Pour arriver à combler la demande, l’offre alimentaire doit nécessairement suivre la même courbe d’évolution. Ça met une pression sur le système. Comment cultiver plus de lopins de terre, augmenter les volumes et conserver la qualité ? Quelles seront les conditions justes et équitables pour que les agriculteurs d’ici puissent vivre de leur métier? Des questions que l’Union des producteurs agricoles et l’Institut du nouveau monde abordent dans un document intitulé «Dialogue sur l’autonomie alimentaire» déposé en décembre 2020 à la suite d’un exercice participatif regroupant une soixantaine de producteurs agricoles et de citoyens. Et s’il émergeait de ce dialogue un véritable contrat social?
Un projet fédérateur
«La pandémie a accentué un phénomène émergent et confirmé la fragilité de certaines chaines d’approvisionnement», croit Marcel Groleau, président général de l’UPA. «L’intérêt des consommateurs pour l’achat local, combiné à la volonté du gouvernement d’augmenter notre autonomie alimentaire, est une réelle opportunité à saisir. Plus vite le Québec sera autonome, plus grande sera notre sécurité et notre résilience face aux crises à venir.»
Rareté de la main-d’œuvre et des terres
Marcel Groleau croit que nous l’avons échappé belle. «En temps de pandémie, la sécurité alimentaire repose sur la circulation des biens mais aussi celle de la main-d’œuvre. Imaginez que nos producteurs agricoles n’aient pas eu accès aux 16 000 personnes venus d’ailleurs leur prêter main forte?» Le caractère essentiel de ces emplois incluant les permis de travail suscite de plus en plus de débats et de questions.
À cette problématique s’ajoute celle de la surenchère des terres agricoles. « Elles sont devenues rares et dispendieuses. Il faudra les protéger contre l’étalement urbain et l’appétit des promoteurs -immobiliers qui pourraient les soustraire de leur vocation initiale. » Heureusement, les entreprises agricoles en démarrage peuvent compter sur des programmes de location de terres agricoles dont ARTERRE mis de l’avant par les MRC. «L’UPA a longtemps été seul à protéger les terres agricoles. Aujourd’hui, de nombreux acteurs se mobilisent en ce sens.»
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L’automatisation et la robotique
Bien que plusieurs secteurs nécessiteront toujours de la main-d’œuvre manuelle – notamment le maraicher – le besoin d’automatisation des opérations n’est pas à prendre à la légère.
Pour financer les technologies de pointe, la transition vers le numérique, l’intelligence artificielle et l’agriculture de précision, les producteurs agricoles auront besoin d’aide financière. «D’un réseau cellulaire et d’internet aussi», précise le président. Au Québec, plus de 300 000 ménages en milieux ruraux n’ont pas accès à la haute vitesse ou disposent d’une connexion de mauvaise qualité.
Depuis que le Québec a adopté la Loi sur le bien-être et la sécurité de l’animal en 2015, peu de gens réalisent à quel point il en coûte beaucoup aux producteurs pour s’y assujettir. «Chaque fois que de nouvelles normes sont adoptées, des investissements importants sont requis pour la mise à niveau des bâtiments d’élevage. L’impact est majeur puisque ces coûts additionnels ne se traduisent pas nécessairement par une rémunération du marché ni une majoration des prix. Plusieurs éleveurs abandonneront s’ils ne sont pas soutenus dans la conversion de leurs installations», constate Marcel Groleau.
Sollio Agriculture met notamment à la disposition des producteurs des outils pratiques pour les aider à simplifier leurs processus et gagner en efficacité. Les solutions numériques AgConnexion permettent aux fermes d’automatiser leurs opérations et de prendre de meilleures décisions.
La montée du bio
Au Canada, le Québec est chef de file du bio avec le nombre le plus élevé d’entreprises certifiées biologiques, incluant producteurs et transformateurs.
À ce jour, 2505 fermes détiennent la certification biologique, une hausse de 122% depuis 2015. Selon Marcel Groleau, il y aurait plus que ça. «Plusieurs opèrent déjà en bio sans la certification qu’ils jugent trop chère. Il faudrait que ce coût soit assumé à la fois par l’état et le producteur comme c’est le cas aux États-Unis.»
Beaucoup reste à faire mais nous sommes sur la bonne voie.