Est-ce que les Browns ont ce qu'il faut?

Le quart-arrière Baker Mayfield (6) en compagnie du joueur de ligne Jedrik Wills Jr. et l’ailier rapproché Austin Hooper (81).

CHRONIQUE / Il y a quelques années, voir les Browns de Cleveland avec une fiche de 4-3 après sept matchs aurait été un pas dans la bonne direction. En 2021 cependant, année où la formation de l’Ohio vise les grands honneurs, c’est assurément un brin inquiétant.


Lorsqu’ils ont été éliminés par les Chiefs de Kansas City l’an passé, les Browns de Cleveland semblaient avoir le vent dans les voiles. Ils venaient de connaître une saison de 11-5 et ils avaient perdu dans les derniers instants du match face aux champions en titre au second tour éliminatoire. La direction de l’équipe a alors fait des ajouts importants afin de resserrer la défensive et ainsi se positionner parmi les principaux favoris pour la conquête du Super Bowl. Cependant, après sept rencontres, la troupe de l’entraîneur-chef Kevin Stefanski, sacré instructeur de l’année pour la campagne 2020, connaît sa part de difficultés.

En ne regardant que les statistiques défensives d’un point de vue global, il serait facile de dire que cette unité a une saison à la hauteur des attentes. Après tout elle n’accorde que 295 verges d’attaque à ses adversaires, ce qui lui vaut le 2e rang derrière les coriaces Bills de Buffalo. C’est cependant une donnée faussée. Pourquoi? Parce que les représentants C-Town ont dominé Justin Fields et les Bears de Chicago à la troisième semaine d’activités et qu’ils les ont limités à 47 verges d’attaque uniquement. Ils ont ensuite profité de la faiblesse des Texans de Houston et des Vikings du Minnesota pour gagner 31-21 et 14-7 respectivement. Une victoire est une victoire dans la NFL, mais il ne faut pas négliger le fait que ces trois clubs sont loin d’être des aspirants au titre, disons-le ainsi. De son côté, le match de jeudi contre des Broncos de Denver à la dérive, remporté de justesse 17 à 14, demeure difficile à analyser tellement les deux équipes sont décimées par les blessures.



Contre les Chiefs de Kansas City (Patrick Mahomes II), les Chargers de Los Angeles (Justin Herbert) et les Cardinals de l’Arizona (Kyler Murray), trois formations avec des attaques explosives et qui peuvent légitimement se qualifier en éliminatoires, les Browns ont été incapables de trouver une quelconque réponse en défensive pour les arrêter. Ils ont concédé 33, 47 et 37 points ainsi que 397, 493 et 352 verges à leurs opposants.

C’est donc très inquiétant, car il s’agit du genre d’équipes que Cleveland devra absolument affronter pour se rendre loin en éliminatoires et, visiblement, elle ne semble pas avoir les ressources nécessaires pour les neutraliser. Cela fait en sorte que les Browns doivent se mettre en mode rattrapage et faire plus de passes. En sachant que cette équipe en est une qui repose sur le temps de possession et la course, ça ne peut pas fonctionner.

Oui, la troupe doit composer avec plusieurs joueurs blessés en ce moment, comme plusieurs autres équipes, mais il y a de sérieux ajustements à apporter. Des éléments clés comme le demi de coin Denzel Ward ainsi que les ailiers défensifs Myles Garrett et Jadeveon Clowney devront absolument rehausser leur niveau de jeu en défensive pour que le tout s’oriente vers la bonne direction lorsque Cleveland affronte des grosses pointures.

Le reste du calendrier offrira sa part de solides tests. En effet, les Browns devront croiser la route des Ravens de Baltimore (2 fois), des surprenants Bengals de Cincinnati (2 fois), des Patriots de la Nouvelle-Angleterre ou encore des Packers de Green Bay. Avec leur début de saison en dents de scie, ils n’auront pas le loisir d’en échapper plusieurs s’ils espèrent entrer en éliminatoires. La lutte est excessivement serrée dans l’association Américaine de la NFL et chaque erreur de parcours peut s’avérer fort coûteuse.



Mayfield meilleur sans OBJ?

Jusqu’ici, par chance, l’attaque, lorsqu’en santé, fonctionne bien avec une moyenne de 25 points par rencontre. Le jeu au sol, mené par leur ligne à l’attaque ainsi que les excellents porteurs de ballon Nick Chubb et Kareem Hunt (les deux sont présentement blessés), est très difficile à contenir. Ça fait partie de l’identité des Browns et ils maîtrisent cet élément à merveille. Du côté aérien, le quart-arrière Baker Mayfield, absent jeudi face aux Broncos de Denver, ne sera probablement jamais un membre du Temple de la renommée du football, mais il est en mesure de faire un boulot potable. En six sorties cette année, il présente 1474 verges par la passe, six touchés et trois interceptions. Des chiffres qui le placent dans la moyenne basse de la NFL.

Il faut dire que le fait qu’une grande partie des piliers offensifs soit confinée à l’infirmerie est nuisible. Les porteurs sont essentiels chez les Browns tandis que le receveur Jarvis Landry, absent pendant quatre semaines, a grandement manqué à Mayfield. Landry est celui vers qui le pivot des Browns se tourne lorsqu’il a besoin de gros attrapés. C’est son homme de confiance.

Certains diront qu’à défaut d’avoir Landry, le quart-arrière de Cleveland peut toujours s’en remettre au fameux Odell Beckham Jr, mais ce n’est pas aussi simple que cela. Aussi invraisemblable que cela puisse paraître, Mayfield semble plus à l’aise quand cette vedette n’est pas sur le terrain.

Le receveur Odell Beckham Jr.

Pour preuve, depuis l’arrivée de celui que l’on surnomme OBJ en 2019, il y a eu 39 matchs disputés. Du lot, en raison de blessures, il a été forcé de rater 12 de ces parties. Pendant ces rencontres, Mayfield a été en mesure de présenter une moyenne de 250,2 verges aériennes, 1,42 touché et 0,33 interception. À l’opposé, avec OBJ dans l’alignement, les statistiques de Mayfield apparaissent défavorables avec 225,5 verges, 1,42 et 1,1 interception par partie. En se fiant à cette comparaison, il est possible de conclure que Mayfield n’est pas à son meilleur niveau avec le receveur étoile à ses côtés. Il ne le dira jamais publiquement, mais peut-être sent-il l’obligation de lancer plus souvent en direction de Beckham? Malgré les attentes, il est clair que les deux n’ont jamais développé une exquise symbiose digne des meilleurs duos offensifs.

OBJ demeure un athlète avec un talent immense, mais Cleveland doit garder en tête que de forcer le jeu pour lui envoyer le ballon n’est pas dans l’intérêt de Mayfield. À l’instar de son quart-arrière, il est désormais un complément en attaque pour s’assurer de maintenir la défensive honnête contre la passe tandis que le jeu terrestre impose sa volonté. C’est comme ça, et avec une défensive solide, que les Browns auront le succès attendu.

Il faudra également que tout ce beau monde demeure en santé, mais ça, c’est plus facile à dire qu’à faire, évidemment.