PMCtire sur le web: l’Amazon du pneu

Les deux fondateurs Pascal Boutin et Yannick Plante ont démarré leur entreprise PMCtire en 2008.

L’aventure a commencé en 2008 dans un petit bureau d’une résidence dont le garage servait d’entrepôt. Avec une marge de crédit de 5000 $, mais fort d’une idée encore inexploitée au Canada: la vente en ligne de pneus. Pourtant, les deux fondateurs Pascal Boutin et Yannick Plante n’y connaissaient rien en matière de commerce électronique. Le premier avait de l’expérience en publicité et en commerce de détail et le second dans la distribution de pneus auprès de garagistes.


À l’instar de Jeff Bezos, qui a expédié son premier livre depuis son garage, PMCtire a décidé de se lancer en adoptant dès le départ le modèle du commerce électronique qui, à l’époque, était encore peu commun au Québec et dans le reste du pays. Encore plus dans un tel secteur d’activité et sans exploiter également de magasin de ventes.

«Il y avait quelques entreprises du genre aux États-Unis et en Europe. On s’est dit que ça devrait également fonctionner ici», raconte Pascal Boutin qui jonglait alors avec l’idée de se lancer dans le commerce en ligne de produits de cuisine ou encore de guitares électriques. Jusqu’à sa rencontre avec Yannick Plante qui y voyait plutôt une belle occasion dans la vente de pneus.

Explosion des ventes

L’avenir devait leur donner raison alors que l’entreprise de Sherbrooke est rapidement devenue la référence en matière de vente en ligne de pneus et de roues et jantes partout au Canada. Ses revenus, qui totalisaient 180 000 $ lors de la première année, ont rapidement pris de la vitesse pour atteindre aujourd’hui plusieurs millions de dollars, dont les trois quarts provenant de l’extérieur du Québec.

Les ventes ont même explosé pendant la pandémie alors que de plus en plus de consommateurs, confinement oblige, se sont tournés vers le commerce électronique pour faire leurs achats depuis plus d’un an. «On a doublé nos revenus et nous avons été obligés de recruter des employés pour suffire à la demande», souligne Yannick Plante.

Pourtant, les entrepreneurs canadiens tardent encore à saisir les occasions offertes par le commerce électronique. Seulement 46 % des entrepreneurs canadiens prévoient vendre de façon virtuelle après la crise sanitaire actuelle, révélait en novembre dernier une étude de BDC. Les entreprises ont pourtant tout intérêt à s’adapter aux nouvelles tendances, indique Sylvain Sénécal, titulaire de la Chaire de commerce électronique RBC Groupe Financier à HEC Montréal.

«Il faut à tout le moins savoir si le commerce électronique est pertinent ou non pour l’entreprise et regarder vers l’avenir. La clientèle actuelle n’achète peut-être pas en ligne, mais la prochaine génération le fera probablement. Il y a plein de bannières de détaillants reconnus qui ne se sont pas adaptées et se retrouvent au cimetière», souligne-t-il.

Le nerf de la guerre: un contenu de qualité

Pour gagner son pari, PMCtire a dès le début misé sur la mise en ligne d’un contenu de qualité. L’entreprise y publie encore aujourd’hui une foule d’informations et de renseignements pour aider les consommateurs à faire le bon choix parmi quelque 120 000 produits.

«La diffusion de contenu nous a permis de nous positionner rapidement comme un site d’autorité en matière de pneu dans les moteurs de recherche, sans même avoir à acheter de la pub», fait valoir Pascal Boutin, en ajoutant que l’entreprise compte aussi depuis deux ans sur des services-conseils sous forme de chat.

Sa croissance l’a amenée en 2014 à créer un département de développement Web. «On a lancé l’entreprise en adoptant une plateforme élémentaire de commerce électronique russe. Mais il nous fallait des infrastructures plus solides pour soutenir le développement et l’achalandage accru de visiteurs sur le site en même temps», explique Yannick Plante. La PME a même créé un poste de directeur E-Commerce & Marketing.

Le succès de l’entreprise repose aussi sur sa grande variété de produits et un volume de ventes qui lui permet d’offrir des pneus à meilleur prix. «La plupart des garagistes ou concessionnaires offrent seulement trois ou quatre marques et sans grande variété de prix», indique M. Plante. Les clients de PMCtire n’ont qu’à y commander leurs pneus qui sont livrés gratuitement par des distributeurs à l’un des 350 installateurs affiliés partout au Canada.

L’entreprise lorgne aussi le marché américain qu’elle souhaite développer d’ici deux à trois ans.

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L’ABC du commerce électronique

1) Engager des spécialistes? Il n’est pas nécessaire d’embaucher des experts en commerce électronique, du moins au début, estime Sylvain Sénécal. «Il y a aujourd’hui des entreprises spécialisées, comme des Shopify et autres, qui offrent des plateformes et des solutions clés en main qui peuvent s’implanter en quelques jours. Avec la croissance des affaires en ligne, l’entreprise pourra ensuite investir davantage pour développer sa propre plateforme et mieux répondre aux besoins de la clientèle ».

2) Attirer, convertir et fidéliser. «La base des affaires reste la même. Il faut réussir à y attirer, convertir et fidéliser la clientèle. Comme les consommateurs font de plus en plus leur magasinage en ligne, avant d’acheter, le site web doit avant tout être informationnel et réussir à accompagner les clients dans toute sa démarche», souligne Sylvain Sénécal.

3) Une question de logistique. La logistique est évidemment essentielle au succès d’une stratégie de commerce en ligne. «On ne fait pas juste implanter un site transactionnel. Il faut aussi assurer la gestion des stocks, le traitement des commandes et la livraison dans les délais requis», rappelle Sylvain Sénécal.

En collaboration avec l’École d’Entrepreneurship de Beauce et le Groupement des chefs d’entreprise