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Élections municipales cherchent candidats

À peine une poignée de candidats s’annoncent en vue des élections municipales de novembre.

CHRONIQUE / Pendant que tous les yeux sont tournés vers la campagne électorale fédérale qui s’achèvera ce lundi, une autre campagne, celle-là municipale, devrait à ce moment-ci générer beaucoup plus d’engouement qu’elle ne le fait. À 48 heures de l’ouverture officielle des mises en candidature aux élections municipales, bien peu de gens ont à ce jour manifesté leur intérêt pour les différents postes de conseillers municipaux à Trois-Rivières. Rien pour apaiser le débat entourant le traitement des élus municipaux et la valorisation de cette fonction pourtant essentielle.


Sur le site d’Élections Québec, en date de mardi, à peine 19 candidats avaient confirmé leur intention d’être candidat pour l’un ou l’autre des postes dans les 14 districts électoraux de Trois-Rivières. Trois autres candidatures récemment confirmées dans les médias et sur le point d’être déposées feraient grimper ce tableau à 22 candidats. C'est moins du tiers des candidatures enregistrées aux élections de 2013.

Par ailleurs, le parti Action civique de Trois-Rivières confirme également qu’il présentera très bientôt des candidats dans au moins cinq districts. Outre celui des Carrefours où se présente le chef Jean-Claude Ayotte, on retrouvera des candidats dans les districts Des Forges, de la Madeleine, Châteaudun et Chavigny. Le parti compte annoncer l’identité des candidats sous peu.

Ce qui veut dire qu’en date de mardi, trois districts pourraient se diriger vers une élection par acclamation, un couronnement, si aucun autre candidat ne se manifeste d’ici la fin de la période des mises en candidature, le 1er octobre. Ces districts sont ceux des Estacades, Pointe-du-Lac et du Carmel. Bien sûr, tout peut changer en deux semaines, mais le temps commence à avancer drôlement vite pour quiconque souhaite pouvoir établir des bases solides pour une campagne sur le terrain. Même si les mises en candidature s’ouvrent ce vendredi, la plupart des candidats, à cette période de l’année, ont déjà fait connaître leurs intentions.

Ce constat a d’ailleurs fait bondir la conseillère municipale sortante du district Des Forges, Mariannick Mercure. Celle qui a déjà annoncé qu’elle ne comptait pas se représenter s’est permis un coup de gueule sur les réseaux sociaux mardi.

«Toutes ces personnes militantes et environnementalistes qui sont venues brandir leurs pancartes pour dénoncer l’inaction politique. Où sont-elles? Les 4000 manifestant(e)s de septembre 2019, la manif sans précédent pour lutter contre les changements climatiques là? Des vrais militants environnementaux, il n’y en a AUCUN sur les rangs actuellement. (...) Où sont ces centaines de citoyen(ne)s en colère après le conseil parce qu’on ne se donne pas les budgets suffisants pour sécuriser leurs quartiers? Ces citoyen(ne)s qui écrivent une lettre ouverte par semaine pour exprimer leur désaccord sur l’utilisation du BTI? Et tous ces nageurs qui veulent une nouvelle piscine? Je suis en tab*r$n&k après vous tous», a-t-elle écrit.

Mme Mercure encourage les potentiels candidats à faire connaître rapidement leurs intentions, ne serait-ce que pour permettre un véritable choix à la population. «Je ne vais pas vous dorer la pilule: c’est la job la plus dure que j’ai jamais faite. Mais devinez quoi: c’est aussi la plus le fun et la plus empowerante. Il vous reste un beau 2 semaines pour bouger vos fesses, ranger toutes les excuses que vous vous êtes fabriquées pour ne pas vous présenter, et déposer votre candidature. (...) Si vous avez le bien commun à cœur, cette job est faite pour vous», conclut-elle.

Ce que traduit le message de Mariannick Mercure, tout comme ce peu de candidatures manifestées à ce jour, c’est l’incarnation de ce que j’écrivais il y a plusieurs semaines déjà: un visible désintérêt pour la fonction d’élu municipal, un rôle pourtant essentiel au bon fonctionnement des collectivités.

Parlez-en au parti Action civique, qui peine à recruter des candidats, eux qui souhaitaient en présenter dans tous les districts. Pour le moment, ce sera cinq candidats. Des discussions se poursuivent durant les prochains jours... mais le temps file drôlement vite. Et il est déjà acquis que personne n’ira à la mairie.

La charge de travail d’un conseiller municipal en est maintenant une à temps plein, comme l’ont démontré maintes vérifications faites auprès des élus actuellement en poste, sans que le traitement salarial ait été majoré. Et pendant que certains plaident pour cette majoration, d’autres évoquent qu’il est temps de ramener le rôle de l’élu à un statut de temps partiel.

Alors d’un côté, on augmente le budget pour une juste rémunération qui attirerait des candidatures de qualité. De l’autre on diminue la charge de travail, au risque de ramener le rôle du conseiller municipal au statut de simple «rubber-stamper». Dans une ville de la taille de Trois-Rivières, ce n’est absolument pas souhaitable si l’on veut une véritable démocratie municipale.

À cela, a-t-on vraiment besoin de rappeler la difficulté toujours plus grandissante liée à la gestion des réseaux sociaux? Les commentaires qui fusent de toutes parts, les menaces et insultes auxquelles certains élus ont déjà été confrontés n’ont absolument rien pour donner envie à plusieurs de laisser de côté une carrière et d’aller servir le public dans ces conditions.

Le débat devra absolument se tenir, et idéalement en campagne électorale. Les candidats à la mairie n’auront pas le choix de se positionner sur le traitement et la valorisation du rôle de conseiller municipal, puisque ça dictera la dynamique du conseil municipal des quatre prochaines années. Mieux vaut savoir tout de suite où logent les candidats à la mairie sur cette question. Pour le moment, ils sont deux à avoir officialisé leurs intentions, soit Jean Lamarche et Valérie Renaud-Martin. En date de mardi, Pierre Côté promettait qu’il serait lui aussi sur les rangs, mais son avis d’intention n’a pas encore été déposé.

À moins d’un véritable tsunami de candidatures de dernière minute, on ne devrait pas atteindre le niveau quasi record de candidatures enregistrées lors de l’élection de 2013 avec 75 candidatures, soit six à la mairie et 69 dans les districts. Si c’était le cas, on compterait déjà plus de candidatures que ça. Jamais autant de personnes ne se bousculeront aux portes dans un délai si court.

Mais avec autant d’enjeux importants qui ont été traités, tant au niveau de la relance économique, de l’environnement, de la sécurité publique et routière, du financement des événements et des infrastructures municipales, verra-t-on les critiques entendues depuis les quatre dernières années se traduire par des candidatures qui plaident pour un changement?

C’est sain de proposer, de rêver, d’oser et d’en débattre. C’est même incontournable en démocratie.