Qui n’aime pas le temps des Fêtes, cette merveilleuse période de l’année où on dépense à l’extrême, où on croule sous la pression de trouver le cadeau parfait et où on érige nos dépotoirs plus haut que l’Everest. Quand on pense à Noël, les premières images qui viennent en tête ne sont plus la famille et le partage, ce sont les achats. Désormais, l’esprit de Noël se résume en ces trois mots : dépenser, impressionner et recevoir.
Malgré tous ces reproches, Noël reste, pour la majorité d’entre nous, une des plus belles journées du calendrier. Je dois avouer que, quand je vois tomber les premiers flocons de l’hiver, c’est comme si les miracles devenaient soudainement possibles. À cet instant, il se crée une sorte de bonheur magique que je ne peux m’empêcher de transmettre. Honnêtement, j’adore cette fête autant que je déteste la surconsommation.
Malheureusement, il semblerait que les grandes compagnies se soient approprié cette tradition d’origine religieuse et en ont fait une vulgaire technique de marketing. Pour elles, tout n’est que prétexte pour nous faire dépenser plus et nous influencer davantage avec les publicités. Elles n’éprouvent aucun remords à nous charger trop cher des bonheurs factices. En fait, les grandes entreprises se préoccupent autant de vous et moi que des travailleurs qu’elles exploitent en Chine.
Nous savons tous que décembre est un mois de surconsommation et de gaspillage excessif. Nous savons tous que le consumérisme hivernal aggrave les crises de notre planète malade tout en l’égorgeant de ses ressources. Cependant, combien d’entre nous savent qu’il n’est pas nécessaire de dilapider ses richesses et celles de notre terre pour passer un temps des Fêtes magique?
Au contraire, la folie du magasinage festif ne fait que nous causer du stress et de l’endettement inutiles. Pire encore, nos achats de Noël poussent notre planète à la faillite, et pourtant nous fermons les yeux comme si le réchauffement climatique avait disparu par magie, parce que c’est Noël. Nous agissons comme si détruire l’avenir des générations futures était le seul moyen d’offrir des cadeaux valables, mais est-ce vraiment le cas?
Ce que je ne comprends pas, c’est pourquoi une si jolie fête doit être aussi laide envers la nature, surtout que la véritable beauté de cette tradition repose moins dans les objets que nous nous échangeons que dans l’amour que nous nous partageons. Il est évident pour moi que la valeur d’un lien social ne peut pas se mesurer par la valeur des présents offerts, car ce qui crée réellement la valeur d’une relation, c’est le temps passé ensemble, c’est la complicité mûrie par les années, c’est le soutien offert lors des mauvaises passes, c’est une infinité de détails qui, contrairement à l’argent, ne peuvent se compter.
Selon moi, plutôt que de venir des étalages d’une grande compagnie, les meilleurs témoignages d’affection devraient être ceux qui viennent du cœur. Je trouve cela tellement dommage que le fait-maison soit considéré comme médiocre simplement en raison de sa faible valeur monétaire, alors qu’en fait, il n’y a pas plus belle preuve d’amour que prendre le temps de fabriquer quelque chose à l’image de l’autre.
Heureusement, je ne suis pas la seule à penser ainsi. Lors d’un récent sondage réalisé auprès de 2014 Canadiens pour le compte des Comptables professionnels agréés du Canada (CPA), 43% des répondants ont affirmé avoir l’intention d’offrir, cette année, un cadeau non traditionnel, c’est-à-dire un cadeau qui ne vient pas directement d’une vente en magasin, d’une transaction en ligne ou de tout autre type d’échange commercial. Comme moi, de plus en plus de personnes ont compris qu’il est temps d’innover nos traditions pour le bien-être de notre planète si nous voulons que les générations futures aient la chance de fêter Noël dans un environnement agréable.
Aussi, pourquoi donner à un être cher quelque chose qu’il pourrait se procurer en quelques clics quand on peut lui offrir un présent unique et personnalisé que même un million de dollars ne pourraient acheter? Au final, lorsqu’il est réalisé avec soin et amour, le fait à la main peut valoir très cher aux yeux du receveur. En effet, la rareté, de même que tout l’amour qui se dégage de cette forme de don, en fait une des preuves d’amour les plus belles et les plus sincères qui soient.
