La consécration d’une longue carrière pour Michel Boucher

Michel Boucher

TROIS-RIVIÈRES— Il y a un peu de la Mauricie dans la conquête de la Coupe Stanley par le Lightning lundi soir.


Le Trifluvien Michel Boucher travaille comme dépisteur pour la concession de Tampa Bay depuis une décennie, après des séjours dans le même fauteuil avec le Canadien de Montréal et les Kings de Los Angeles. C’est avec beaucoup d’émotions qu’il a vu son équipe soulever le célèbre trophée dans la bulle à Edmonton.

«Quand j’étais jeune, les tablettes et les téléphones intelligents, ça n’existait pas. L’été, on jouait au baseball, l’hiver au hockey. J’en ai gagné un paquet de Coupes Stanley dans les rues! De le faire pour vrai, ce fut très émouvant», confiait Boucher, qui a ouvert une bonne bouteille avec son épouse pour célébrer ce moment, avant de converser via Zoom avec ses filles. «Je me suis couché heureux et en même temps vidé, car il y a eu beaucoup de matchs stressants depuis le début des séries. Cette conquête, c’est la concrétisation d’une vie.»

Bien sûr, dans un monde idéal, il aurait vécu ce moment unique dans son parcours avec ses collègues, à Tampa ou à Dallas. «J’aurais aimé ça, évidemment. Quand j’ai gagné le championnat de la saison avec les Draveurs à l’époque, ça s’était passé à Chicoutimi et nous avions été fous! Je me doute un peu à quoi ça aurait pu ressembler comme fête. Mais bon, on comprend tous le contexte, et ça ne change rien à l’exploit.»

D’entraîneur à recruteur

Ce job de recruteur, Boucher l’a choisi. Ses premières armes dans le milieu ont été réalisées comme entraîneur adjoint avec les Patriotes en 1974, avant de prendre les guides de l’équipe. Il a aussi dirigé les Gee Gees d’Ottawa et les Draveurs dans la LHJMQ. «Puis avec Dany Dubé et Clément Jodoin, j’ai été invité en entrevue par Hockey Canada pour le poste d’entraîneur-chef. J’y suis allé, mais je leur ai dit que je ne voulais plus être entraîneur et que je préférais détecter le talent. C’est Hockey Canada qui m’a offert ma première chance dans le domaine, en 1990.»

Après avoir été à l’emploi des Kings et du Canadien, Boucher est embauché par le Lightning pour préparer la séance de sélection de 2011. En septième ronde, Boucher pousse fort la candidature d’un certain Ondrej Palat, au point où Steve Yzerman réalise une transaction pour mettre la main sur l’un des derniers choix de la journée. Ce fut un coup de circuit! «C’est sûrement la contribution dont je suis le plus fier», admet Boucher. «Quand tu as la chance de pouvoir recommander un joueur à ton arrivée dans une organisation et que celui-ci s’avère être une bonne sélection, disons que tu réussis la première impression. On t’écoute davantage par la suite quand tu recommandes un joueur. Je n’ai pas eu cette opportunité avec le Canadien…»

Au sein du Lightning, la LHJMQ est fort bien représentée. Outre Palat, il y a les Kucherov, Paquette, Gourde, Joseph. «C’est un travail d’équipe, un travail à la chaîne. Je suis à la base, j’émets des rapports. Ensuite, il y a des gens au-dessus de moi qui prennent les décisions. Puis il y a une question de développement, de timing. Le recruteur régional, c’est juste une pièce du casse-tête», émet-il humblement.

En ce lendemain de conquête, Boucher préfère braquer les projecteurs sur les hommes de Jon Cooper, qui ont su se relever après la dure élimination en première ronde des séries l’an dernier. «Les joueurs se sont parlé après cette défaite. Ils ont compris qu’ils devaient oublier qu’ils étaient 23 joueurs, pour n’en former qu’un. À partir de là, on a senti un engagement total de leur part. Julien (Brisebois) a su, aussi, greffer de bons soldats au noyau ces derniers mois. Ajoute un peu de chance là-dedans et on a une soirée magique comme celle de lundi!»