Sa nomination était très attendue, alors qu’un sondage révélait que 71% des professeurs de l’UQTR étaient favorables à sa nomination, en septembre dernier. Un exercice qui avait été mené quelques semaines après qu’il eut exposé sa vision avec la communauté universitaire de Trois-Rivières.
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Joint par Le Nouvelliste, en soirée, le président du syndicat des professeurs, Gilles Bronchti, semblait très enthousiaste à la nomination de celui qui exerçait les fonctions de doyen de la Faculté de l’éducation permanente de l’Université de Montréal depuis 2011. «Les échos que nous avons, c’est que les gens de là-bas vont le regretter. Alors que nous allons y gagner.»
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Il ajoute que Christian Blanchette avait fait très bonne impression lors de sa rencontre avec la communauté universitaire. «Il semble très ouvert à la discussion, a-t-il commenté. Les professeurs ont également été rassurés par son intérêt pour la vie académique et la mission de recherche et d’enseignement, alors que son prédécesseur avait une vision purement comptable.»
Il semble très ouvert à la discussion. Les professeurs ont également été rassurés par son intérêt pour la vie académique et la mission de recherche et d’enseignement, alors que son prédécesseur avait une vision purement comptable
Le président du syndicat des professeurs estime tout de même que la mission du prochain recteur sera énorme. «Il faudra d’abord qu’il prenne en main son équipe et qu’il exerce son leadership pour les convaincre de le suivre et d’orienter l’université vers sa mission académique, soutient-il. Il faudra aussi qu’il rencontre tout le monde pour retisser les liens. Parce que même dans les autres cadres d’emplois, il y a beaucoup de réticences.»
Celui qui entrera en poste dans quelques jours avait d’ailleurs insisté sur le lien de confiance entre l’administration et les professeurs qui est, disait-il, «le plus grand levier du développement de l’Université. Un lien qui avait été fortement ébranlé par le lock-out qui avait éclaté en mai 2018. Il avait aussi soulevé l’importance du dialogue et de la collégialité.
Christian Blanchette avait également fait part de son intention de faire passer l’expérience étudiante «d’excellente à exceptionnelle». Ce qui est plus facilement réalisable, selon lui, dans des universités de plus petite taille comme l’UQTR.
Les professeurs qui occupent des postes de direction (direction de département, de programme, d’un centre de recherche, d’un institut de recherche, d’une école ou chefs de section) sont moins favorables que les professeurs sans poste de direction.
Seulement 44 % des professeurs qui occupent un poste de direction sont en effet favorables à cette candidature par rapport à 64 % du côté des professeurs qui n’en ont pas.
Toutefois, parmi ceux qui sont très favorables à la candidature de M. Blanchette, 22 % occupent un poste de direction par rapport à 10 % chez ceux qui n’en ont pas.
Parmi les commentaires rédigés par les répondants, on reproche à M. Blanchette de ne pas avoir été clair lorsqu’on lui avait demandé s’il allait recourir à un lock-out lors de négociations.
Les professeurs lui reconnaissent ses expériences en gestion, mais estiment que son expérience en recherche est limitée. Or, les professeurs ont toujours insisté sur le fait que le recteur doit avoir une solide expérience en recherche pour bien s’acquitter de son rôle. «Nous travaillons depuis toujours pour nous faire reconnaître au Québec comme une université où la recherche est aussi prioritaire que l’enseignement», fait valoir un des répondants. «Nous y avons mis beaucoup d’effort comme communauté. Malgré son discours. J’ai une crainte que l’Université ne bascule, avec l’aide de nos vice-recteurs, vers une université d’enseignement électronique. La pandémie est un bon temps pour prendre cette orientation», résume ce professeur.
L’expérience de M. Blanchette en formation à distance fait craindre à un autre répondant qu’on fasse de l’UQTR une université de cours en ligne.
De nombreux professeurs sont déçus de ne pas avoir affaire à une élection, mais plutôt à une nomination car cette façon de faire les prive de faire la comparaison entre les meilleures candidatures.
Le processus employé pour trouver un nouveau recteur consiste en effet à ne présenter qu’une personne à la fois, soit le candidat jugé le meilleur par le comité de sélection. Si cette personne franchit toutes les étapes d’acceptation, dont l’assentiment de la communauté universitaire et la nomination par le gouvernement, elle occupera le poste. Si sa candidature ne franchit pas toutes les étapes, on présente alors un nouveau candidat et le processus sera répété.
Ce procédé irrite de nombreux répondants. «Je trouve inacceptable qu’on ne nous présente qu’un seul candidat pour ce poste important», souligne un des répondants.
Comme l’a expliqué au Nouvelliste le recteur actuel, Daniel McMahon, s’il y avait élections entre plusieurs candidats, les perdants pourraient se retrouver dans une position délicate. Leur désir d’occuper ce nouveau poste pourrait laisser croire, en effet, qu’ils ont envie de quitter leur position actuelle, fait-il valoir.
M. Blanchette reçoit quelques fleurs parmi les critiques des professeurs. «Ce candidat m’a convaincu de sa grande expertise et de son sincère désir de s’engager à nous accompagner à relever les défis pour autant que nous soyons tous engagés à ouvrir les canaux de communication», écrit un répondant. Un autre souligne son expérience de gestion, une autre son dynamisme et sa souplesse. On se réjouit du fait qu’il «partage notre valeur fondamentale de collégialité».
«La manière dont il a répondu aux questions lors de ses rencontres avec la communauté universitaire m’a persuadé que c’était, au meilleur sens du terme, un excellent politicien, autrement dit, un homme capable de rassembler», commente un autre professeur.
Un autre répondant estime que M. Blanchette «devra redorer le blason de l’administration avec les professeurs et infléchir une courbe d’irrespect envers le corps professoral qui perdure depuis 2007-2008 (…), courbe qui a atteint son paroxysme avec l’inique lock-out.»