DépistaFest: une offensive originale pour encourager les jeunes à un dépistage des ITSS

Détail d'une illustration de Aless MC

L’été qui s’amorce sera chaud… dans tous les sens du terme. Même si la pandémie n’a pas été un frein à la sexualité, le déconfinement sera synonyme d’effervescence et attisera les désirs. Mais avant de se déconfiner l’entrejambe, le DépistaFest convie les jeunes adultes à un dépistage des ITSS.  


Après une année sans grands rassemblements, le DépistaFest – que les langues fourchues prononceront «dépiste ta fesse» – souhaite s’imposer comme la destination incontournable cet été.  

Gono Del Raie, Lil Chlam, Hépatite Beat et Dj Sam Pique figurent sur la liste fictive des invités d’un grand festival…. Non pas de musique, mais bien d’une campagne de sensibilisation pour le dépistage des infections transmissibles sexuellement et par le sang. Le «soundchek» des entrejambes avant un «grand show dans la couchette», explique l’organisation du DépistaFest, qui se déroule du 16 au 25 juin.  

Avec le déconfinement qui bat son plein, la réouverture des bars et les rencontres qui reprennent de plus belle, Club Sexu, un média à but non lucratif spécialisé en sexualité positive, lance dès mercredi son «festival» du dépistage des ITSS dans plusieurs régions du Québec. 

L’autre «épidémie» 

«Il y a un an, on a commencé à s’inquiéter de la situation, parce qu’avec la pandémie, une étude terrain nous a montré que les services pour détecter les ITSS avaient été altérés. Il est devenu pratiquement impossible de prendre rendez-vous pour se faire tester si on n’avait pas de symptômes», rapporte Geneviève Bergeron, cofondatrice et directrice générale de Club Sexu. 

Le matériel s’apparentant à celui pour réaliser des prélèvements de la COVID-19, les ressources ont été mobilisées pour limiter les dégâts de la pandémie. Moins de tests ont été réalisés depuis des mois, pourtant, malgré l’isolement, la sexualité n’a pas été mise de côté, constate Mme Bergeron.  

Avec un été «Olé Olé» à nos portes, Club Sexu, en partenariat avec une trentaine d’organismes spécialisés ont souhaité mettre en garde contre les maladies qui circulent et l’importance d’avoir une «santé sexuelle saine». Question de freiner «l’autre épidémie», celle de la transmission des ITSS, surtout à l’heure où certaines d’entre elles gagnent du terrain au Québec, selon l’Institut national de santé publique (INSPQ). 

Pour rejoindre une tranche de la population qui se sent «moins à risque», les 18 à 35 ans qui explorent et découvrent leur sexualité, quoi de mieux que de parler festivals : «c’est ludique, inclusif, et ça ne blâme personne», précise Geneviève Bergeron. 

«On pense que cet été, ça va être un peu le ‘’ce qui se passe à Vegas reste à Vegas’’, dans le contexte d’effervescence où l’on se retrouve et où on se permet d’avoir des comportements qu’on n’aurait pas nécessairement en temps normal». 

À cet effet, la COVID-19 aura peut-être apporté quelque chose de bon, croit-elle, puisque les notions de transmission sont désormais mieux ancrées dans les mentalités. Comme pour le virus, certaines personnes ne ressentent pas de symptômes des infections transmissibles sexuellement et par le sang. «Le dépistage est la seule façon de savoir», ajoute Mme Bergeron. 

Dépistage libre-service 

Les «fessetivaliers et fessetivalières» sont donc encouragés à se soumettre fréquemment à un dépistage. «C’est bon pour la santé sexuelle individuelle, mais aussi collective», indique l’organisation. 

Mais devant des barrières fréquemment rapportées par les jeunes adultes dans un sondage mené par Club Sexu, telles que la prise de rendez-vous difficile ou la gêne associée à un dépistage, plusieurs ne s’y soumettent pas. 

Prélib, principal partenaire du Club Sexu dans le DépistaFest, tente de remédier à ces enjeux. Ouverte à Montréal en 2018 et à la Pyramide de Sainte-Foy, à Québec, dès le 21 juin prochain, la clinique offre le prélèvement libre, d’où elle en tire son nom.  

«Le but c’est d’enlever les freins aux patients et qu’ils se sentent confortables d’adopter cette habitude de vie saine», souligne Éric Charette, directeur au développement chez Prélib. 

La prise de rendez-vous et l’évaluation médicale se font en ligne, sur un portail dédié aux patients. À leur arrivée sur place, ils sont accueillis par une infirmière, mais les prélèvements s’effectuent en mode «libre-service».  

Dans une cabine assignée, le patient procède à l’aide de vidéos tutoriels, au dépistage qui lui a été prescrit, sauf s’il s’agit d’une prise de sang. Il dépose finalement ses échantillons dans une chute et à l’intérieur de 10 minutes, le tour est joué. Les résultats lui sont communiqués par téléphone dans les jours suivants et un contact est établi avec un médecin dans le cas d’un diagnostic positif.  

«Les gens aiment l’intimité qu’ils ont dans ce concept rapide et efficace qui est novateur dans le domaine médical», rapporte M. Charette.  

Les services de Prélib sont d’ailleurs couverts par la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ), à l’exception des frais de transport des échantillons vers le laboratoire, qui varient entre 5 $ et 15 $. Ils seront toutefois gratuits pendant le DépistaFest. 

Pour sa première année, le DépistaFest pourrait rejoindre plusieurs milliers de jeunes, considérant le public abonné aux plateformes de Club Sexu. Le «fessetival» pourrait grandir dans les prochaines années, si le gouvernement du Québec s’implique dans le projet, envisagent les organisateurs. 

Pour l’instant, le DépistaFest espère surtout faire vivre aux «fessetivaliers» un été déconfiné, où tous pourront prendre leur pied en sécurité.  

Pour plus de détails sur le DépistaFest, c'est ici