Une nuit sous les ponts de Paris: voyage dans les souvenirs

André Veilleux était en pleine possession de ses moyens pour la présentation du premier spectacle Une nuit sous les ponts de Paris à la Cité de l’énergie. On le voit en compagnie de Monya Mathieu et Mathilde Duval-Laplante.

CRITIQUE / Le 14 juillet, déambuler sous la tour au son de l’accordéon apparaissait une façon parfaite de souligner la fête nationale des Français, et ce, même si la tour n’était pas celle créée par Gustave Eiffel mais plutôt l’emblématique structure de la Cité de l’énergie. Après des mois de pandémie, on n’allait pas s’enfarger dans les détails. On était mûr pour une bonne dose d’émerveillement et l’illusion était fort acceptable.


Personne ne niera que le dépaysement que proposait Une nuit sous les ponts de Paris, qui lançait la saison des spectacles à l’Amphithéâtre de Shawinigan, était le bienvenu. Ce retour en arrière dans le répertoire musical des légendes de la chanson française promettait d’exploiter le magnifique décor de l’endroit. Une formule prometteuse sur papier qui a vite conquis le cœur du public si l’on en croit les commentaires dithyrambiques qui fusaient de toute part après la représentation.

Le spectacle, donc, créé avant la pandémie était destiné à tourner dans des salles de la province. Il n’aura pas eu la vie espérée dans les derniers mois mais son retour sur scène dans l’environnement grandiose de l’Amphithéâtre de la Cité de l’énergie était une bénédiction pour ses artisans dont André Veilleux, le Trifluvien, fait partie.



Il confiait en entrevue quelques heures avant la première que le bonheur de revenir sur les planches était immense d’autant plus que le répertoire de la chanson française en est un qu’il affectionne particulièrement. «Ça prenait un vieux», lance-t-il à la blague. «Chanter les chansons à texte est un peu mon rôle dans le spectacle et j’adore ça!»

Le doyen de cette production a utilisé l’étendue de son expérience pour ajouter de la profondeur à ses prestations, souvent sans artifice, notamment celle de la Bohème et d’Avec le temps, émouvantes à souhait.

Par ailleurs, il n’était pas le seul à avoir les yeux brillants et une énergie contagieuse, les six autres interprètes qui faisaient partie de la production rayonnaient aussi de bonheur. Ils ont, à tour de rôle, livré pendant plus de 90 minutes une panoplie de morceaux qui couvraient un large pan de l’histoire musicale française, de la ballade au rock’n roll. Le dénominateur commun de chacune des pièces était sans contredit la capacité à replonger le public dans ses souvenirs.

Elie Haroun au premier plan est entouré de Mathilde Duval-Laplante, Adrien Alexandre Aubert et Miranda Martin.

Comment résister à l’entraînante interprétation de Douliou douliou Saint-Tropez de Miranda Martin avec la rivière Saint-Maurice en toile de fond ou de son Acropolis Adieu qui enthousiasmait le public dès les premières notes. La puissance vocale de Mathilde Duval-Laplante qui interprétait, entre autres, Le temps des fleurs en chœur avec les spectateurs a ému à plusieurs reprises au cours de la soirée. Puis cette Dalida personnifiée par Monya Mathieu qui a bercé le public avec sa version de l’incontournable Il venait d’avoir 18 ans dans une envoûtante simplicité.



L’animation de la soirée était l’affaire d’Adrien Alexandre Aubert qui n’a pas manqué de contaminer le public avec son interprétation pimpante du Petit oiseau de toutes les couleurs. Pour sa part, Elie Haroun, qui prenait à un moment place sur la scène installée sur le Saint-Maurice, a fait écarquiller les yeux avec Où sont les femmes, entre autres.

Mais mon coup de cœur absolu de la soirée je le dédie à David Latulippe, un ancien de La Voix qui, dans un décor en flammes, a embrasé la scène avec Que je t’aime de Johnny Hallyday. À chacune de ses présences, il trouvait le bon dosage d’énergie évitant habilement de trop en faire.

Indéniablement, les interprètes, magnifiquement épaulés par les musiciens sur scène, étaient la pièce maîtresse de la soirée mais il faut quand même souligner la judicieuse utilisation du décor en place à l’Amphithéâtre Québécor.

Différente de sa version en salle, la mise en scène du spectacle a été retravaillée pour tirer le maximum du site. Le défi était de faire avec ce qui est déjà en place. Même si certains éléments scénographiques n’avaient rien à voir avec le style parisien, leur judicieuse utilisation n’en était pas dérangeante, au contraire. Quand David Latulippe entame Noir c’est noir sur l’épave installée sur la scène, on se laisse rapidement porter par sa prestation sans protester. D’aussi belles installations devaient être maximisées mais il fallait le faire de avec doigté et, à mon point de vue, c’est réussi.

Il est certain qu’en ce soir de première la température était plus que clémente. S’il advenait que la pluie se mette de la partie dans les prochaines représentations qui auront lieu jusqu’au 17 juillet et du 21 au 24 juillet, André Veilleux mentionnait qu’un plan B serait activé minimisant les déplacements des interprètes, simplifiant la mise en scène sans en compromettre la magie des prestations qui sont, au final, le cœur de ce spectacle et la source de l’émerveillement attendue par le public.

Miranda Martin

Pour tous les détails du spectacle, consultez le site Web.