L’édition 2020 sera en montre jusqu’au 11 septembre à la Galerie d’art du Parc, au Centre d’exposition Raymond-Lasnier, au Musée POP, à l’Atelier Silex, à la Galerie d’art r3, sur le mur extérieur du Centre d’innovation agroalimentaire ainsi qu’à Victoriaville et Montréal.
Le fait de simplement tenir l’événement peut être vu comme une victoire en soi pour la directrice artistique Audrey Labrie. «J’avoue qu’on se rongeait un peu les ongles au printemps mais c’est tellement satisfaisant de voir la Biennale bien vivante aujourd’hui. On constate que le public est très heureux de voir de l’art contemporain en vrai; c’est comme un baume sur ce que nous avons tous vécu au cours des derniers mois.»
Le thème, Croire, choisi bien des mois avant que le destin ne frappe la planète, avait assurément son côté prémonitoire. «La teneur de ce que nous ont présenté les artistes démontre sans aucun doute la pertinence du thème. Il nous entraîne dans toutes sortes d’avenues depuis la vision très ludique de BGL au Centre d’exposition Raymond-Lasnier jusqu’à l’exploration des fondements de notre société à travers une multitude de liens dans le travail de Patrick Bérubé à la Galerie r3. Il y en a vraiment pour tous les goûts dans l’édition de cette année. De quoi plaire aussi bien au grand public qu’aux gens issus du milieu des arts.»
«Que tout le monde y trouve son compte, c’est évidemment ce qu’on souhaite en tant qu’organisateurs, poursuit la directrice artistique. Il reste que ce qui nous préoccupait essentiellement dès l’étape de la sélection des artistes participants, c’était l’idée de la diversité culturelle. Il est fini le temps des manuels d’art classiques dans lesquels on ne retrouvait que des hommes blancs hétérosexuels. Un événement comme le nôtre doit refléter le milieu, la communauté dans laquelle il se tient. Nous nous sommes inscrits dans la mouvance de la diversité mais tout en s’assurant d’aller chercher la crème de la crème des artistes.»
Autre caractéristique de l’édition 2020 de la Biennale, c’est qu’elle ouvre la porte sur un questionnement quant à la discipline même de la sculpture qui prend ici des formes parfois déconcertantes. «C’est vrai que les photos de JR, par exemple, que tout le monde peut voir sur le mur du Centre d’innovation agroalimentaire au centre-ville, se présentent en deux dimensions mais l’œuvre est tellement plus que de la simple photo. C’est de la sculpture sociale en ceci qu’elle participe à la construction du tissu social. Nous nous sommes adressés à des organismes communautaires comme le SANA, COMSEP, le Centre d’amitié autochtone pour prendre les photos; ce sont des liens qui vont demeurer importants pour nous à la Biennale. On a posé la question à tous ceux qui ont été photographiés le 8 mars à savoir ce que c’est que de croire pour eux. À partir des réponses, on espère mettre de l’avant un autre projet pour l’automne qui constituerait une suite à la Biennale.»
On comprend donc que la sculpture est plus qu’un objet en trois dimensions. «La sculpture est aussi un espace de liens sociaux qu’on est en train de tisser. C’est toute l’expérience 3D qu’on veut offrir, explique Audrey Labrie, et c’est la raison pour laquelle il aurait été très dommage de ne présenter la Biennale que dans une version numérique. La rencontre avec les gens, les discussions que les œuvres peuvent susciter, c’est aussi ça, la Biennale nationale de sculpture contemporaine. L’important, ce n’est pas d’avoir aimé ou non une œuvre; l’important, c’est qu’on en parle.»
Elle se dit convaincue de pouvoir rejoindre n’importe qui à travers l’expérience proposée par l’événement. «Je pense que l’ouverture d’esprit est le seul prérequis. Être curieux, avoir envie de découvrir et ne pas avoir peur d’entrer dans ces lieux d’exposition qui appartiennent à tous. Ce n’est pas pour rien que c’est gratuit partout: ça s’adresse à tout le monde pour que chacun s’approprie l’événement et les oeuvres à sa façon.»
«Moi, je conseille aux gens d’approcher le tout avec son cœur d’enfant : ça me semble encore la meilleure façon d’entrer en contact avec l’art. Tous ont parfaitement le droit de ne pas aimer une œuvre, d’être en désaccord avec l’artiste. On a le droit de questionner une proposition artistique. L’important, c’est la réflexion que ça suscite.»
Parmi les propositions de cette édition, on en trouve d’ailleurs plusieurs qui sont particulièrement accessibles. On pense notamment à Union des États, de Modidja Kitenge Banza ou Migration, de Janet Macpherson, à la Galerie d’art du Parc, à Panorama d’un cycle pop au Centre d’exposition Raymond-Lasnier ou à La famille Plouffe, au Musée POP.
Audrey Labrie ne suggère pas de mode d’emploi mais indique que les guides à la Galerie d’art du Parc sont non seulement là pour répondre à toutes les questions et offrir des pistes de réflexion mais en étant en contact constant avec l’équipe de direction, ils connaissent bien le contenu de la Biennale. L’endroit peut donc constituer un bon point de départ pour une tournée. Il ne faut surtout pas se priver de leur demander conseil.
«Il ne reste plus beaucoup de biennales d’art au Québec et qu’on ait le privilège d’en présenter une d’envergure nationale avec même un pan international ici, c’est vraiment exceptionnel. Ça procure à Trois-Rivières un rayonnement très important et nous, dans l’équipe, on sent que le milieu en est de plus en plus conscient.»