UQTR: 19 M$ pour le futur Centre national intégré du manufacturier intelligent

L’édifice sera construit sur le nouveau campus de l’UQTR.

Drummondville — Le gouvernement du Québec vient d’annoncer l’octroi de plus de 19 M$ pour la construction du futur Centre national intégré du manufacturier intelligent (CNIMI) que veut créer l’UQTR sur son nouveau campus de Drummondville en partenariat avec le Cégep de Drummondville.


Il s’agit d’un projet totalisant près de 31,5 M$ qui vise l’instauration d’un pôle d’expertise afin de répondre aux besoins en recherche et en développement des entreprises manufacturières, à améliorer l’offre de formation dans le secteur de la fabrication et à renforcer les perspectives d’avenir du secteur manufacturier québécois.

Le projet est très rassembleur, à Drummondville, puisqu’il rallie également la Ville de Drummondville, la Société de développement économique, la Chambre de commerce et d’industrie ainsi que des entrepreneurs de la ville.



Le recteur, Daniel McMahon, rappelle qu’il s’agit d’un projet «totalement novateur puisque l’on met ensemble les forces vives du Cégep et de l’Université pour non seulement la formation, mais également la recherche et l’aide aux entreprises», résume-t-il.

Notons que le montage financier de ce projet sera complété par la Fondation de l’UQTR qui est présentement en campagne afin de lever 7,5 M$ auprès des entreprises et industries. «On es rendu à plus de 6 M$ confirmés», se réjouit le recteur. Le Cégep, l’UQTR ainsi que de très gros équipementiers internationaux contribuent aussi au financement. On vise en effet «une vitrine technologique et on peut avoir des bancs d’essai avec les entreprises, avec les chercheurs, les étudiants et les programmes de formation», explique la directrice du Cégep de Drummondville, Brigitte Bourdages.

Le déboisement du terrain a été réalisé au cours de l’été. Le bâtiment d’un étage sera construit à côté du premier et seul bâtiment du campus de l’UQTR à Drummondville. Le contrat a été octroyé à la firme Beauvet et Verret de Québec. Les travaux sont sur le point de commencer et le bâtiment devrait être prêt pour la session de janvier 2022. L’édifice aura plusieurs vocations soit l’enseignement, la recherche, l’incubation d’entreprises ainsi que la valorisation et le transfert de technologies.

Au niveau collégial, la formation sera de type dual, c’est-à-dire que l’apprentissage se fera au moins à 50 % en entreprise, précise Mme Bourdages.



«La formation permettra aux étudiants une entrée variable et une sortie continue en fluidité de parcours avec reconnaissance des acquis et compétences», dit-elle. «Les étudiants qui arrivent du parcours peuvent décider d’arrêter leur formation qualifiante après qu’ils soient diplômés, aller sur le marché du travail, revenir ensuite au collégial, faire une formation qualifiante (…) puis migrer vers la passerelle dec-bac qu’on est à développer en mode dual avec l’UQTR et poursuivre un programme à l’Université, tout ça entrecoupé de passages en entreprise et de perfectionnement», illustre-t-elle. Tout cela s’intègre aussi dans un volet de recherche.

«C’est un écosystème de formation», résume M. McMahon. Pour l’instant, la priorité sera donnée aux entreprises du Centre-du-Québec et de la Mauricie, mais le recteur souligne que le mot «national», fait partie du nom du CNIMI. «Donc, vous voyez nos aspirations», dit-il. «On a 47 chercheurs qui se sont manifestés à l’intérieur de l’équipe de recherche. On va déborder le cadre local éventuellement», assure-t-il.

Le CNIMI travaillera également avec la cinquantaine de centres de transfert technologique des cégeps. «On nous a demandé de ne pas dédoubler ce qui se faisait déjà», explique Mme Bourdages.

«Le CNIMI est un précieux allié pour les fabricants du Québec qui souhaitent moderniser leurs processus et demeurer compétitifs», fait valoir le ministre de l’Économie et de l’Innovation, Pierre Fitzgibbon.

La ministre de l’Enseignement supérieur, Danielle McCann, croit de son côté que ce nouveau projet «aura une influence sur le taux de diplomation et contribuera grandement à répondre aux besoins croissants de main-d’oeuvre qualifiée.»

«Ce centre, qui intégrera notamment un centre d’expertise industrielle, offrira un accès à des laboratoires d’expérimentation et à des lieux d’apprentissage modernes, en plus de guider les entrepreneurs vers les bonnes ressources pour le développement de leurs projets», signale de son côté le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale Jean Boulet.



Le CNIMI fera partie du Réseau des centres d’expertise industrielle.

Ça va toucher les deux rives, autant la Mauricie que le Centre-du-Québec. C’est quelque chose qui pourrait donner toute une teinte à l’UQTR en tant que grande université.

