Vivement une démocratie 2.0

Les politiciens comme Barack Obama ne sont pas légion...

OPINION / Force est d’admettre que l’adjectif démocratique n’a plus la connotation idyllique d’autrefois. Le temps est peut-être venu de concevoir une version 2.0 de ce système politique.


Premièrement, le concept même de la démocratie laisse perplexe. Il s’agit de donner le pouvoir au peuple de voter pour le candidat de son choix, donc de choisir en théorie le dirigeant qui défendra le mieux ses intérêts. Comme le citoyen moyen n’a pas les aptitudes requises pour diriger, le dirigeant proviendra forcément de l’élite sociale à moins d’être une marionnette au service de cette dernière (ex. Ronald Reagan). Le dirigeant est censé diriger pour servir la majorité qui l’a élu mais il est tentant pour lui de plutôt favoriser l’élite minoritaire dont il provient. En définitive, le peuple est condamné à faire confiance à un candidat qui n’est pas issu de son rang social et qui sera toujours potentiellement en position de conflit d’intérêts.

Les Barack Obama de ce monde sont plutôt rares, soit des politiciens aux origines modestes qui accèdent au pouvoir et s’efforcent de réellement servir la masse. D’aucuns objecteront avec pertinence que les seules bonnes intentions ne sont pas suffisantes en politique et que l’accès à l’establishment financier est nécessaire pour en arriver à vraiment faire bouger l’état. Or, encore une fois, cet accès restreint est réservé à l’élite.

Deuxièmement, souvent le peuple n’a souvent pas l’intelligence de déterminer quelles promesses électorales servent le mieux ses intérêts. Les politiciens le savent bien et agissent en conséquence. Les programmes politiques sont basés non pas sur les meilleures idées mais sur les idées les plus attrayantes. Or, tout ce qui brille n’est pas or. Par exemple, quand notre premier ministre Justin Trudeau a subventionné nos jeunes à se tourner les pouces durant la pandémie, il s’est certainement acheté des votes mais a lourdement endetté le pays tout en promouvant la fainéantise. En effet, il est toujours tentant pour un gouvernement élu aux quatre ans de «pelleter la neige par en avant», c’est-à-dire de choyer ses électeurs actuels en hypothéquant les générations futures. C’est pourquoi d’ailleurs l’environnement est en si piteux état.

En résumé, le système favorise l’élection des beaux parleurs et non des candidats avec le plus de contenu et le problème n’est pas près de se résorber. En effet, clientélisme universitaire oblige, les exigences académiques sont continuellement revues à la baisse, si bien que la tendance générale est à l’abrutissement du citoyen moyen. Les complotistes antivaccins nous en ont fait une démonstration éloquente durant la pandémie. Les médias sociaux favorisent d’ailleurs la crétinisation du discours public en donnant le micro au citoyen lambda qui autrefois avait l’humilité de se taire. Ainsi, l’électeur moyen ne saisit plus la complexité des enjeux technologiques et économiques modernes; il n’est donc pas qualifié pour choisir le candidat qui gouvernera. On s’étonnera ensuite que les Montréalais aient élu la souriante Valérie Plante qui n’a pas les compétences financières pour gérer une PME, donc encore moins l’économie d’une ville. Toutefois, mieux vaut encore élire une mairesse woke mais intègre qu’un président narcissique et pervers comme Donald Trump.

Troisièmement, une société démocratique est vulnérable face aux intérêts politiques marginaux. On pourrait croire a priori qu’un suffrage universel procure un poids proportionnel aux minorités idéologiques, mais dans les faits, la majorité ne peut qu’élire un candidat qui a d’abord survécu au très politiquement correct processus de mise en candidature. Or, des idéologies radicales, qu’elles soient d’extrême droite ou d’extrême gauche et bien que leurs protagonistes soient démographiquement marginaux, arrivent à noyauter les médias et ainsi à bloquer politiquement les candidats du gros bon sens pour qui la majorité aurait naturellement voté. Un autre effet pervers de cette manipulation médiatique est que les représentants de la majorité dite silencieuse finissent par croire que leur opinion est minoritaire.

À notre sens, c’est le scrutin lui-même qu’il faut revoir. Le concept d’accorder un droit de vote égal à tout citoyen majeur, qu’il soit déficient intellectuel, analphabète, psychotique ou criminel invétéré n’est pas justifiable. Sans aller jusqu’à pondérer les votes en fonction de la scolarité, du revenu annuel, ou de la popularité sociale, une démocratie 2.0 pourrait minimalement utiliser la technologie informatique moderne pour évaluer brièvement les capacités cognitives de l’électeur au moment de voter. À ce sujet, les entrevues populaires de l’humoriste Guy Nantel nous laissent toujours pantois. Déjà, on pourrait commencer par annuler le vote du citoyen qui croit que Jacques Cartier a emprunté le pont Jacques-Cartier la première fois qu’il est venu à Montréal.

La formule de pondération reste à parfaire mais il faut abandonner le sacrosaint principe d’un vote par citoyen. Décrocher un simple emploi nécessite parfois de passer un test psychométrique qui dure plus d’une heure. Est-il vraiment si outrageux de prendre cinq minutes pour qualifier celui qui se prononcera sur l’embauche au poste le plus important du pays? Bref, on a les dirigeants qu’on mérite.

Romain Gagnon

Île des soeurs

Andréa Richard

Trois-Rivières