Après l’annonce du ministère de la Culture et des Communications du Québec d’une aide financière de 5,3 millions de dollars en juin, on savait que le projet de Fabrique de Théâtre insolite allait voir le jour. Le gouvernement fédéral n’avait cependant pas annoncé publiquement sa participation financière, lacune qui a été comblée lundi à l’église Saint-James.
Le ministre Guilbeault a présenté ainsi ce qu’il a qualifié d’excellente nouvelle pour la Ville de Trois-Rivières et les Sages Fous.
«Au cours de la dernière année, difficile pour à peu près tout le monde, les créateurs ont toujours été à nos côtés, nous ont réconfortés et ont trouvé des moyens innovants pour nous rassembler dans le respect des règles sanitaires. Notre gouvernement est là pour les appuyer. Je suis conscient que les séquelles du confinement se font encore sentir et que vous travaillez fort pour accueillir du public dans les lieux de création. Je sais aussi que vous avez en tête de faire vivre au public des expériences qui sont irremplaçables.»
Le ministre a d’ailleurs rappelé que lors de sa dernière visite à Trois-Rivières, juste avant la pandémie, venu discuter avec des intervenants de la culture, il n'était pas prévu qu’il rencontre les Sages Fous. Dans ce qu’il a qualifié «d’une des plus belles embuscades de l’histoire», ceux-ci se sont présentés à lui pour lui remettre leur dossier en mains propres. Ils récoltent aujourd’hui le fruit de leur audace. Le montant octroyé provient du fonds du Canada pour les espaces culturels. «Les infrastructures culturelles et communautaires font bien plus qu’accueillir les producteurs, artistes et créateurs. Partout au pays, ils contribuent à bâtir une communauté forte et prospère», a dit le ministre.
L’argent devrait notamment permettre d’acquérir de l’équipement spécialisé y compris des systèmes d’éclairage, de sonorisation, de vidéo, de projection et d’accrochage, sans compter l’habillage de scène, de l’équipement de scène et du mobilier de régie.
En vacances au fond des bois loin de tout signal cellulaire ou Internet, South Miller et Jacob Brindamour, respectivement directrice artistique et directeur général des Sages Fous, ont néanmoins fait savoir que le projet de la Fabrique de théâtre insolite mûrit en eux depuis qu’ils occupent le presbytère de l’église Saint-James.
«Depuis 15 ans, ils rêvent de dédier ce lieu à l’imaginaire, à la marionnette, au théâtre étrange, a indiqué Anne-Marie Lafontaine, membre du conseil d’administration des Sages Fous. Ce lieu est, pour eux, inspirant, étrange, excitant. Les artistes qui viennent s’y produire et y travailler en sont éblouis. Grâce à l’annonce d’aujourd’hui, il y aura à Trois-Rivières un laboratoire de création et de diffusion unique en son genre. La Fabrique de Théâtre insolite sera en contact constant avec son public curieux et hétéroclite. Elle sera accessible dans sa poésie et festive dans son âme.»
L’ensemble du projet implique des coûts de l’ordre d’environ 7 millions de dollars. Les travaux d’aménagement des lieux doivent débuter début 2022 pour une ouverture officielle à l’été 2023.
Sylvain Longpré, directeur technique des Sages Fous, affichait un sourire qui en disait long sur son état d’esprit au moment de l’annonce. «C’est sûr que c’est une annonce qui fait extrêmement plaisir. Disons que le montant était inclus dans notre montage financier, mais maintenant, c’est officiel. Ça clôt ce montage financier qui implique la Ville de Trois-Rivières, Culture Trois-Rivières, le ministère de la Culture et des Communications ainsi que Patrimoine canadien selon leurs différents programmes pertinents.»
«On reste fidèle à notre échéancier. Les travaux devraient se terminer à la fin 2022 et on se garde une période de temps pour roder le tout avant l’ouverture officielle à la fin du printemps ou à l’été 2023.»
Devant les coûts de rénovation à la hausse depuis quelques mois, le directeur technique ne se montre pas inquiet. «Nous avons prévu une provision pour une hausse des coûts même si tout le monde nous dit qu’ils vont redescendre dans les prochains mois. On a calculé en fonction d’une hausse constante. On ne veut pas de mauvaises surprises et le ministère de la Culture et des Communications nous a aidés à prévoir un budget pour parer à ces éventuelles surprises. Les architectes avec lesquels nous travaillons nous disent que notre évaluation est confortable.»
«Ça fait pratiquement cinq ans qu’on travaille sur ce dossier et là, on est rendus à une étape très excitante. C’est devenu concret: on élabore de vrais plans en se projetant dans les espaces disponibles en fonction de nos projets et c’est vraiment stimulant.»