Résultat, avant même d’effectuer un seul paiement pour sa nouvelle maison, ce sont 30 000 $ qui attendaient plutôt Geneviève Levasseur pour la décontamination de sa résidence, et ce, sans compter la reconstruction du sous-sol en entier. Nul besoin de dire que tout son monde venait soudainement de s’écrouler, elle qui avait pourtant pris la peine de faire inspecter sa maison avant l’achat.
Écoutez cet article en version audio.
«Je suis passée chez le notaire le 20 mai et j’ai commencé à démolir pour faire quelques rénovations, mais dès le retrait de la première feuille de préfini, on a vu les champignons. On ne savait pas encore c’était quoi la sorte de champignon. J’ai fait faire des tests d’air et des prélèvements pour me rendre compte que c’était la mérule. Il y en a à la grandeur du sous-sol. Je devais donc le condamner. [...] Quand ça arrive, on panique, on pleure. Mais je pense que j’ai tout fait ce que je devais faire pour ne pas que ça arrive», se désole-t-elle.
En effet, même si Mme Levasseur s’était assurée de faire inspecter la résidence avant l’achat, les champignons qui se retrouvaient sous les murs et les planchers n’étaient tout simplement pas visibles lors de l’inspection. Il n’était donc pas possible à moins d’ouvrir les murs de constater le problème.
«J’ai acheté cette maison, c’était ma première résidence et c’était un nouveau départ avec les enfants. Je me rapprochais de mon travail et je retournais dans mon quartier d’enfance. Quand ce duplex-là est arrivé, il était juste parfait, mais finalement…»
Après avoir encaissé le choc, la mère de famille s’est tournée vers ses assurances qui ne couvrent malheureusement pas les dommages.
:quality(95)/cloudfront-us-east-1.images.arcpublishing.com/lescoopsdelinformation/MIFS4UB3ZZBPDINIZGVOEJDRBU.jpg)
«J’ai appelé mes assurances et j’ai appelé plusieurs personnes, mais mes assurances m’ont dit que ce n’était pas couvert, car c’était-là avant que j’achète», se désole-t-elle.
Malgré ce revers, Mme Levasseur apprend par la suite qu’elle pourrait recevoir une aide financière du gouvernement provincial pour les travaux nécessaires à la décontamination. L’espoir renaît enfin.
«J’ai parlé à mes deux députés qui m’ont dit d’aller au bureau de la ministre Sonia LeBel. Le bureau m’a rappelée pour me dire de faire la demande et de remplir les papiers et que l’argent allait être injecté bientôt. Ça semblait être une formalité», explique-t-elle.
Mais comble de malheur, la femme de 41 ans reçoit un courriel il y a quelques jours à peine lui annonçant qu’elle n’est pas admissible à cette aide.
«J’ai reçu une lettre lundi qui me disait que ma demande était refusée, car les critères avaient changé et ceux qui avaient acheté sans garantie légale après 2018 n’étaient pas couverts.»
Il faut comprendre que dans les circonstances de la COVID et à la suite des résultats de l’inspection, Geneviève Levasseur a décidé d’acheter le duplex malgré la close «sans garantie légale contre les vices cachés». Elle estime cependant avoir tout fait en son pouvoir pour empêcher d’avoir de telles surprises.
:quality(95)/cloudfront-us-east-1.images.arcpublishing.com/lescoopsdelinformation/3ADF27RLDJH2PLGDHLRX6NEVLI.jpg)
«Moi j’ai fait inspecter ma maison, j’ai pris un agent d’immeuble compétent. Je n’aurais pas pris la chance d’acheter une maison sans la faire inspecter. J’ai acheté une maison avec une toiture neuve, des fenêtres neuves et une galerie neuve en me disant que les grosses dépenses étaient faites. [...] Quand j’ai reçu la lettre avec seulement la petite phrase… Je sais qu’ils se protègent, mais ça n’a aucun sens. Je veux juste que la ministre comprenne qu’ils ne peuvent pas laisser une famille comme ça à la rue. J’ai dû me relocaliser à mes frais et mes enfants ont dû retourner chez leur père. Je ne vois pas pourquoi je suis pénalisée quand j’ai tout fait pour ne pas que ça arrive», déplore-t-elle.
Devant l’ampleur du montant pour décontaminer et voulant éviter la faillite, Geneviève Levasseur a donc dû se résigner à accepter l’offre de sa fille et d’une amie qui lui ont proposé de mettre sur pied une campagne de sociofinancement Go Fund Me afin d’amasser les 30 000 $ nécessaires à la décontamination du sous-sol.
«Ça faisait longtemps que ma fille et mon amie m’achalaient pour faire cette campagne, mais avec l’orgueil, je ne voulais pas. La campagne de sociofinancement est vraiment mon dernier espoir, car je ne veux pas faire faillite», mentionne-t-elle à contrecoeur.
:quality(95)/cloudfront-us-east-1.images.arcpublishing.com/lescoopsdelinformation/RKOYA7KN3VHWXMEITRUSDRQB74.jpg)
Un processus de décontamination complexe
Payer un montant de 30 000 $ pour procéder seulement à la décontamination d’un sous-sol peut paraître énorme dans le contexte, toutefois il s’agit d’un processus complexe qui ne s’apparente en rien à la décontamination traditionnelle de simples champignons.
«Ce n’est pas un procédé qui est simple, car la mérule pleureuse, on ne peut jamais garantir qu’il n’y en aura plus jamais. Un coup que ça s’est implanté dans la maison, c’est difficilement enlevable. Chez Mme Levasseur, présentement, ce que mes employés font, c’est qu’ils ont mis la maison en négatif, ce qui veut dire qu’on a fait des zones de confinement, et là on tire l’air de l’intérieur, elle passe dans des machines pour que rien ne sorte de la maison. Ensuite, on va passer un aspirateur sur la mérule, puis après on va la traiter pour la faire ralentir et après on va commencer à l’arracher et enlever les matériaux. Ensuite, il reste à voir l’étendue des dégâts et voir si ça revient», explique André Plourde de Aquanet Solutions.
Pour la suite des choses, alors que la décontamination bat son plein depuis quelques jours dans la résidence du secteur Cap-de-de-la-Madeleine, Geneviève Levasseur espère pouvoir être en mesure de reconstruire d’ici l’automne les chambres de ses deux enfants de 15 et 17 ans afin de pouvoir y habiter de nouveau. Mais pour elle, plus question d’y construire une salle de bain au sous-sol afin d’éviter toute trace d’humidité.
«Je ne sais pas combien ça va coûter, mais ma famille me dit qu’ils vont se mobiliser pour au moins faire les deux chambres de mes enfants», conclut-elle.