La Maison Gilles-Carle de Shawinigan enfin prête à offrir du répit aux proches aidants [VIDÉO + ARTICLE AUDIO]

De gauche à droite: Marie-Louise Tardif, députée de Laviolette-Saint-Maurice, Marguerite Blais, ministre responsable des Aînés et des Proches aidants, Carol Filion, PDG du CIUSSS de la Mauricie et du Centre-du-Québec, France Chrétien-Desmarais, fille de Jean Chrétien, Jean Boulet, ministre du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale, Diane Lemay, présidente de l’Association des proches aidants de l’Énergie, et Chloé Sainte-Marie, fondatrice des Maisons Gilles-Carle.

Deux ans et demi après avoir annoncé l’ouverture d’une Maison Gilles-Carle à Shawinigan, cette dernière a finalement été inaugurée jeudi. Les proches aidants de la région pourront donc profiter d’un service de répit, service qui sera plus nécessaire que jamais au cours des prochaines années avec le vieillissement de la population.


Située sur la 10e Avenue, dans le secteur de Grand-Mère, la Maison Gilles-Carle de Shawinigan pourra accueillir jusqu’à 16 personnes dans son centre de jour, lorsque les mesures sanitaires le permettront. Huit personnes peuvent dormir sur place. Cet hébergement s’adresse aux personnes âgées de 18 ans et plus et qui sont atteintes de maladies dégénératives, comme la maladie de Parkinson, la maladie d’Alzheimer et la sclérose en plaques. Les personnes ayant une déficience intellectuelle ou un trouble du spectre de l’autisme pourront aussi en bénéficier. Pendant que ces personnes se trouveront à la Maison Gilles-Carle, leurs proches aidants pourront en profiter pour se ressourcer, pour recharger leurs batteries.

«Toutes les personnes seront les bienvenues, il n’y aura pas de choix fait selon l’âge ou le type de maladie», a assuré Marguerite Blais, ministre responsable des Aînés et des Proches aidants.



Cette dernière a souligné, lors de l’inauguration, le fait que le projet de Maisons Gilles-Carle fait partie des raisons qui l’ont incitée à retourner en politique, de même que la loi visant à reconnaître et à soutenir les proches aidants, adoptée l’été dernier.

La Maison Gilles-Carle de Shawinigan est située sur la 10e Avenue, dans le secteur de Grand-Mère.

«Ce que je trouve beau dans les Maisons Gilles-Carle, c’est que ce n’est pas un projet du gouvernement, c’est un projet de communauté et le gouvernement vient le soutenir. C’est un partenariat extraordinaire qui aurait mérité à être multiplié dans d’autres circonstances», a-t-elle affirmé.

Un legs de Jean Chrétien

Il faut se rappeler que la résidence de la 10e Avenue a été offerte à la Fondation Maison Gilles-Carle par l’ancien premier ministre du Canada, Jean Chrétien. Celui-ci avait sollicité sa famille et son entourage pour recueillir le montant nécessaire à son achat, soit environ 600 000 $.

M. Chrétien a assisté à l’inauguration de manière virtuelle, puisqu’en raison de la COVID-19, et plus particulièrement de la situation en Ontario, il n’a pu faire le voyage d’Ottawa à Shawinigan. Le politicien à la retraite a raconté la genèse de son implication dans le projet, à l’instigation de sa fille France Chrétien-Desmarais, qui siège au conseil d’administration de la Fondation Maison Gilles-Carle.



L’artiste Chloé Sainte-Marie, qui a été la conjointe, la muse et l’aidante du cinéaste Gilles Carle jusqu’à son décès, s’est remémoré avec humour le moment où M. Chrétien lui a annoncé qu’il lui cédait la résidence à Shawinigan.

L’ancien premier ministre du Canada Jean Chrétien a assisté à l’inauguration par vidéoconférence. À sa gauche, Marguerite Blais, ministre responsable des Aînés et des Proches aidants.

«Quand il m’a appelé pour me dire qu’il nous avait trouvé une maison à Shawinigan, je lui ai dit que je n’étais pas certaine qu’on aurait les moyens. Il m’a dit: ‘’êtes-vous niaiseuse? Je vous dis que je vous la donne’’», a-t-elle raconté.

Une plaque commémorative au nom de la mère de M. Chrétien, Marie Boisvert, sera d’ailleurs installée sur les lieux pour souligner la contribution de l’ex-premier ministre.

Un bel aboutissement pour l’Association des proches aidants de l’Énergie

La Maison sera administrée au quotidien par l’Association des proches aidants de l’Énergie, fondée en 2019. La présidente de l’organisme, Diane Lemay, a confié qu’elle avait déjà l’œil sur le bâtiment qu’occupe maintenant la Maison Gilles-Carle depuis plusieurs années.

«J’avais repéré la maison dès 2016. Je disais aux gens autour de moi: ce serait un très bon endroit pour les proches aidants. Ça aura pris plus de temps que prévu, la COVID a ralenti considérablement le projet, mais je suis très heureuse qu’il ait enfin abouti», a-t-elle déclaré.

Un aperçu de l’intérieur de la maison Gilles-Carle de Shawinigan.

L’Association a déjà procédé à l’embauche de deux préposées, deux intervenantes psychosociales, une directrice générale, une coordonnatrice clinique et un responsable de l’entretien. L’organisme a été accompagné par le CIUSSS de la Mauricie et du Centre-du-Québec. Ce dernier a par ailleurs fourni des services d’accompagnement et de soutien pour faire le montage du projet.



Notons que le site est en activité depuis le 17 mars dernier. Les séjours pourront y être courts ou longs, allant d’une demi-journée à deux semaines, indique Mme Lemay.

Quant au gouvernement du Québec, sa contribution sera de 62 500 $ pour chacun des huit lits que compte la Maison, pour la première année. Par la suite, cette contribution sera de 50 000 $ par lit, chaque année.

«Le gouvernement a aussi aidé au démarrage de la Fondation, pour embaucher du personnel et gérer les projets, mais avec le temps, la Fondation va s’autogérer. C’est sûr qu’on vient de vivre un an de pandémie, alors c’est très difficile pour une fondation comme celle-ci de ramasser des fonds, mais avec le succès des Maisons Gilles-Carle, ça veut dire que des donateurs vont certainement se manifester», a lancé la ministre Marguerite Blais.

Cette dernière rappelle s’être engagée à ce que 20 Maisons Gilles-Carle soient construites au Québec en 10 ans. On en compte déjà huit, pour un total de 94 lits de répit.

Tous les intervenants présents ont rappelé l’importance de prévoir suffisamment de ressources pour accompagner et soutenir les proches aidants, qui seront de plus en plus nombreux au cours des prochaines années, en raison du vieillissement de la population.

«Actuellement, une personne sur cinq est un aidant naturel. Et souvent, bien des personnes ne réalisent pas qu’elles le sont, alors qu’elles s’occupent de leur père, ou de leur mère», a souligné Marie-Louise Tardif, députée de Laviolette-Saint-Maurice.

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