Madame Vrakas, qui a fait de la santé mentale son principal cheval de bataille et champ d’expertise, estime que la «prévalence» de l’anxiété, de la détresse et de la dépression ont de quoi inquiéter.
Selon le coup de sonde, 46% des gens interrogés souffrent d’ennui, 29% de solitude, 15% de dépression et 13% sont sujets à des crises de colère. Des sentiments qui sont exacerbés plus la pandémie s’étire.
«Ce qui ressort, c’est que les gens ne vont pas bien!», lance Georgia Vrakas, d’entrée de jeu.
«Ces sentiments empirent avec le temps. Je le vois entre autres avec les étudiants universitaires à qui j’enseigne : la détresse est importante, ça me trouble beaucoup. C’est difficile de suivre des cours en ligne, d’être attentifs», souligne-t-elle.
«Nous sommes des êtres sociaux. Les contacts et les contacts physiques, on les enlève aux gens. Ce sont des choses très importantes. On a beau s’adapter, mais c’est différent. Les rencontres Zoom, les 5 à 7 virtuels, on n’est plus capables! On est toujours derrière notre ordinateur», explique la professeure de l’UQTR.
«La détresse, on voit qu’elle augmente. Particulièrement chez les 18-24 ans», complète-t-elle.
Entre première et deuxième vague
Le sondage de Navigator révèle par ailleurs que 43% des répondants estiment se sentir «un peu moins bien» ou «beaucoup moins bien» depuis le début de la deuxième vague.
Pour Georgia Vrakas, l’usure du temps commence réellement à faire son œuvre.
«C’est plus difficile pour les gens de faire confiance au gouvernement quand les décisions changent. Se faire retirer des droits, ce n’est pas évident sur le moral.»
Ce moral est sans cesse exposé aux flux de nouvelles, un autre élément qui peut parfois jouer dans la balance.
«Il faut lire ce qui se passe, mais pas trop, car ce n’est pas toujours encourageant et si on parle juste du négatif, on n’y arrivera pas. C’est assurément inquiétant», exprime-t-elle.
Pour la professeure du campus de Québec de l’UQTR, il faut trouver une façon de donner de l’espoir aux gens.
«C’est vraiment important. On en a besoin. Il faut se demander ce qu’on peut faire pour aider sur cet aspect.»
Madame Vrakas va d’ailleurs jusqu’à suggérer une présence plus importante du thème de la santé mentale dans les points de presse donnés par la Santé publique.
«On parle de plus en plus de santé mentale, mais c’est une mauvaise nouvelle parce que ça veut dire que ça va mal! Ce qui serait rassurant, c’est qu’il y ait toujours un point ‘’santé mentale’’ lors des points de presse. La santé mentale fait partie de la santé publique!», s’exclame-t-elle.
Celle qui œuvre au département de psychoéducation de l’université trifluvienne estime qu’une présence du ministre délégué à la Santé et aux Services sociaux Lionel Carmant pourrait faire une différence lors des allocutions quotidiennes du gouvernement, notamment.
Elle est également d’avis que des équipes mobiles de santé qui se déplaceraient sur le terrain pour aller à la rencontre des gens, pour discuter avec eux, seraient assurément une valeur ajoutée.
«Il faut travailler en amont. La détresse, on le voit qu’elle augmente», répète l’experte, qui rappelle l'urgence d'agir.