Mieux encore, ce type de cadeau permet aussi de briser certaines tensions liées aux écarts de revenus lorsque les personnes aux revenus plus modestes ressentent une pression de dépenser autant que leurs proches plus fortunés. De plus, cela permet de créer un certain sentiment de fierté chez le donneur, ainsi que de protéger notre précieuse planète. Que de bonnes raisons d’opter pour le fait-maison au lieu des traditionnelles cartes-cadeaux.
Cette année, usons de notre créativité, ou de notre accès à Internet, pour trouver les meilleures idées parmi l’infini des possibilités. Nul besoin de posséder des compétences extraordinaires pour faire des créations exceptionnelles. Il suffit de suivre les étapes d’un tutoriel et vous voilà avec un magnifique album photo, ou de délicieuses recettes en pot, ou de jolis vêtements personnalisés, ou de superbes cosmétiques naturels, ou peu importe ce que votre cœur vous dira de façonner.
Si toutefois vous détenez des habiletés particulières dans n’importe quel domaine, n’hésitez pas à vous en servir pour agrémenter votre présent d’une touche personnelle éclatante. Par exemple, avec des talents artistiques en dessin, en écriture ou en photographie, vous pourriez immortaliser de façon spéciale une histoire vécue ou exprimer artistiquement votre gratitude envers vos proches. Avec des talents manuels, vous pourriez fabriquer un cadre gravé ou offrir des rénovations gratuites. Avec des talents culinaires, vous pourriez créer une nouvelle saveur de biscuit à son nom et écrire la recette à la main. Bref, votre seule limite est celle de votre imagination.
En plus, les possibilités quant aux alternatives écologiques vont plus loin que juste le fait-maison. Par exemple, nous pourrions donner des objets usagés ou, encore, offrir des expériences plutôt que des biens matériels. À mon avis, cette dernière option représente un choix particulièrement gratifiant non seulement en raison de sa faible empreinte environnementale, mais aussi en raison des merveilleux souvenirs qu’elle crée en nous.
C’est un fait, il n’y a rien d’aussi mémorable et d’aussi rassembleur que de passer du temps de qualité avec ceux que nous aimons. Les chercheurs Leaf Van Boven et Thomas Gilovich, venant respectivement de l’Université du Colorado et de l’Université Cornell, l’ont démontré au cours de plus d’une recherche: les beaux événements ont tendance à nous rendre plus heureux que les beaux objets.
Quand on y pense, c’est tout à fait logique: ce qui forge notre personnalité et solidifie nos relations sociales, ce sont les expériences que nous vivons et non pas les commodités que nous entassons dans le placard. Alors, pourquoi engendrer une tonne de déchets quand générer de précieux souvenirs se révèle bien plus agréable autant pour le receveur que pour l’environnement?
Cela est sans compter les possibles bénéfices supplémentaires propres au cadeau choisi, comme le fait de promouvoir la culture d’ici en achetant des billets de spectacle ou en participant à un festival, ou le fait d’encourager l’activité sportive en organisant des journées de plein air. Si ces idées ne vous conviennent pas, en voici quelques autres parmi la foule d’idées qu’on peut retrouver sur internet: pique-nique, soirée meurtre et mystère, jeux d’évasion, leçons particulières, organisation d’une soirée ludique, etc.
Pour moi, offrir des cadeaux écoresponsables, c’est aussi offrir aux générations futures l’espoir d’un avenir prospère et verdoyant. Il est important de profiter de cette joyeuse occasion pour répandre du bien et de la joie plutôt que de répandre des déchets et de la pollution. Je crois que c’est ça le vrai esprit de Noël : donner de l’amour et du bonheur à tous les membres de notre famille, particulièrement aux jeunes, dont le futur est menacé par une crise sans précédente.
Bien sûr, malgré une prise de conscience progressive, la commercialisation des Fêtes demeure encore omniprésente dans notre société. Toutefois, je suis convaincue que plus nous saisirons l’ampleur des répercussions de nos achats, moins nous serons enjoués à l’idée de contribuer à cet engouement destructeur.
J’ose espérer qu’un jour, nous comprendrons au plus profond de nous-mêmes que nos propres emplettes sont responsables d’accroître la puissance meurtrière des ouragans et des feux de forêt en plus de contribuer à l’assèchement irréversible de nos terres et de nos rivières, et que ce jour sera celui où nous déciderons une bonne fois pour toutes de minimiser toutes nos pratiques écologiquement inacceptables. Notre planète est plus précieuse que n’importe lequel des présents, nous devons y faire attention.
Sur ce, je vous souhaite à tous un joyeux Noël et une bonne année!