Le sinueux parcours de Junior Dufresne

Junior Dufresne est heureux d’avoir pu remporter le concours de Jonathan Bélizaire cette année.

La vie de Junior Dufresne a changé du tout au tout en novembre 2019, lorsque sa conjointe s’est enlevé la vie. Cet ambulancier de métier en avait pourtant vu de toutes les couleurs depuis qu’il avait endossé l’uniforme, mais ce drame a été celui de trop, celui qui suivait de quatre mois la tentative de son père de mettre fin à ses jours, celui qui a tout fait basculer.


L’homme souhaite aujourd’hui prendre la parole afin de démontrer qu’il est possible de se sortir de la noirceur la plus opaque, même si les turbulences sont majeures.

Junior Dufresne s’est engagé sur une pente descendante, qu’il croyait presque sans fin, après avoir lui-même trouvé son amoureuse sans vie.

«Je suis tombé dans la drogue. Je pensais m’en sortir tout seul. Comme paramédic, c’est difficile d’aller chercher de l’aide, difficile de trouver les bonnes ressources», avoue-t-il, racontant du même coup qu’il a dû suivre trois thérapies avant de commencer à voir la plus petite lueur au bout du tunnel.

«J’ai dû voir mon médecin souvent, changer de médication plusieurs fois. J’ai même été en psychiatrie pendant trois semaines. Je n’avais jamais été du genre à avoir des idées noires», explique l’homme.

La pandémie s’est invitée, ensuite.

«Ça a été assez difficile de prendre conscience de tout ça, de tout ce qui m’arrivait. Je suis encore en processus de rétablissement. Je suis en train de replacer tout ça dans ma tête. J’ai toujours un choc post-traumatique», révèle-t-il.

L’étincelle dont il avait besoin, c’est Jonathan Bélizaire, un vendeur automobile qui, chaque année, organise un concours pour récompenser une personne ou une famille qui a besoin d’un petit souffle. Cette année, le choix de celui que l’on surnomme «Jon Beli» a été simple.

«Je demande toujours aux gens de m’expliquer pourquoi ils veulent gagner. Junior m’a parlé de ses trois dernières années. Ça lui a donné un ‘’boost’’, à Junior», explique Jonathan, dont le «petit concours» - ce sont ses termes – a permis à Junior de repartir avec une Cadillac.

Jonathan Bélizaire.

«Quand il est arrivé au garage pour voir l’auto, je ne m’attendais pas à voir un gars aussi costaud et fier d’avoir gagné le concours. Il est arrivé avec du café pour tout le monde. On a parlé et j’ai beaucoup écouté. Je veux simplement aider. Si je donne une auto, c’est que ça va bien pour moi et je veux redonner», confie-t-il.

C’était encore plus important pour lui de redonner dans une période comme celle que l’on vit depuis un peu plus d’un an, maintenant.

«C’est fou pour tout le monde. Il y a plein de gens que tu côtoies tous les jours et tu ne sais pas comment ils vont. Quand Junior a essayé l’auto, il pleurait au volant», se remémore-t-il.

Pour Jonathan Bélizaire, c’est le chemin parcouru par Junior qui importe, en voiture ou non, pas le don qu’il a effectué.

«C’est important que la lumière soit sur Junior. Il démontre que tu peux continuer à avoir espoir, même si tu traverses une période très difficile. Moi, je suis juste derrière et je suis fier de voir comment il a avancé», exprime Jonathan.

«Je ne souhaitais pas vraiment que ça devienne public», sourit-il.

Déjà, «Jon Beli» reçoit des messages pour son don de l’an prochain. Heureux de ce qu’il a accompli jusqu’à présent, il souhaiterait prendre une direction légèrement différente pour 2022.

«J’aimerais trouver des choses plus personnelles à donner aux gens», a-t-il soutenu.

Même s’il reste encore du chemin à parcourir vers la guérison, Junior Dufresne estime aujourd’hui s’en aller dans la bonne direction.

Le patron de Jonathan Bélizaire a mis sur pieds une publicité originale pour aider son employé avec son initiative.

«Il s’agit d’y croire et de s’accrocher à un petit rêve, même si parfois, il peut y avoir de la gêne.»