|La Vitrine

Histoire de la coopération au Québec

Contenu commandité

Dans de nombreux secteurs d’activités, les organisations coopératives contribuent au mieux-être de millions de personnes tout en les sensibilisant aux rouages d’une citoyenneté active et dynamique.


Jean-Pierre Girard, chercheur associé à l’UQAM, avec la collaboration de l’étudiante au programme de maîtrise Suzi Brière ont publié en 1999 Une identité à affirmer, un espace à occuper: aperçu historique du mouvement coopératif au Canada français. L’article qui suit se veut un résumé libre de ce document.

Naissance et âge d’or (1800 – 1945)

Des formes d’organisation qui s’apparentent aux coopératives apparaissent au Québec dès le début du 19e siècle. Ce sont des sociétés mutuelles, d’assistance et de secours pour se doter de différentes protections comme l’assurance incendie ou l’assurance vie. Mais c’est au début du 19e siècle qu’on assiste à l’envol du développement coopératif sous l’impulsion d’Alphonse Desjardins, fondateur du mouvement du même nom. À sa mort en 1920, 160 caisses Desjardins se regrouperont en unions régionales pour occuper une place irremplaçable dans l’accès au crédit productif. La crise économique qui suit le krach boursier de 1929 éprouvera durement le Québec, comme les autres pays développés, mais la coopération étant la mère de la nécessité, la formule coopérative va multiplier ses applications dans de nombreux secteurs, de l’agriculture à l’accès au logement en passant par la pêche et l’exploitation forestière. On peut véritablement parler de l’âge d’or du développement coopératif.

Alphonse Desjardins

Développement et diversification (1945 – 1980) 

Le Conseil supérieur de la coopération, prédécesseur de l’actuel Conseil québécois de la coopération et de la mutualité, lancé en 1940 sous l’impulsion du père Georges-Henri Lévesque, allait permettre, dès la fin de la Deuxième Guerre mondiale, la consolidation des anciens mouvements coopératifs comme les caisses populaires et les coopératives agricoles. Le secteur de la distribution électrique rejoindra le mouvement par la création d’une cinquantaine de coopératives en 15 ans. 

Si la Révolution tranquille et sa nationalisation de l’électricité sonne le glas de ce réseau de coopératives, elle aura, par ailleurs, un impact significatif sur la coopération au Québec en refondant les lois qui la régissaient et en créant la Société de développement des coopératives. De nouveaux secteurs allaient s’ouvrir à la coopération, comme les magasins Coop, les coopératives locatives pour l’accès à des logements sociaux ou les groupes de coopératives inuites dans le Grand Nord.

Le père Georges-Henri Levesque

Mutation et transformation (1980 – 2000) 

Cette période a été marquée par deux importantes récessions économiques qui ont poussé à l’assainissement des finances publiques et, de ce fait, par une diminution de l’engagement de l’État également dans le domaine coopératif. La réussite personnelle, l’individualisme et le repli sur soi ont aussi pris un peu le pas sur les valeurs d’entraide et de solidarité dans la société en général. Heureusement, le développement coopératif ne s’est pas arrêté. Des réformes législatives et de nouveaux outils fiscaux ont permis de nouvelles initiatives.

Le Sommet sur la coopération en 1980 et les États généraux de la coopération de 1990 à 1992 vont remobiliser le mouvement coopératif. On verra naître de nombreuses coopératives de travailleurs actionnaires, des coopératives à sociétariat multiple et des coopératives de solidarité. Les regroupements de coopératives seront de plus en plus nombreux dans des secteurs aussi divers que le lait, la forêt, les ambulances, les services funéraires, le logement ou encore les coopératives scolaires, sans oublier le secteur alimentaire.

Sur le plan académique, après la naissance d’une chaire d’études sur les coopératives à l’Université de Sherbrooke, l’École des Hautes Études Commerciales de Montréal et l’UQAM, entre autres, vont également se consacrer à l’étude des mouvements coopératifs.

2021

Le mouvement coopératif et mutualiste québécois est plus que jamais d’actualité. Les coopératives et les mutuelles sont présentes dans plus d’une vingtaine de secteurs d’activités. On les retrouve maintenant dans une multitude de secteurs innovants. La crise sanitaire de la COVID-19 aura d’ailleurs confirmé, une fois de plus, que les coopératives et les mutuelles ont un réel pouvoir d’agir.

Consultez la version électronique intégrale de notre cahier spécial.