Rentrée d’automne à l’UQTR: «Personne n’aura une formation diluée» 

Le recteur de l’UQTR, Daniel McMahon, en point de presse mercredi matin.

TROIS-RIVIÈRES — C’était au tour de l’UQTR, mercredi, de vivre sa rentrée d’automne en contexte de pandémie. 


Bien que les chiffres officiels concernant le nombre d’étudiants ne seront connus que vers la mi-septembre, «tous les voyants sont au vert. On va avoir plus d’étudiants que l’année passée», peut déjà annoncer le recteur, Daniel McMahon.

Ce dernier en paraît fort heureux car n’oublions pas que seulement 25 % à 30 % des activités académiques se tiendront sur le campus, au cours de la session, à cause des mesures de distanciation sociale. Les autres formations seront donc dispensées en ligne, ce qui faisait craindre, au départ, une certaine baisse d’intérêt de la clientèle. Or, ces craintes sont maintenant dissipées si l’on en croit les chiffres encourageants de recrutement qui seront dévoilés sous peu.

Pour faire taire les présomptions, le recteur a tenu à souligner que «les cours à distance ne sont pas des cours à rabais. Je m’excuse, mais un cours à distance est pas mal plus exigeant à préparer qu’un cours en présentiel», soutient-il.

«Le pari qu’on a pris c’est que les étudiants, à cette session-ci, vont avoir des cours de qualité égale ou supérieure à ce qu’ils ont déjà eus. Personne n’aura une formation diluée», promet-il et remerciant les professeurs et les chargés de cours, de même que les services de pédagogie et des technologies de l’information. «Des efforts colossaux ont été faits pour garantir la qualité des formations et de l’interaction qui doit obligatoirement avoir lieu avec les étudiants», assure-t-il.

EN TOUTE SÉCURITÉ

Daniel McMahon attribue la hausse prévue du nombre d’étudiants, même si elle sera légère dit-il, au fait que l’UQTR est notamment capable d’assurer une session en toute sécurité aux étudiants, face à la COVID-19, grâce à la série de mesures imposées par les différentes instances de santé publique et gouvernementales qui, dans les universités aussi ont été très souvent bonifiées à la dernière minute, ces jours-ci.

Outre le couvre-visage et la désinfection des mains, les gens qui fréquenteront le campus devront aussi répondre quotidiennement à un questionnaire d’autoévaluation de santé permettant de s’assurer qu’ils ne sont pas malades.

Une formation obligatoire et un guide ont également été fournis au personnel et aux étudiants à cet effet, indique le recteur.

Un sondage pancanadien effectué en mars, puis en avril et en juin à ce sujet avait révélé que les étudiants étaient prêts à retourner sur les campus à condition qu’on leur garantisse la sécurité en matière sanitaire.

Faute d’espace pour assurer la distanciation sociale dans les classes, l’UQTR a dû opter pour un mélange de cours en présentiel, en hybride et à distance.

«Notre deuxième priorité est la réussite étudiante», ajoute le recteur.

INTERACTIONS PERSONNELLES

«On a pris de l’expérience avec la session d’hiver et la session d’été», rappelle-t-il. C’est pourquoi «des mesures particulières ont été prises, des directives particulières ont été convenues avec tous les professeurs et les chargés de cours pour garantir un minimum d’interactions personnelles avec les étudiants» afin d’assurer que la qualité de l’enseignement soit maintenue, voire améliorée, souligne-t-il.

«Tous les services sont accessibles à 100 %», assure le recteur, que ce soit la bibliothèque ou le CAPS.

Bien entendu, pour éviter les rassemblements de plus de 250 personnes, l’UQTR n’a pas tenu sa traditionnelle journée d’accueil des nouveaux étudiants dans le gymnase du CAPS. Le recteur promet toutefois la tenue d’un spectacle de la rentrée dont les détails seront annoncés jeudi.

Un système d’accueil avec distanciation a été aménagé dans le Hall Gilles-Boulet pour permettre aux étudiants de s’inscrire, de poser des questions, d’aller se procurer un permis de stationnement et autres détails de dernière minute.

