«C’est une leucémie plus agressive. La première fois, ça a été six mois d’hospitalisation à Sainte-Justine, à recevoir de la chimiothérapie.»
Son fils avait 8 ans lorsque la maladie a frappé, en juin 2019. Depuis quelque temps, le garçon avait moins d’énergie que d’habitude. Au début, sa mère a mis ça sur le compte de la fin des classes et trop de temps passé devant les écrans, mais la fatigue a continué d’envahir le petit homme qui n’avait plus le goût ni la force de s’amuser comme il aurait dû à cet âge.
Ça fait partie du travail de Mélanie de détecter ce qui ne va pas. En examinant son enfant de plus près, la docteure a découvert des petits points rouges sur son thorax et même sur le palais.
Ces pétéchies n’étaient pas là pour rien. La femme a tout de suite deviné que les plaquettes n’étaient pas normales...
Mélanie s’est tournée vers une bonne amie, médecin de famille, pour demander un bilan sanguin. Elle n’a pas eu besoin qu’on lui explique les résultats inscrits sur la formule déposée entre ses mains.
La Docteure maman a laissé tomber le mot «leucémie» et s’est mise à pleurer. Sa bonne amie aussi.
Tout le monde espérait un autre diagnostic que celui du cancer qui porte également le nom de leucémie myéloïde aiguë.
«Les globules blancs et la leucémie prenaient tellement de place dans la moelle qu’elle n’était plus capable de produire de plaquettes.»
Il fallait maintenant agir par étape, une à la fois.
«Ça va tellement vite quand ça arrive. Tu peux juste négocier avec le moment présent, accompagner le mieux possible», souligne Mélanie dont le conjoint, Mario Pelletier, œuvre également dans le domaine de la santé, à titre de neurochirurgien.
«On a pu aider à trouver des solutions.»
Leur blondinet a été très malade au commencement de la maladie, victime de graves complications mettant sa vie en danger.
«C’était fou... Chaque jour, tu te demandes ce qui va arriver. Il y avait tellement de globules blancs, plus que dix fois la normale.»
Mélanie a été avec fiston 24 h sur 24, isolés ensemble dans la même chambre d’hôpital. Mathieu est devenu en quelque sorte son unique patient.
En décembre 2019, après six mois de chimiothérapie et un quotidien en suspens pour toute la famille, le mot rémission a été prononcé. Mathieu est rentré à la maison tandis que Mélanie a repris ses fonctions de directrice médicale de l’Unité de médecine familiale Saint-Joseph, à Trois-Rivières.
Il lui fallait tout mettre en place en prévision de la pandémie de COVID-19 qui commençait à paraître à l’horizon. «J’ai travaillé 12 heures par jour, six et sept jours par semaine. On ne savait pas à quoi s’attendre.»
La femme a maintenu ce rythme jusqu’en juin 2020, lorsque des petits points rouges sont réapparus sur le corps de Mathieu, un signe que les plaquettes sanguines n’étaient pas suffisamment nombreuses... et que le cancer était de retour.
«Quand ce type de leucémie revient, ce n’est jamais une bonne nouvelle. C’est plus dur à traiter», explique Mélanie.
Après plusieurs autres mois de chimiothérapie et d’hospitalisation, Mathieu a obtenu son laissez-passer pour une greffe de moelle osseuse, le 3 novembre.
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«Un traité de paix fragile signé avec le destin», compare-t-elle.
Mère et fils ont retrouvé leur cocon familial à la mi-décembre, juste à temps pour Noël.
«Une arrivée spectaculaire!», raconte Mélanie avec joie. La maison était illuminée de décorations, une initiative des parents et amis. Un baume pour la Docteure maman qui a tenu à me raconter ceci au sujet des deux interminables séjours de son fils à l’hôpital, à traverser cette tempête avec courage.
«Le premier épisode, on l’a vécu plus seuls dans notre bulle, mais le deuxième, je me suis dit que j’allais le partager avec mon entourage et accepter l’aide offerte parce qu’aider les gens, ça fait du bien! Bref on a eu plein d’attentions, que ce soit des anges qui venaient porter des petits plats pour les filles chaque semaine, des cadeaux pour Mathieu à l’hôpital, du gardiennage, les achats scolaires des filles, l’entretien extérieur de la maison, la professeure préférée de Mathieu qui joue en ligne avec lui, la cabane de rêve dans les arbres, toutes mes charges au travail distribuées...»
Mélanie Gauthier tient à exprimer son immense reconnaissance. Constance aussi.
La préado veut lutter avec et pour son frère contre le cancer. Elle s’inspire de sa mère, une ex-infirmière qui était enceinte de celle-ci au moment d’amorcer ses études en médecine. Mélanie avait la tête dans ses notes de cours entre deux contractions.
«Constance avait seulement cinq jours lors de mon premier examen», sourit celle qui a mis au monde une belle grande fille aussi déterminée que sa mère.
Constance se prépare à relever le Défi têtes rasées de Leucan. Elle souhaite amasser 10 000 $ pour soutenir la recherche en oncologie pédiatrique. L’élève de 1re secondaire est également à même de constater tout le soutien offert par l’organisme aux enfants malades et à leurs proches.
Les dix-huit derniers mois ont été éprouvants pour toute la famille de Mathieu. Pendant que maman était à son chevet, papa a gardé le fort avec les enfants. Tout cela, en pleine pandémie, alors que les visites et les câlins sont interdits.
L’an dernier, Constance s’est déguisée en tirelire de Leucan pour sensibiliser les gens à la cause. Cette année, sa chevelure tombera sous le rasoir.
La grande sœur a hâte de poser ce geste de solidarité prévu en juin, deux ans après le diagnostic qui a changé la vie de Mathieu et des siens.
«Je le fais pour encourager mon frère et les autres enfants malades, pour leur dire qu’ils ne sont pas tout seuls, qu’on sera toujours là pour eux!»
Sa mère a raison. Constance a un grand cœur. Marguerite aussi, la petite sœur de 7 ans qui est toujours partante pour tenir compagnie à son grand frère qui trouve le temps long, loin de l’école et des amis.
Mathieu récupère tranquillement après plusieurs mois de chimiothérapie, suivis d’une greffe de moelle osseuse.
Les tests de suivi sont fréquents. Les plus récentes nouvelles sont bonnes. «Il n’y a pas de traces de maladie résiduelle dans les analyses. On ne voit pas de leucémie», indique Mélanie Gauthier.
La médication affecte la masse musculaire, l’endurance, l’appétit et l’humeur. Ce n’est pas toujours facile de garder le moral. Mathieu ne peut pas courir et jouer comme avant. Il lui arrive de demander: pourquoi moi?
«Même si Damoclès va rester parmi nous pour les trois prochaines années, il faut tenter de l’oublier pour se dire qu’on sera parmi ceux qui auront droit à la vie», lui a récemment écrit sa mère avec tout son amour.
Le chevalier doit se reposer, mais brave comme pas un, il ne refuse jamais un combat amical avec son épée en mousse. Son papa se prête au jeu, suivi des autres membres de sa famille, sa forteresse.
Le rire du garçon retentit chaque fois. Ça fait du bien à tous.
«Comme une musique à nos oreilles», décrit la Docteure maman qui l’a enregistré pour ne jamais oublier ce «rire à ressort».
Disponible sans ordonnance, à volonté.
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