«Pour 1 $ d’investissement du gouvernement, on va avoir 0,73 $ qui vont être investis par le privé», signale le directeur. La Ville de Drummondville, catalyseur de ce projet sur le plan politique, a déjà promis 1 million $ si le gouvernement s’engage dans le projet et plusieurs grandes entreprises veulent également collaborer.

«On est en pénurie de main-d’oeuvre», rappelle M. Gagnon. Les manufacturiers «voient ça comme une issue. On va être en pénurie de main-d’oeuvre pendant encore 10 ans, donc une transition doit se faire en partie vers l’automatisation, la robotisation des procédés», fait-il valoir, d’où l’intérêt marqué pour ce projet d’envergure.

«On a déjà la signature d’une première entente avec la société Siemens pour 1,6 million $ en équipements et logiciels», ajoute le directeur.

Une grande consultation a eu lieu en 2015, au Centre-du-Québec, sur l’avenir de Drummondville. La construction d’un centre d’excellence en productivité manufacturière était ressortie comme projet prioritaire. À l’approche de l’ère 4.0 du secteur industriel qui sera axée sur le numérique, il est devenu clair qu’il fallait «aider les entrepreneurs à connecter technologie, expertise et financement pour leurs projets», dit-il. C’est alors qu’est née l’idée du CNIMI et que l’UQTR est entrée en scène. «On a eu une entente de collaboration pour que nos projets convergent», indique M. Gagnon.

Le Cégep de Drummondville, l’UQTR, la Ville de Drummondville, la Chambre de commerce, la Société de développement économique ont rapidement uni leurs forces pour mettre en branle ce projet.

Pour la Ville de Drummondville, cela arrive à point puisqu’en septembre dernier, son Comité de pilotage sur le développement du secteur tertiaire déposait justement un rapport suggérant diverses stratégies pour favoriser la tertiarisation de son économie. Parmi elles, le CNIMI «deviendra un catalyseur important entre les entreprises et les secteurs de l’éducation, de l’économie, de l’innovation, de la recherche et de l’entrepreneuriat», peut-on lire sur le site web de la Ville.



«On veut commencer à attirer du tertiaire, au Centre-du-Québec, rehausser les salaires moyens et faire en sorte que l’on ait une économie encore plus diversifiée», résume M. Gagnon.

Le projet attire déjà des acteurs du secteur tertiaire, «notamment CGI», dit-il. En octobre dernier, cette entreprise annonçait l’ouverture prochaine d’un centre d’excellence à Drummondville et la création de 300 emplois de haute technologie en 5 ans.

Le projet du CNIMI compte quatre volets, explique M. Gagnon. Le premier a trait à l’éducation. Le programme d’éducation du CNIMI «sera dual», explique M. Gagnon. «Cela signifie que l’étudiant en génie va passer jusqu’à 2800 heures à obtenir des crédits en industrie», devenant éventuellement une ressource à embaucher.

«Ça a une capacité immense de rétention» de la main-d’œuvre dans la région, fait-il valoir.

Par conséquent, «les gens de l’UQTR ont à repenser l’éducation, à la rendre plus agile en fonction des besoins. Dans le domaine du génie, les technologies tournent très rapidement. On est un peu dans un laboratoire du point de vue de l’éducation. On veut faire de l’innovation en termes d’éducation pour s’assurer que le modèle UQTR va être axé sur l’agilité. Ça va toucher les deux rives, autant la Mauricie que le Centre-du-Québec. C’est quelque chose qui pourrait donner toute une teinte à l’UQTR en tant que grande université», prévoit M. Gagnon.

Grâce à la collaboration avec le Cégep de Drummondville, un étudiant pourrait faire sa technique en génie mécanique au Cégep et son baccalauréat de 4 ans au CNIMI dans les deux cas. D’autres formations en génie électrique, informatique et industriel sont prévues dans l’avenir.

Le CNIMI ne sera donc pas un Centre collégial de transfert technologique, mais plutôt un Centre collégial et universitaire de transfert technologique, souligne M. Gagnon. «Des pans de recherche seront mis au service des entreprises», dit-il.

Avec le troisième volet du projet, soit le Centre d’excellence en productivité manufacturière, il y aura création d’un pont naturel entre l’économie et l’éducation en étant «très terrain pour comprendre les besoins de l’industrie» et «tisser des liens avec le monde de l’éducation», dit-il. On parlera alors, par exemple, de montages de projets de recherche, organisations de stages et services aux entreprises.

Dans le bâtiment, on trouvera «un laboratoire qui va être grandiose», dévoile le directeur du projet. Des technologies nouvelles y seront en démonstration pour les industriels.

Le futur pavillon sera composé d’une vaste usine laboratoire, de quelques classes sèches ainsi que d’espaces réservés à la collaboration, au développement, à la recherche et à la découverte.