300 organismes communautaires réclament 30 M$

Quelque 300 organismes communautaires étaient représentés lors de cette manifestation.

Pas moins de 4000 organismes communautaires ont fermé leurs portes au Québec, lundi, dans le cadre d’une première journée de manifestation visant à réclamer un accroissement de 460 M$ de leur financement ainsi qu’une indexation de leurs subventions de 3,25% par année, le tout, dans le but de pouvoir continuer à s’acquitter adéquatement de leur mission.


En Mauricie et au Centre-du-Québec, environ 300 organismes communautaires ont demandé, lundi, quelque 30 M$ à Québec. Les organismes ont pris part à une mobilisation qui s’est terminée devant les bureaux du ministre Jean Boulet, au centre-ville de Trois-Rivières.

Arrivé à son bureau quelques minutes avant les manifestants, le ministre a indiqué aux organisateurs qui attendaient le cortège de déléguer un ou deux représentants pour aller le rencontrer après la manifestation. Chaque participant portait sur lui un cœur en papier et tous ces cœurs ont été remis à titre symbolique au ministre, lundi après-midi.



Voilà des années que le milieu communautaire, qui comprend 60 000 travailleurs et 425 000 bénévoles au Québec, réclame une juste reconnaissance sans vraiment être entendu.

Vanessa Martina, coordonnatrice de la maison de jeunes Action jeunesse, dans le secteur Adélard-Dugré, raconte toute la difficulté qu’elle a à recruter du personnel puisqu’elle ne peut offrir que 14,50$ l’heure à ses intervenants pourtant diplômés au baccalauréat, voire à la maîtrise en psychoéducation, travail social ou éducation spécialisée.

Mme Martina reconnaît que le recrutement est très difficile et occasionne parfois des bris de service. «C’est un cercle vicieux sans fin», explique-t-elle. Or, l’organisme accueille des adolescents, parfois en crise. Depuis le début de la pandémie, on le sait, les jeunes vivent beaucoup de détresse psychologique. C’est pourquoi un organisme comme la maison de jeunes joue un rôle capital, estime Mme Martina.

«Au début de la pandémie, on était considérés comme des héros», rappelle la responsable des communications à la TROC CQM, Virginie Rainville. Lors de l’adoption du dernier budget du gouvernement Legault, toutefois, la déception a été grande, car les sous demandés n’étaient pas au rendez-vous, dit-elle.



Cette dernière rappelle que les organismes communautaires sont indispensables, car ils offrent des services à la population en matière de défense des droits, de famille, pour la cause des femmes, en santé et services sociaux, immigration et éducation pour ne citer que quelques exemples.

La mobilisation organisée en Mauricie par la Table régionale des organismes communautaires du Centre-du-Québec et de la Mauricie et le Comité de coordination régionale de la campagne Engagez-vous pour le communautaire, demande aussi au gouvernement du Québec qu’il respecte l’autonomie des organismes tout en maintenant une justice sociale, notamment en réinvestissant dans les services publics et les programmes sociaux.

Les organismes communautaires expliquent qu’ils sont à bout de souffle et disent endurer depuis trop longtemps le sous-financement de leurs activités. Malgré la crise sanitaire et la dégradation du filet social causée par des années d’austérité, ils doivent faire face, rappellent-ils, aux besoins croissants de la population, en particulier depuis l’arrivée de la pandémie. «Des organismes 12-17, il n’y en a pas des masses. Nous sommes les seuls organismes jeunesse, en Mauricie, qui ont assuré un continuum pour nos adolescents pendant la crise. Le minimum serait de reconnaître ça», plaide Mme Martina.

Pierre Blanchet du Groupement pour la défense des droits sociaux, explique que le sous-financement des organismes communautaires se traduit, de son côté, par le fait «qu’on n’a pas assez de monde pour répondre aux besoins des gens, faire connaître leurs droits et même faire savoir qu’on existe», dit-il.

L’organisme vient principalement en aide aux prestataires de l’aide sociale qui sont au nombre de 4000 à 6000 à Trois-Rivières. Le nombre d’employés de l’organisme est de deux pour tout ce monde, alors qu’ils devraient être quatre pour répondre à la demande. L’organisme essaie de se faire connaître en se rendant dans les banques d’aide alimentaire et «huit personnes sur dix à qui l’on parle ne sont pas au courant que l’on existe», se désole M. Blanchet.

Pierre Blanchet précise que son organisme a manifesté aussi, lundi, parce qu’il estime que les prestations d’aide sociale sont nettement insuffisantes. Son organisme croit que les prestations d’aide sociale devraient couvrir les besoins essentiels, ce qui n’est présentement pas le cas du tout, dit-il. Et la situation risque d’être encore pire avec l’augmentation du coût de la vie qui a été récemment annoncée. «Est-ce que la prestation d’aide sociale va suivre ça? Il y a un écart qui se creuse d’année en année», souligne-t-il.



«On ne veut pas se faire dire qu’un dollar investi dans le réseau communautaire équivaut à plusieurs dollars investis dans le réseau public», a déclaré à la foule de manifestants Joanne Blais, directrice de la Table de concertation du mouvement des femmes de la Mauricie. «Les groupes communautaires ont fait leurs preuves depuis plus de 50 ans pour contribuer à une société québécoise plus juste et plus inclusive», a-t-elle rappelé. «Il faut un financement adéquat et récurrent», dit-elle.

«Aujourd’hui, c’est une première étape», a fait savoir Mme Blais. «Le gouvernement du Québec doit respecter ses engagements.»