est d’une énergie contagieuse et d’une imagination sans borne. Il est un «lapin Energizer», il ne peut tout simplement pas s’arrêter.

Sa retraite aux Îles? Elle a duré un mois et demi. Quarante-cinq jours. C’est tout.

La semaine dernière, on apprenait que Guy Laflamme venait d’être nommé au poste de directeur général, Europe et Moyen-Orient, pour le studio de divertissement multimédia, Moment Factory. Cette entreprise de 350 employés est située à Montréal et possède également des bureaux à Tokyo, à Paris, à New York et à Singapour. Depuis ses débuts, en 2001, Moment Factory a créé plus de 450 projets uniques dans le monde, et ses clients incluent entre autres Disney, Arcade Fire, Microsoft, Sony, Madonna, les studios Universal et Céline Dion.

Guy Laflamme s’est joint à cette équipe le 2 décembre dernier. Le Droit l’a joint cette semaine à son bureau à Paris.



Guy Laflamme, à l'époque où il était directeur général d'Ottawa (2017).

Le Droit: Alors? Comment va la retraite aux Îles-de-la-Madeleine?

Guy Laflamme: (Rires). Je ne voulais pas être menteur, mais disons que j’ai complètement raté la coche quand j’ai dit que je prenais ma retraite. Je suis venu en France dès 2018 pour donner un coup de main à l’équipe de La Machine, à Toulouse. Finalement, j’ai décidé de rester à Toulouse tout en faisant l’aller-retour au Canada pour voir mes deux fils. J’ai ensuite accepté un contrat avec l’Université d’Ottawa pour faire le lien entre l’École de gestion Telfer et les écoles de commerce qu’on a à travers l’Europe. Puis je me suis fait embarquer pour donner des cours en événementiel au Toulouse Business School. Alors en fin de compte, j’ai dû vendre ma maison aux Îles-de-la-Madeleine. Ça m’a brisé le cœur, mais j’ai dû faire une croix là-dessus. L’Île-de-France est devenue mon île, et je me retrouve maintenant à Paris.

LD: À Paris à titre de directeur général, Europe et Moyen-Orient, pour Moment Factory. Comment tout ça s’est développé?

GL: Il y a deux mois, j’ai reçu un appel d’Éric Fournier, l’un des cofondateurs (et producteur exécutif) de Moment Factory. Je croyais qu’il m’appelait pour un suivi sur les shows de Moment Factory que j’avais vus en Europe. C’est là qu’il a largué la bombe qui a complètement changé ma vie et mes plans d’avenir. C’était une offre que je ne pouvais pas refuser. C’est un rêve et une opportunité pour moi de travailler en Europe avec l’une des boîtes les plus créatives du Québec. Je suis maintenant installé à Paris et je me suis engagé pour un contrat d’au moins trois ans. Mais je ne ferai pas de prédiction sur ce qui adviendra dans trois ans, j’ai appris ma leçon. (Rires). Je ne peux pas me faire confiance sur ce plan-là. Ici, je suis responsable de notre équipe à Paris (30 employés) et des nombreux projets que nous avons en Europe. Et on espère se positionner pour les Jeux olympiques de Paris (en 2024) comme Moment Factory a pu le faire lors de la cérémonie de clôture des Jeux de Tokyo. Alors, je suis très heureux de travailler en France, c’est un rêve que j’avais depuis longtemps. Mais c’est surtout le thrill de pouvoir travailler avec les personnes les plus brillantes que j’ai croisées dans ma carrière. C’est incroyable à quel point ils (Moment Factory) ont réussi à mettre la main sur les personnes les plus créatives et talentueuses dans tous les domaines. C’est un rêve de pouvoir travailler avec ces gens-là. C’est grisant.

LD: En quittant Ottawa en 2017, vous avez souhaité que plusieurs événements que vous et votre équipe avez organisés lors des célébrations du 150e de la Confédération soient repris et répétés dans les années à venir. Mais pratiquement aucun de ces événements n’a été repris depuis. Ça vous déçoit?

GL: C’est malheureux. Il y avait plein de pistes établies et des discussions qui se sont poursuivies avec les gens de Red Bull, de La Machine et du Dîner entre ciel et terre. Mais malheureusement, la pandémie est arrivée. Tourisme Ottawa avait investi et donné des contrats pour faire progresser ces dossiers-là. Il y avait plein de pistes intéressantes. Mais avec la foutue pandémie, tout a été mis en veilleuse. Et maintenant, il y a d’énormes défis financiers. Mais, je sais que plusieurs de ces dossiers sont encore dans les plans de Tourisme Ottawa. Et je garde espoir qu’ils seront relancés lorsque les choses reviendront à la normale. À Ottawa 2017, on a été super audacieux et on a réussi à amener les gens à réaliser que prendre des risques et faire des choses qui sortent de la tradition peut fonctionner et rapporter. Je pense entre autres au succès de la tyrolienne (Interzip Rogers) de l’agence Orkestra. Je pense qu’Ottawa 2017 a pu faciliter la mise en place d’un projet comme celui-là.



LD: Et la retraite, on n’en parle plus?

GL: (Rires). Arrêter de travailler est plus difficile que je le croyais. Et la vie nous offre parfois des chances qu’on ne peut pas refuser. Comme la chance de pouvoir contribuer au rayonnement du Québec et au rayonnement de la culture québécoise et canadienne à travers l’Europe, tout en pouvant contribuer à la croissance de cette incroyable entreprise qu’est Moment Factory. Je dis merci à mon ami Éric Fournier de m’avoir fait confiance. C’est grâce à lui si je me retrouve dans cette belle aventure.