Cette 28e édition avait pour objectif de récompenser les réussites artistiques trifluviennes de 2020. La soirée, résolument protocolaire, était animée par Marie-Andrée Leduc, mais très agréablement soutenue par le pianiste trifluvien Jessee Pépin.
Voici donc la liste des lauréats de 2021 des Grands prix culturels de Trois-Rivières.
Le Prix de littérature Gérald-Godin a été octroyé à Samuel Sénéchal pour son roman d’autofiction intitulé Ruptures.
Le Prix des arts visuels Stelio-Sole revient à Josette Villeneuve pour son exposition Ligne de flottaison présentée au Centre d’exposition Raymond-Lasnier.
Le Prix des arts de la scène Louis-Philippe-Poisson a été décerné au Théâtre des Nouveaux Compagnons pour leur série de vidéos intitulée Personnages confinés.
Le Prix du patrimoine Benjamin-Sulte a été remporté par François de Lagrave pour le livre Pointe-du-Lac, Tome 2: 1988-2018.
C’est Laurence B. Lemaire qui a reçu le Prix des arts médiatiques pour récompenser le moyen métrage documentaire Le mur invisible qu’elle a réalisé.
Pour ce qui est du Prix de la relève Godro, il revient cette année à Gab More pour l’exposition ARTCH art contemporain émergent 3e édition.
L’École secondaire Chavigny a mérité le Prix de l’Initiative éducation-culture pour le projet Les jeunes artistes: galerie d’art virtuelle pour l’ensemble des adolescents du Québec.
Le Prix Coup de cœur du jury revient à la caravane philanthrope pour ses Spectacles en confinement.
Pour ce qui est du Prix Arts-Affaires, il a été octroyé à l’hôtel Oui-Go!
C’est, par ailleurs, la Biennale nationale de sculpture contemporaine de Trois-Rivières qui se mérite cette année le Prix Trois-Rivières sans frontière.
Finalement, le Grand Prix de la culture a été décerné au peintre Marcel Dargis.
Il est à noter que des bourses de 2500 $ accompagnent chaque prix, sauf pour le Prix Arts-Affaires qui vient plutôt avec une œuvre réalisée par l’artiste visuel Jérémie Deschamps-Bussières qui avait remporté le Prix Stelio-Sole lors de la présentation des Grands Prix culturels en 2020. Pour ce qui est du Prix Coup de cœur du jury, il s’agrémente d’une récompense non moins intéressante, soit la chance que le récipiendaire a eu de se produire pendant le gala de remise des Prix avec le cachet inhérent. Globalement, c’est 22 500 $ qui ont été remis à des artistes trifluviens dans le cadre de cette initiative annuelle.
La soirée n’a offert qu’un seul numéro artistique, mais celui-ci était spectaculaire et avait le mérite de sortir des ornières convenues pour ce genre d’évènement. Il s’agissait d ‘un numéro circassien de roue allemande offert par Julia Perron qui rayonnait de bien assez de poésie visuelle pour être considéré à plein titre comme de l’art.
On retient des nombreuses allocutions certains passages. Jean Lamarche qui dit sa fierté extrême d’être le maire de la ville de Gérald Godin, Pauline Julien et Rita Lafontaine. La simplicité de Samuel Sénéchal qui, dans ses mots de remerciements, a indiqué que son livre n’est pas vendu en librairies et qu’il en a jusqu’ici écoulé 42 copies. «Ce n’est même pas une joke. Peut-être qu’un honneur comme celui-ci pourrait m’amener à doubler mes ventes.»
On repense aussi à l’hommage bien senti de Yannick Gendron à son mentor François de Lagrave qui n’aura pas vécu suffisamment longtemps pour recevoir lui-même son Prix Benjamin-Sulte. Ou encore les remerciements de Josette Villeneuve soudainement interrompus par des larmes de joie. Et puis à l’aplomb tout aussi touchant de Mégann Tremblay qui est venue recevoir le Grand Prix de la culture pour son grand-père Marcel Dargis absent parce que son âge avancé lui dictait la plus grande des prudences devant les risques de la COVID.
Laurence B. Lemaire a commenté avec une belle émotion le prix remporté par son film documentaire portant sur la réconciliation avec les nations autochtones. «Une reconnaissance de la sorte de la part du milieu culturel trifluvien, c ‘est très touchant et une grande tape dans le dos. Je suis vraiment reconnaissante. Je pense que le film contribue à sa façon à faire traverser le mur invisible entre nous et les gens des Premières Nations, mais c’est un long processus. À petite échelle, on a créé une alliance et franchi ce mur de préjugés qui est trop souvent un obstacle. On a créé un dialogue de cœur à cœur et je pense que c’est ce dont on a besoin pour dépasser les préjugés.»
La soirée de remise a aussi mis la lumière sur une autre initiative culturelle qui en est surtout une de fraternité et d’amour: la caravane philanthrope dont a fait partie le clown humanitaire bien connu, Guillaume Vermette. «Je pense que le Prix Coup de cœur est le meilleur prix qu’on pouvait recevoir, a-t-il commenté. On est un organisme humanitaire, solidaire, communautaire, thérapeutique, mais qui utilise l’art comme levier d’intervention. On n’entre jamais parfaitement dans les catégories de prix comme celles-ci, mais on dirait que le Coup de cœur est fait sur mesure pour nous. On travaille avec notre cœur pour toucher celui des gens alors il n’y a pas d’autre prix qu’on aurait apprécié davantage.»
«Il reste que nous sommes des artistes avant tout, mais quand tu fais de l’humanitaire, ça fait rarement les œuvres les plus léchées, les plus performantes parce que le contexte dans lequel on travaille ne le permet pas. Ça ne fait pas les meilleures oeuvres, mais peut-être celles qui ont le plus de cœur. C’est notre mission et que ce soit reconnu de la sorte, ça a plus de sens que n’importe quel autre prix.»