Au mois de mars 2020, alors qu’il restait encore beaucoup de chemin à parcourir pour trouver un accord, la Covid-19 est venue brasser les cartes. Depuis, les données ne sont plus les mêmes et une nouvelle partie s’est engagée sur de nouvelles donnes. Mais, pour comprendre la situation actuelle dans les négociations, un petit retour au temps d’avant la pandémie est nécessaire.
Des négociations «habituelles»
En vertu du Code du travail, les parties doivent négocier le renouvellement de leurs conventions collectives cinq mois avant leur échéance. Ainsi, dès la fin octobre 2019, le processus s’est mis en route. Si les deux dernières rondes de négociations, celles de 2009-2010 et de 2014-2015, visaient avant tout, pour les syndiqués, à préserver leurs acquis, devant la volonté d’austérité du gouvernement libéral, le contexte était bien différent l’automne dernier.
L’économie allait bien, le gouvernement venait d’annoncer d’importants surplus. Toutefois, un taux de chômage historiquement bas provoquait une pénurie de main-d’œuvre qui freinait la -croissance économique. Déjà, le manque de personnel dans le milieu scolaire, un peu, mais -surtout dans le milieu hospitalier inquiétait.
Face au gouvernement, pour cette ronde de négociations de près de 11 conventions collectives qui influent sur les conditions de travail de 500 000 employés, les syndicats ne présentaient pas de front commun cette fois, contrairement à 2014-2015. Malgré cela, ils allaient tous dans la même direction, ils demandaient un rattrapage salarial conséquent.
Un fossé entre les offres patronales et les demandes syndicales
«Il faut combler le fossé salarial qui sépare la fonction publique du reste du Québec. Nous revendiquons des salaires au moins comparables à ceux des autres travailleurs du Québec occupant des emplois équivalents. À fonction égale, salaire égal», avançait, par exemple, le président général du Syndicat de la fonction publique du Québec (SFPQ), Christian Daigle. La FTQ demandait, en décembre 2019, une augmentation générale de 4,1% par année sur trois ans, par exemple.
«Les employés de la fonction publique, il va falloir s’en tenir autour de l’inflation. Les surplus appartiennent aux Québécois, ils n’appartiennent pas aux groupes de pression, ils n’appartiennent pas aux syndicats», déclarait François Legault avant l’ouverture des négociations.
De son côté, le président du Conseil du Trésor d’alors, Christian Dubé, s’il ouvrait la porte à des augmentations plus substantielles pour des catégories de personnel bien définies comme certains enseignants ou les préposés aux bénéficiaires, par exemple, n’offrait que 7% sur cinq ans.
La table était mise. La partie pouvait commencer. Peu de choses avaient bougé lorsqu’un certain coronavirus est venu bouleverser la donne…