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Effet coop: les coopératives contribuent à l’autonomie alimentaire

Marie Lacasse et Marc-Aurèle Bouffard
Contenu commandité

Au Québec, les coopératives font partie intégrante des systèmes alimentaires depuis le début du siècle. Leur propriété collective contribue à l’enrichissement collectif de leurs territoires respectifs. Essentiellement basées sur la mise en commun des ressources, les coopératives soutiennent le développement des fermes en plus de sécuriser les approvisionnements en denrées alimentaires pour la population du Québec.


«Nos coopératives membres et leurs différentes filières appuient les producteurs agricoles d’ici à nourrir notre monde. Sollio Groupe Coopératif et son réseau sont bien enracinés dans les collectivités, car nous appartenons aux producteurs agricoles d’ici et nous travaillons à leur prospérité», indique son président Ghislain Gervais.

Le Québec compte plus de 350 coopératives agroalimentaires réparties partout sur son territoire, que ce soit des coopératives de producteurs (42%), des coopératives de solidarité (32%) ou de consommateurs (15%). « Chacune d’elles contribue non seulement à la trame structurelle des systèmes alimentaires, mais aussi à l’innovation et la transition de ces systèmes », résume Marie Lacasse, conseillère en gestion de projets stratégiques au Conseil québécois de la coopération et de la mutualité (CQCM). En plus de jouer un rôle grandissant dans la sensibilisation et l’éducation des Québécois, les coopératives tracent la route vers l’autonomie alimentaire. Voici quelques portraits de famille.

La CAPÉ

La CAPÉ 
MARCHER VERS L’AUTRE

La CAPÉ est une coopérative agricole qui met en valeur l’agriculture de proximité écologique en mode circuits courts. «Une ferme qui vend ses légumes au marché public, à son dépanneur de village ou à un restaurateur local, c’est ça le circuit court», résume la présidente Caroline Poirier. «En limitant les intermédiaires, le producteur obtient un plus juste prix pour son produit et le consommateur paie moins cher que dans les grandes surfaces.» C’est donc gagnant-gagnant! 

La relation directe qui s’établit avec le fermier confère au produit une valeur ajoutée qui n’a pas de prix. «L’aliment va passer d’une simple marchandise à un aliment précieux parce qu’il est le fruit du travail d’une personne avec qui on établit un contact.» 

Autre impact? Celui sur le gaspillage alimentaire. « Les fermes peuvent prévoir leur production en fonction de la demande réelle. Vendus à l’avance, les paniers bios représentent le summum de cet équilibre. » 

Célébrer notre nordicité 

On le sait, l’autonomie alimentaire passe par la prolongation des saisons, la culture en serre, les paniers d’hiver. «Il faut nous adapter à notre nordicité et à la saisonnalité des produits. Arriver à l’autonomie alimentaire en ne misant que sur les serres, ça peut être énergivore. Il faudra apprendre à marcher davantage l’un vers l’autre, producteurs et citoyens», conclut Caroline Poirier.

Michel Ferland, directeur général

Fédération des coopératives d’alimentation du Québec
ADIEU DÉSERTS ALIMENTAIRES

La Fédération des coopératives d’alimentation du Québec est un regroupement de marchés d’alimentation qui opèrent sur le modèle d’affaires coopératif. «Nous regroupons plus de 70 coopératives alimentaires établies dans 90 points de vente au Québec», précise Michel Ferland, directeur général de la Fédération. «Elles ont en commun d’appartenir entièrement à leurs membres.»

La reprise collective : une voie d’avenir

La Fédération s’est donnée pour mission le maintien des services alimentaires sur les territoires. «Les marchés de proximité sont parfois les derniers marchés d’alimentation où trouver des produits frais. Ils appartiennent souvent à des privés qui n’ont pas de relève assurée. La reprise collective est alors une solution durable pour conserver des services de proximité.» La Fédération accompagne les individus-repreneurs dans la création de leur coopérative, dans les recherches de financement et le démarrage.

Lutte aux déserts alimentaires

La Fédération travaille présentement au déploiement d’ICI COOP, une bannière coopérative visant à soutenir l’implantation de marchés d’alimentation dans ce qu’on appelle «les déserts alimentaires» du Québec. «L’idée est de redonner l’accès aux produits frais dans les municipalités éloignées du Québec qui n’ont pas de services alimentaires. ICI COOP compte travailler étroitement avec les producteurs locaux à la mise en marché de leurs produits et aux stratégies d’approvisionnement en fonction des besoins des consommateurs.»

Coop Les Hautes Herbes

Coop Les Hautes Herbes
PROLONGER LES SAISONS

Dans Lanaudière, les Hautes Herbes en est à sa deuxième saison de production maraîchère. Entre 70 et 80% du chiffre d’affaires de la jeune coopérative passe actuellement par les paniers bios. 

Pour ajouter à ses tunnels, la ferme de proximité peut maintenant compter sur une serre de 15 pieds de hauteur et de 100 pieds de long, financée via une campagne de -financement participatif sur La Ruche. «On pourra maintenant offrir un accès prolongé à des légumes de serre biologiques», mentionne Gaëlle Jaudard, l’une des quatre jeunes agriculteurs de la coopérative. 

La Coop prévoit ainsi ajouter au moins trois ou quatre mois de récoltes. «On pourra retrouver des légumes en primeur, donc tôt dans la saison comme les tomates, des concombres, des tomates cerise, du gingembre et du curcuma. Dès les prochaines semaines, on va récolter les petites verdures ce qui nous permettra d’offrir des feuilles fraîches dès le printemps. Et on recommence à l’automne avec les épinards, les petits choux chinois, les radis d’hiver.» En augmentant ses volumes, la coop pourra vendre aux petites épiceries et marchés publics, en plus de fournir ses clients habituels.  

Jeune COOP Potager Viréo – École secondaire De Rochebelle

Jeune COOP Potager Viréo – École secondaire De Rochebelle 
JEUNES APPRENTIS À L’ŒUVRE

À Québec, l’école secondaire De Rochebelle propose une manière innovante de sensibiliser les jeunes à l’entrepreneuriat coopératif et à l’autonomie alimentaire. Il s’agit de cultiver un potager hydroponique en classe et de vendre ses récoltes – kale, bok choy et différentes laitues – à l’intérieur de l’école. Pandémie oblige, on a dû oublier pour le moment l’idée de vendre dans la communauté. 

«L’idée est d’apprendre aux jeunes tous les principes du fonctionnement coopératif tout en produisant des aliments. Quand on développe de l’intérêt pour manger ce que l’on a produit, inévitablement on développe de l’intérêt pour des aliments sains, qui poussent localement.», résume Jacinthe Dion-Côté du CQCM, responsable de l’accompagnement auprès de 16 jeunes participants au projet. 

«Le projet a connu beaucoup de succès, suffisamment pour le reconduire. On a pu voir des résultats concrets. En plus de développer des compétences entrepreneuriales, il a eu un effet stimulant sur la persévérance scolaire», conclut Anne Gilbert, enseignante responsable de la Jeune COOP. 

www.cqcm.coop

La Série balado Effet COOP animée par la chroniqueuse et comédienne Gabrielle Côté propose une série de balados sur le modèle coopératif. Le deuxième balado de cette série, une entrevue avec les membres de la ferme coopérative Tourne-Sol, illustre bien le fonctionnement de ce modèle émergent.

www.effet.coop/balados