L'arrivée des femmes dans les postes électifs municipaux n’a commencé que dans les années 80. En quarante ans, leur présence a connu une trop lente progression. Aujourd'hui, leur proportion est bien inférieure à celle des personnes élues de l'Assemblée nationale: 18,8% de mairesses et 34,5% de conseillères contre 40,7% de ministres et 44% de députées. Un retard immense! Pourtant, de nombreuses décisions se prennent à ce niveau et affectent les conditions de vie des femmes. Elles doivent être présentes pour y incorporer leurs enjeux et réfléchir aux solutions pour sortir de la crise actuelle et planifier l’avenir.
Le Québec est l’une des provinces au Canada où il y a le plus grand nombre de municipalités, soit 1100. Parmi celles-ci, 917 (83%) comptent moins de 5000 habitants et fournissent à elles seules 80% du nombre d'élu.es, mais représentent 15,6% de la population (ISQ, 2018). À part un nombre restreint de personnes qui s’y présentent en équipe, la plupart de celles désirant s’y porter candidates le font généralement de façon indépendante.
Les grandes villes, les partis et la parité
La situation est fort différente dans les plus grandes municipalités où la loi permet la formation de partis politiques. Parmi elles, on retrouve 10 villes de 100 000 habitants et plus, et 10 villes de 50 000 à 100 000 habitants. Bien que peu nombreuses, ces 20 (sur 1100!) municipalités abritent pourtant plus de 50% de la population du Québec. En général, ce sont des villes où les candidat.e.s se présentent avec des partis. Par exemple, aux dernières élections, dans les villes de Québec et Montréal, 90% des candidatures étaient issues de partis politiques alors que seulement 7 à 10% étaient indépendantes. Il est donc important que les partis politiques municipaux soient sensibilisés à la nécessité de présenter autant de femmes que d’hommes parmi leurs candidats. Car là où ils sont implantés, la parité passe en grande partie par eux.
D’autant plus que les données du ministère des Affaires municipales démontrent des avantages pour les femmes qui se présentent au sein d’un parti. Elles sont proportionnellement plus nombreuses à se porter candidates et à remporter la victoire à l’intérieur d’une formation politique que leurs collègues masculins. Au scrutin de 2017, les élues dans les municipalités de moins de 5000 habitant.e.s représentaient 31,8% de l’ensemble des élus. Ce taux bondit à 40,3% au sein des municipalités de plus de 50 000 habitant.e.s, là où l’on retrouve des formations politiques.
Or, même en présence de partis, plusieurs de ces municipalités ont encore du chemin à faire pour une représentation égalitaire comme le démontre le tableau suivant. Seulement 5 villes sur 20 peuvent s’enorgueillir d’un conseil situé dans une zone paritaire alors que 6 autres villes n’atteignent même pas le tiers de femmes à leur conseil. Le Groupe Femmes, Politique et Démocratie sensibilise actuellement les chefs.fes de parti de ces villes et entend y suivre de près le résultat de la progression de la parité aux prochaines élections municipales.
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Des pistes de solutions
Nous l’avons constaté, les partis politiques détiennent une partie de la solution pour faire en sorte que la démocratie s’incarne véritablement au sein des grandes municipalités. Aussi, ne pourrions-nous pas envisager qu’une telle obligation soit inscrite dans la loi électorale afin qu’équipes et partis politiques municipaux soient tenus de présenter autant de candidatures féminines que masculines afin d'atteindre la parité? Après tout, nous en sommes en 2021!
Par Thérèse Mailloux, présidente du CA du Groupe Femmes, Politique et Démocratie
[1] Pour 5 de ces 20 municipalités, il n’y avait pas de partis politiques aux élections de 2017: Trois-Rivières, Granby, Drummondville, Dollard-Des-Ormeaux et Saint-Hyacinthe - Source: Banque de données ouvertes, Résultat des élections générales municipales de 2017, MAMHQ.