Antoine Belisle-Cyr, président de l’AGEUQTR.

COURS ENREGISTRÉS

L’Association générale des étudiants de l’UQTR et son président, Antoine Belisle-Cyr, éprouvent certaines inquiétudes au sujet de la santé psychologique des étudiants et des étudiantes qui, une fois de plus, vivront une bonne partie de leurs études à la maison.

À ce chapitre, le recteur rappelle que l’UQTR a reçu du gouvernement une enveloppe spéciale pour les services psychosociaux. «Il est vrai qu’il y a de l’anxiété», concède le recteur. «Il y en a même pour le personnel», dit-il, face à ce retour en présentiel. Des services seront donc disponibles pour les étudiants et les employés.

Au départ, l’AGEUQTR ignorait que la plupart des cours seraient enregistrés et des préoccupations «venaient d’étudiants à la maison qui n’avaient pas un milieu adéquat pour suivre un cours à distance, par exemple, des étudiants qui ont des familles, des enfants. Des inquiétudes venaient également de la part des étudiants internationaux qui suivront leur formation depuis leur pays, donc qui risquaient de subir un décalage horaire important. L’AGEUQTR redoutait que certains de ces étudiants aient à se lever à 2 h du matin pour suivre leurs formations. Or, l’annonce faite par le recteur à l’effet que les cours seront enregistrés et qu’il est donc possible d’y avoir accès en différé «est une bonne nouvelle pour les étudiants», se réjouit M. Belisle-Cyr.

PÉTITION

D’autre part, l’AGEUQTR fera circuler, pour quelques semaines encore, une pétition concernant les frais indirects obligatoires qui font monter la facture des inscriptions.

L'AGEUQTR conteste en effet la décision de l'administration de l'UQTR d'appliquer des frais auxquels la majorité des étudiants n'auront pas accès.

À ce sujet, le recteur McMahon s’est montré inflexible, mercredi matin, en citant l’exemple de l’assurance emploi qu’il a payée durant toutes ses années actives au travail sans pourtant ne jamais avoir eu besoin d’en bénéficier.

«En tout respect pour le recteur, pendant ces 42 ans, il a toujours accès au service de l’assurance-emploi alors qu’en ce moment, les étudiants n’ont pas tous accès au centre d’activités physiques», plaide le président de l’AGEUQTR en citant l’exemple des étudiants internationaux qui paient pour ce service alors qu’ils sont physiquement en France, par exemple. «Et 75 % des étudiants ne sont pas de la Mauricie», ajoute-t-il.

ÉTUDIANTS INTERNATIONAUX

Contrairement à d’autres universités québécoises, l’UQTR ne sera pas affectée démesurément par une baisse d’étudiants internationaux car ces derniers représentent 12 à 13 % de ses effectifs étudiants alors que dans d’autres universités canadiennes, ils comptent pour plus de 50 % des effectifs. Certains sont restés au pays durant le confinement, d’autres ont reçu (ou pas) les papiers nécessaires pour entrer au pays. Les autres pourront suivre la session à distance. «On espère les accueillir le plus rapidement possible, peut-être pour la session d’hiver», dit le recteur. Le gouvernement du Québec, ajoute-t-il, «nous a donné une base de financement solide pour amorcer la nouvelle année indépendamment de ce qui pourrait arriver avec la fluctuation des étudiants», dit-il.

Il aura fallu innover à tous les niveaux, à l’UQTR, pour se plier aux mesures sociosanitaires. «Il y aura un après-COVID en termes d’organisation du travail et de façons de rendre les services», dit-il. «Le danger de tout ça, c’est qu’on devient presque accessible 24 heures sur 24, mais un prof, un chargé de cours ne peut pas répondre pendant 24 heures à des questions. Donc, il faut se discipliner», dit-il, mais certaines innovations vont demeurer, dit-il. À ce chapitre, la COVID est devenue une occasion de dépassement, dit-il.