«Ça a commencé comme un ‘’trip’’ entre chums, on voulait faire une aventure ensemble. Je voulais avoir des contacts de mes confrères autochtones dans le nord, si je voulais visiter leur coin. Je suis tombé sur les bonnes personnes qui ont une bonne expérience et qui connaissent leur territoire, mais rapidement, c’est devenu un projet commun», explique l’organisateur du projet, Christian Flamand, un Atikamekw originaire de Manawan.
Au fil des échanges et des nouveaux partenariats, ce qui devait être une escapade entre amis s’est donc transformé en un projet beaucoup plus rassembleur, mais aussi porteur d’un projet: celui de la réconciliation.
«Ça donne l’occasion de rallumer le feu sacré. C’est important que les nations autochtones puissent commencer à se réconcilier mutuellement dans tout le territoire. C’est quelque chose qui s’est perdu au fil du temps et on veut toucher à toutes les strates de la société, des plus vieux aux plus jeunes», souligne M. Flamand.
Les «gardiennes» de ce «feu sacré» seront plusieurs femmes participantes à l’expédition, et qui proviennent de différentes nations autochtones (Atikamekw, Innue, Anishinabe, Crie, Naskapi, Mohawk et Inuit). Lors de la présentation de l’expédition, vendredi, la cheffe du Conseil de la nation Anishnabe de Lac-Simon, Adrienne Jérôme, a indiqué que la présence de ces femmes servira aussi à rappeler que nombre de femmes autochtones ont été assassinées ou ont disparu sans laisser de traces au fil des années.
«Cette expédition est née des hommes, mais elle est marquée par toutes ces femmes qui ont été enlevées ou qui ont disparu, par les enfants des pensionnats, mais aussi par ce qui est arrivé à Joyce Echaquan», a d’ailleurs déclaré Marlène Jérôme, une des deux sœurs de la cheffe Jérôme et qui participera à l’expédition.
Le veuf de Mme Echaquan, Carol Dubé, sera du nombre des participants, selon les organisateurs. L’arrivée de l’expédition de 18 jours sera d’ailleurs à Manawan, où vivait Mme Echaquan.
Le chef de l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador, Ghislain Picard, a abondé dans le même sens que Mme Simon.
«Chaque kilomètre va représenter un enfant dont on a découvert la tombe anonyme, chaque kilomètre va représenter une femme qui a été victime de violence», a-t-il souligné.
Le chef Picard a par ailleurs qualifié l’expédition comme étant «sans précédent». À sa connaissance, c’est la première fois qu’une initiative de la sorte voit le jour dans le but de renforcer la solidarité entre les nations autochtones présentes au Québec.
Bien que le projet incarne désormais beaucoup plus qu’une simple aventure en motoneige, Christian Flamand se défend de vouloir faire de la politique de cette façon.
«On veut vraiment mettre l’aspect humain au premier plan. Le feu qu’on va allumer chaque soir est très symbolique: on sait que peu importe nos origines, quand on fait un feu, c’est quelque chose qui rassemble», mentionne-t-il.
Dans chacune des 12 communautés visitées, les membres de l’expédition participeront à un mokocan, un festin où chaque convive apporte sa contribution. Ce sera l’occasion, indique-t-on, de raffermir les liens entre les communautés hôtes et les invités.
L’expédition devrait débuter le 16 février 2022, sur le territoire innu de Maliotenam. Si tout se passe comme prévu, les participants devraient arriver 18 jours plus tard à Manawan, parcourant chaque jour environ 250 km. Ils seront accompagnés d’une équipe de tournage de TVA Sport, qui documentera leur parcours, ainsi que d’une équipe de soutien, qui veillera au bon état et à l’entretien des motoneiges. Enfin, quelques Rangers des Forces armées canadiennes accompagneront le groupe pour veiller à sa sécurité.
Christian Flamand invite la population à suivre en direct la progression de l’événement via son site web ou sur sa page Facebook, Expedition First Nations.