Enfants issus de l’immigration présentant un retard de développement: «Il faut faire de la recherche»

L’accès aux services de santé et de services sociaux pour les enfants issus de l’immigration présentant un retard de développement constitue une question qui mérite l’attention des chercheurs québécois.

TROIS-RIVIÈRES — Dans la foulée des mouvements de protestation attribuables à la mort tragique de George Floyd, la question de l’accès aux services de santé et de services sociaux pour les enfants issus de l’immigration présentant un retard de développement constitue une question qui mérite l’attention des chercheurs québécois.


C’est le constat que fait Geneviève Saulnier, chercheuse en établissement au CISSS de l’Outaouais et membre de l’Institut universitaire en déficience intellectuelle et en trouble du spectre de l’autisme. C’est d’ailleurs dans le cadre d’un colloque virtuel organisé par l’institut chapeauté par le Centre intégré universitaire en santé et services sociaux Mauricie – Centre-du-Québec (CIUSSS – MCQ), qui a eu lieu jeudi, qu’elle a présenté les conclusions d’une revue de la littérature scientifique américaine sur le sujet. Il n’existe d’ailleurs pratiquement aucune étude canadienne sur cette question précise selon elle, d’où l’intérêt de s’y pencher.

«L’intérêt de cette journée est d’ouvrir cette porte. Il faut aller chercher des données contextualisées. Il faut faire de la recherche avec les familles immigrantes d’ici qui ont recours à ces services ainsi que les intervenants qui travaillent eux», explique Mme Saulnier.



Se défendant de transposer les conclusions des chercheurs américains aux réalités québécoise et canadienne, la candidate au doctorat à l’Université d’Ottawa a tout de même profité de la tribune qui lui était offerte pour présenter leurs constats. Un biais ethnocentrique des recherches dans le champ du handicap et de la réadaptation, des disparités dans l’obtention des diagnostics pour les enfants issus de l’immigration ou de certains groupes ethniques, dans la qualité des services pour les familles immigrantes ainsi que relativement à l’accès et l’utilisation des services par les familles immigrantes sont au nombre des phénomènes qui ressortent des études qu’elle, ainsi que son assistante Emmanuelle Saulnier-Leclerc, ont épluchées dans le cadre de leurs travaux.

Rappelant qu’elle ne possède pas l’expertise pour se prononcer d’une quelconque façon sur le phénomène du profilage racial dans l’accès aux services pour les enfants issus de l’immigration, Mme Saulnier est tout de même consciente que l’actualité fait en sorte que cette question intéresse la population et suscite un intérêt marqué.

«Ce qui se passe présentement est une invitation aux acteurs de notre milieu à tendre l’oreille, à écouter ce que ces gens-là ont à dire», laisse-t-elle tomber.