Frédéric Dion: grimper le mont Logan en luttant contre la COVID

Frédéric Dion est aventurier professionnel depuis 18 ans.

Trois-Rivières — Décidément, il n’y a rien pour arrêter Frédéric Dion. En plus de se préparer intensément à sa traversée du plus haut sommet du Canada, le mont Logan au Yukon, l’aventurier a décidé de contribuer, lui aussi, à lutter contre la COVID-19. Il y a quelques jours, il a en effet terminé sa formation après s’être inscrit sur le site gouvernemental Je Contribue. Le voici maintenant dans la banque de volontaires pour aller prêter main-forte au milieu hospitalier.


Le jeune homme souligne qu’il a l’appui de sa femme et de ses filles. Il ne s’agit pas d’un changement de carrière, précise-t-il, mais plutôt d’un geste d’entraide.

Frédéric Dion ne craint pas que cette implication, qui le rapprochera des endroits où la COVID-19 risque d’être plus présente qu’ailleurs, mette en péril son projet au mont Logan s’il venait à contracter lui-même le virus.



«Je suis un aventurier. La peur, j’ai appris à la gérer. Il y a des formations, des procédures, des façons de faire. J’ai des amis qui travaillent dans le système de santé et ils n’ont pas eu la COVID», fait-il valoir.

«À chaque fois qu’on essaie d’aller un peu plus loin que le chemin qu’on a déjà fait, on gagne en confiance en soi et en estime», explique-t-il. «Aller travailler dans le système de la santé ça me fait bien plus peur que d’aller sur le mont Logan», avoue-t-il. «C’est de l’inconnu. L’humain a peur de l’inconnu. Est-ce que je vais être à la hauteur?» se demande-t-il. «Le geste de confiance vient avant le gain de confiance», fait-il valoir avec la philosophie qu’on lui connaît bien. «Si tu veux avoir un gain de confiance, tu n’as pas le choix de t’exposer, de briser ton équilibre. C’est mon message», rappelle-t-il.

Alors que les moyens de se préparer à son défi au mont Logan, en mai, sont limités en temps de pandémie, voici comment il s’entraînera.

Les 16 et 17 février, Frédéric Dion fera 24 heures d’ascension sans interruption sur tapis roulant à sa résidence. Les 26 et 27 février, il fera 24 heures de ski de fond sur sa propriété et les 9 et 10 mars, il fera 24 heures d’escalade de glace chez Maïkan Aventure à Trois-Rivières.



On peut prévoir que cet athlète réussira ces trois entraînements les deux mains dans le dos, car il a déjà, dans le passé, fait 24 heures de course en montagne, deux fois 24 heures de cerf-volant à traction, 24 heures de combo kayak-vélo, sans compter 16 heures consécutives de course à pied, rappelle-t-il.

Ces quelques épreuves préparatoires ne visent pas seulement à l’endurcir physiquement en vue d’un défi beaucoup plus grand au Yukon, en mai prochain, mais aussi à tester sa force psychologique.

C’est que l’expédition Tempête Yukon à laquelle il prendra part en compagnie de l’aventurier Bruno-Pierre Couture, en mai, ne sera pas une mince affaire.

L’aventure se déroulera sur le mont Logan, à 5959 mètres d’altitude. Les deux athlètes entendent traverser le plateau sommital en skis tractés par un cerf-volant. Ce plateau de glace compte une superficie de 50 kilomètres carrés.

Cette région du Grand Nord canadien est frappée, en moyenne, par 300 jours de mauvais temps chaque année et les températures peuvent y descendre jusqu’à - 50 degrés Celsius.

Même si ce grand défi rappelle un peu sa fameuse expédition de 4300 kilomètres Antarctique Solo, en 2015, l’aventurier explique que cette fois, «je devrai surmonter des difficultés jamais rencontrées auparavant. Je n’ai jamais tenté encore de faire du cerf-volant à plus de 5000 mètres d’altitude en présence de crevasses. Je vais dépasser mes limites», prévoit-il.



«Le risque est dans la personne qui le voit», fait-il valoir. «Je suis un professionnel de l’aventure depuis 18 ans. Ce genre d’endroit ne me fait pas peur. Il m’attire», explique-t-il.

Frédéric Dion avoue qu’il y a eu des moments, au cours de ses aventures, «où je me suis dit que j’étais peut-être allé trop loin. Est-ce que je vais mourir? Mais ça dure le temps d’un flash. Après, tu sors de l’émotion et tu tombes dans la logique. Je m’étais préparé à ça», plaide-t-il.

Ce nouveau défi que se lancent Frédéric Dion et Bruno-Pierre Couture sollicitera l’expérience combinée des deux aventuriers qui devront d’abord faire l’ascension de l’arête ouest du mont Logan, dans le parc national Kluane. Les deux hommes prévoient passer cinq semaines sur place pour compléter leur défi.

Seulement une trentaine d’alpinistes tentent l’ascension de ce sommet chaque année.

Frédéric Dion est également l’ambassadeur 2021, pour le Québec, du Défi Everest . Il invite les gens qui désirent mettre l’activité physique au cœur de leur quotidien à s’inscrire au défi des Camps de l’Everest afin de repousser leurs propres limites, ce qui leur permettra d’appuyer financièrement diverses organisations du Québec.

«Ça m’a pris 5h30. Ç’a été mieux que je pensais. Je me suis ‘’planté’’ en vélo de montagne il y a dix jours et j’ai un bleu qui part du haut du dos à qui va jusqu’à ma cuisse. Je pensais donc que ça serait pénible en commençant ce matin, mais ça ne m’a pas causé de problème d’un point de vue mécanique», raconte l’aventurier dont l’ascension réelle du mont Everest ne fait pas partie de ses faits d’armes.

Mercredi, ce sera au tour de ses coéquipiers Yvan L’Heureux (Rivière-du-Loup), Hélène Dumais (Terrebonne) et Ovide Clouet (Gaspé) de s’attaquer eux aussi à leur défi de 2200 mètres. Ils le feront respectivement en sautant sur un «box jump» de 75 centimètres de haut le plus grand nombre de fois possible, en grimpant des cordes, des filets ainsi que des échelles et en montant une pente abrupte en vélo à répétition.

«Les plus grandes aventures deviennent possibles à partir du moment où on se fixe un objectif et qu’on progresse un pas à la fois. Gravir l’équivalent de la plus haute montagne sur terre seul ou en équipe, c’est une expérience qui reflète parfaitement cette façon d’accéder au succès. Cette année, on repousse nos limites en atteignant les distances dans des contextes hors de l’ordinaire», mentionne Frédéric Dion en précisant que toute la population est invitée à prendre part à ce défi virtuel tout au long du mois de septembre.



Toutes les équipes inscrites au défi, qui a comme objectif l’amélioration et le maintien d’une bonne forme physique ainsi que l’aide à autrui par un acte d’entraide et de générosité, doivent effectuer une collecte de fonds, qui seront remis à 100 % à l’organisme de leur choix.

Il est possible d’encourager Frédéric Dion et ses coéquipiers en se rendant au http://www.defieverest.com et en faisant un don à l’équipe «Les Aventuriers».