COVID-19: plaidoyer pour un vaccin libre de droits gratuit et accessible à tous

OPINIONS / La pandémie de COVID-19 nous a brutalement ramenés à la réalité. Il a suffi d’un être aussi microscopique qu’un virus pour nous rappeler que l’avenir de l’humanité tient non pas à la compétition, mais au travail commun solidaire. 


Nos grands acteurs économiques, qui hier encore décriaient le surendettement de nos gouvernements, aujourd’hui implorent ces mêmes gouvernements de les aider financièrement. Pour avoir voulu ignorer les mises en garde contre une pandémie annoncée, c’est l’humanité tout entière qui a été mise en pause.

D’autres crises non moins importantes se profilent à l’horizon.



La population mondiale était de 2,5 milliards en 1950, elle est de plus de 7,5 milliards aujourd’hui et pourrait atteindre 10 milliards en 2050, nous rappelait récemment Philippe Kourilsky, l’ancien directeur de l’Institut Pasteur. Quelle sera alors l’ampleur des crises migratoires?

Le 20 juin dernier, Verkhoïansk, ville de Sibérie au-delà du cercle arctique, enregistrait une température de 38 °C. Le Québec a connu deux canicules, avant la Saint-Jean-Baptiste. On aura beau nier la réalité, la crise climatique est à nos portes.

À elles seules, ces deux alertes nous préparent un joyeux avenir si nous continuons à mettre tous nos œufs dans le panier de la compétition. «Dans cette arène impitoyable qu’est la vie, nous sommes tous soumis à la loi du plus fort, la loi de la jungle. Cette mythologie a fait émerger une société devenue toxique pour notre génération et pour notre planète», écrivaient Pablo Servigne et Gauthier Chapelle, tous deux docteurs en biologie. Il y a urgence, nous devons passer à l’entraide, l’autre loi de la jungle.

Le 28 avril dernier, Riccardo Petrella, fondateur du groupe de Lisbonne, l’initiateur de l’Université du Bien commun, grand défenseur du droit d’accès à l’eau, revendiquait contre les coronavirus un vaccin commun, public et gratuit dans le monde entier, une proposition pour une alliance transnationale, nous rapportait Pressenza, l’agence de presse internationale.



Puisque les États ont investi des millions de dollars (l’argent des citoyens) dans la recherche pour ce vaccin, il serait immoral qu’une entreprise privée en limite l’accès pour s’en mettre plein les poches, soutient Mélanie Bourassa Forcier, professeure à la faculté de droit de l’Université de Sherbrooke, directrice des Programmes de droit et politiques de la santé.

Proposition économiquement irréaliste? Selon nombre d’experts de la santé, il n’en coûterait que quelque 20 milliards de dollars, l’équivalant de deux heures de production mondiale. Et ce ne serait pas sans précédent puisque Jonas Salk, le créateur du premier vaccin contre la poliomyélite avait refusé qu’il soit breveté: «il appartient au peuple», avait-il insisté.

Le 15 mai dernier, plus de 140 leaders mondiaux ont signé une pétition exigeant que les gouvernements et l’Assemblée mondiale de la Santé (AMS) se rallient derrière un vaccin mis gratuitement à la disposition de tous à travers le monde.

Du 15 au 22 septembre prochain se tiendra la 75e Assemblée générale de l’ONU qui devrait faire ressortir les points d’accord et de désaccord concernant la réponse globale au coronavirus: nous souhaiterions ardemment qu’on y donne la parole à Riccardo Petrella, avec qui nous échangeons presque chaque jour des courriels constructifs depuis un mois.

Martine Châtelain

Lucie Sauvé



Hélène Tremblay

Jacques Brodeur

Philippe Giroul

Pierre Jasmin

Jean-Yves Proulx