Enquête sur la main-d’oeuvre manufacturière en Mauricie: de grands défis en matière de formation 

Les résultats de l’enquête sur la main-d’oeuvre manufacturière en Mauricie, menée par la firme Ad Hoc Recherche auprès de 70 entreprises industrielles issues de différents secteurs d’activités, ont été dévoilés mercredi. Et cinq catégories de postes sont mentionnées par plus d’un quart des répondants comme ayant de grands défis en matière de formation : opérateurs de machines, manoeuvres des services de transformation, de fabrication et d’utilité publique, assembleurs, monteurs et contrôleurs, mécaniciens et électromécaniciens ainsi que cadres, surveillants et superviseurs.


Et trois principales pistes de développement peuvent être identifiées parmi les compétences techniques mesurées : l’installation, le réglage et l’entretien des systèmes, du matériel et de l’équipement, la connaissance et la maîtrise des technologies de même que la conception et la recommandation de solutions adaptées.

«Je me réjouis de cette initiative qui regroupe des représentants des partenaires du marché du travail, des entreprises manufacturières et des établissements d’enseignement de la Mauricie. Il s’agit d’un véritable travail d’équipe dont les résultats permettront de soutenir encore mieux les entreprises manufacturières mauriciennes dans le développement des compétences de leur main-d’œuvre et dans le rehaussement des qualifications de leurs travailleurs. Le recours à des employés compétents, formés et qualifiés demeure un facteur clé de réussite pour les entreprises, et notre gouvernement est toujours prêt à intervenir en faveur de l’emploi et de la main-d’oeuvre», a commenté le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale, Jean Boulet.



L’enquête sectorielle confirme que la pénurie de main-d’oeuvre est au coeur des préoccupations et des enjeux des entreprises manufacturières de la Mauricie. Aucune n’y échappe. Les principaux défis sont de trouver de la main-d’œuvre motivée et passionnée et d’assurer la rétention de celle-ci.

Parmi les besoins non comblés au sein des entreprises manufacturières, certains employeurs mentionnent l’identification de toutes les formations disponibles (plan de cours plus détaillé et vue d’ensemble de l’offre) et accéder à de l’aide financière pour les soutenir dans la formation.

La totalité des entreprises rencontrées forme leurs employés en les jumelant avec des seniors ou des superviseurs. Pour certains, les formations pour les compétences plus techniques se font à l’interne, tandis que les formations sur les connaissances générales peuvent être complétées à l’externe avec l’aide de partenaires.

«Le contexte de rareté de main-d’oeuvre qui prévalait avant la crise sanitaire continue de se faire sentir ici comme ailleurs. Les défis en matière d’adéquation entre la formation, les compétences et l’emploi sont importants et demandent une approche concertée des partenaires pour y répondre», a indiqué Paul Lavergne, président par intérim du Conseil régional des partenaires du marché du travail de la Mauricie.



«Le manque de main-d’oeuvre freine la croissance de plusieurs entreprises. C’était naturel pour les Manufacturiers de la Mauricie et du Centre-du-Québec de collaborer à cette enquête. L’exercice a permis d’identifier des solutions réalistes, collées à la réalité des entreprises de la région. Notre organisation est prête à participer à la suite et je souhaite que d’autres emboîtent le pas», a renchéri Léon Méthot, membre du conseil d’administration des Manufacturiers de la Mauricie et du Centre-du-Québec et président, chef de l’exploitation et actionnaire de Germain & Frère.

L’enquête, soutenue par le Conseil régional des partenaires du marché du travail et réalisée en collaboration avec les Manufacturiers de la Mauricie et du Centre-du-Québec, les Cégeps de Trois-Rivières et de Shawinigan ainsi que le ministère de l’Économie et de l’Innovation, a été rendue possible grâce à une aide financière du gouvernement du Québec de 99 993 $.

Une seconde phase de ce projet prévoit la détermination et le développement des moyens dans le but de répondre aux besoins recensés, notamment par l’adaptation des programmes de formation professionnelle, collégiale et universitaire, la formation continue, la formation et les stages en entreprise ainsi que de nouveaux modes d’apprentissage.

«Ce projet a réuni une équipe complémentaire de partenaires autour des besoins de formation de nos entreprises manufacturières afin de tendre vers des actions et des solutions concrètes et à portée régionale. Je suis fier que le Cégep de Trois-Rivières ait porté cette initiative et qu’il continue de jouer son rôle de partenaire de premier plan des entreprises et des travailleurs», a conclu Louis Gendron, directeur général du Cégep de Trois-Rivières et représentant des établissements d’enseignement de la Mauricie

Faits saillants

  • En ce qui a trait au processus de formation, la quasi-totalité affirme qu’il y a peu, voire aucune structure bien définie au sein de leur entreprise. Le manque de personnel de production et de professionnels des ressources humaines explique pourquoi ils ne parviennent pas à établir un plan complet et détaillé.
  • Au moment de l’embauche, le potentiel de progression représente un critère important de recrutement dans le secteur manufacturier. Toutefois, le bassin restreint de candidats limite le choix au moment de l’embauche. Ils n’ont pas le luxe de choisir et doivent souvent faire fi de ce critère. Après l’embauche : la progression des employés est perçue comme un élément de rétention important, malgré qu’elle ne soit pas définie ou planifiée dans la majorité des cas.
  • Les entreprises rencontrées considèrent que tous les formats de formation, que ce soit en présence ou en ligne, se prêtent à différentes réalités, contextes et contenus. Elles soulignent plutôt que lors d’un choix de formation, le contenu a un poids plus grand que le format.
  • La plupart des entreprises démontrent une ouverture envers la transition numérique et y voient de nombreux avantages, et la quasi-totalité des participants partage l’avis que le virage numérique s’adresse à toutes les entreprises manufacturières.
  • L’automatisation ne met pas en péril les emplois; elle répond au manque de main-d’œuvre. Ces employés verront une transformation dans leur poste seulement.
  • L’intérêt pour la formation exécutive est indéniable.
  • Les quatre technologies suivantes devraient être davantage mises de l’avant dans les programmes de formation destinés à ce secteur : la robotisation et les machines autonomes | le développement de logiciels et d’interfaces utilisateurs | la gestion des données | la sécurité des données.
  • Les formules personnalisées en milieu de travail et les courts programmes dont le contenu peut être adapté aux besoins spécifiques des personnes inscrites semblent être les avenues les plus prometteuses afin d’aider les entreprises mauriciennes à mieux former leurs employés de production. Celles-ci incluent : l’offre de formation sur mesure donnée en entreprise | des formules d’accompagnement/coaching individualisé et de compagnonnage | l’accès à un conseiller en formation pour établir les besoins particuliers de l’entreprise | des formations continues dont le contenu est mieux adapté aux besoins actuels et futurs.

Méthodologie

En réponse au sondage administré d’octobre 2019 à janvier 2020, les réponses de 76 entreprises de huit sous-secteurs (fabrication d’aliments, boissons et tabac, produits métalliques, produits en bois, meubles et produits connexes, papier, machines, première transformation des métaux, produits informatiques, électroniques et électriques) ont permis de recueillir des données sur 42 professions. Ces sous-secteurs sont représentatifs, puisque chacun compte pour plus de 6 % de la population en emploi manufacturier de la région.

De mai à juillet 2020, 20 des répondants ont participé à des entrevues individuelles, permettant entre autres d’approfondir certaines données, notamment quant à la transition numérique tout en permettant de relativiser l’impact de la crise sanitaire sur les défis auxquels font face les manufacturiers de la Mauricie.