Vaccin Biotechnologies Ulysse: les recherches progressent malgré l’attente de financement

Malgré l’attente de financement pour la poursuite des travaux de développement d’un vaccin contre la COVID-19, le président de Biotechnologies Ulysse, Yves Hurtubise mentionne travailler sur le variant sud-africain.

Trois-Rivières — Alors que le financement gouvernemental se fait toujours attendre chez Biotechnologies Ulysse pour le développement d’un vaccin contre la COVID-19, les recherches sur le virus ne sont pas au point mort, estime l’entreprise trifluvienne qui travaille désormais sur un autre aspect de ce dernier, soit le variant de l’Afrique du Sud.


«On est au même stade pour le financement, mais au niveau du travail, on progresse. Actuellement, on ne travaille plus uniquement sur le COVID initial. On travaille aussi sur le variant de l’Afrique du Sud qui est le plus délicat. D’ailleurs, c’est déjà conçu et c’est en cours de production présentement et le système va être testé dans trois ou quatre semaines», mentionne le président de l’entreprise, Yves Hurtubise.

Rappelons que cette petite entreprise de Trois-Rivières a développé un vaccin pouvant être administré par voie orale. Ce dernier est composé d’un probiotique doté d’une protéine qui, une fois avalé sous forme de comprimés ou de yogourt, déclenche la production d’anticorps. Il s’agirait également d’une technologie qui aurait pour avantage de s’adapter aux différentes mutations touchant la fameuse protéine virale qui est reconnue par notre organisme.



À cet effet, des tests ont été menés à la fin de 2020 et l’entreprise est maintenant à l’étape d’accélérer la finalisation du modèle de vaccin au niveau animal. C’est d’ailleurs pour poursuivre cette étape que l’entreprise trifluvienne souhaite obtenir du financement de la part des gouvernements.

«C’est toujours aussi compliqué pour le financement à l’heure actuelle même si on est très avancé dans le processus. D’ailleurs l’objectif qu’on s’était fixé était de faire en sorte que les spicules autour du virus, on puisse les produire à la surface d’un micro-organisme et on a réussi à le faire, donc là, on est rendu à l’étape où un coup de pouce du gouvernement nous aiderait à faire des tests sur les animaux et éventuellement à passer aux phases cliniques.»

Depuis quelques mois toutefois, le processus semble s’éterniser, si bien que le président, Yves Hurtubise, commence à envisager des plans B pour la poursuite de son projet.

«On n’a pas encore eu de portes fermées pour le financement de la part des gouvernements (provincial ou fédéral) et même il y a deux semaines, on a eu un beau clin d’oeil du gouvernement provincial qui nous a demandé plus d’informations sur le vaccin. Donc ça va peut-être être un oui ou un non, mais c’est un peu long. Mais on regarde aussi d’autres approches pour financer ça, car ça serait malheureux d’arrêter. En fait, si on n’a pas d’argent des gouvernements, le plan B est du financement privé avec toutes les conséquences au niveau de la production qui pourrait être ailleurs et c’est ce que je veux éviter. Mon souhait et ma fierté seraient en fait de faire ça à Trois-Rivières. Mais avec un financement privé, je perds ce contrôle-là», soutient M. Hurtubise.



L’idée de lancer une campagne de sociofinancement afin de poursuivre les travaux qui a été mentionnée le mois dernier est également toujours dans les plans à l’heure actuelle, confirme Yves Hurtubise.

«On a développé un probiotique sur lequel on fixe les aiguilles du virus et on l’amène à la surface. Quand tu prends ton probiotique, tu as des récepteurs dans ton corps qui reconnaissent les aiguilles. Le corps pense qu’il est attaqué par un virus, ce qui n’est pas le cas, mais réagit en produisant des anticorps. C’est un leurre», image Yves Hurtubise, le président de l’entreprise.

Des tests ont été menés à la fin de 2020. L’entreprise est maintenant à l’étape d’accélérer la finalisation du modèle de vaccin au niveau animal afin de voir si le produit en développement fonctionne bien. Le financement est toutefois mince pour cette étape et c’est à ce moment que pourrait entrer en scène une campagne de sociofinancement dont l’objectif serait d’amasser un montant qui se situerait vraisemblablement dans les six chiffres.

«On doit faire nos dépenses via nos propres fonds et on doit faire attention. On a besoin de financement. On est à une étape où il y a un vide au point de vue financier. Il n’y a pas de programme de financement au niveau où on se trouve», dit le président.

Yves Hurtubise précise qu’Ulysse a reçu de l’argent public au départ de ce projet qui a servi à ses partenaires institutionnels. De l’argent public existe aussi plus loin dans le processus afin de réaliser certains types d’essais. Mais pour se rendre à cette étape, ça prend de l’argent afin d’augmenter le nombre d’essais sur les souris dans le but d’optimiser la finalisation du modèle.

«Quand on arrive à l’étape de faire des essais certifiés au niveau de Santé Canada, il y a des essais faits dans des laboratoires privés et spécialisés qui ont des protocoles approuvés par les gouvernements. Ça coûte plus cher que les essais sur les animaux faits dans des centres de recherches qui ne sont pas certifiés. Pour voir s’il y a un potentiel, il faut passer par là», ajoute le président.



Ce dernier se donne quelques jours de réflexion avant de décider si oui ou non il prendra la voie du sociofinancement pour financer le développement de son vaccin. Si les travaux arrivent au résultat souhaité, la production pourrait être lancée en 2022 à Trois-Rivières, ce qui entraînerait la création d’emplois et donnerait une belle visibilité à la région.

«Un probiotique ou un yogourt, c’est simple, rappelle M. Hurtubise. C’est un modèle exportable et moins coûteux, car tu n’as pas de chaîne de froid (pour conserver le vaccin à injecter). Tu ne te fais pas piquer. Ça pourrait avoir un impact positif pour les pays en voie de développement.»