Éclosion de coronavirus chez Olymel: «De l’amateurisme et de l’improvisation»

Quelque 57 travailleurs de l’usine ATrahan de Yamachiche sont atteints de la COVID-19.

YAMACHICHE — «C’est de l’amateurisme et de l’improvisation depuis le début de la crise. Je ne dis pas qu’Olymel n’a rien fait, mais c’est toujours au minimum des recommandations gouvernementales. L’employeur aurait pu en faire plus.»


Janick Vallières ne passe pas par quatre chemins pour faire connaître son point de vue concernant l’éclosion de coronavirus qui frappe plusieurs secteurs de l’usine ATrahan de Yamachiche et qui concerne non plus 51, mais 57 travailleurs selon les données dévoilées vendredi par la santé publique. Le délégué en chef des Travailleurs unis de l’alimentation et du commerce 1991-P est le représentant des travailleurs syndiqués de cette usine. Selon lui, le comportement d’Olymel explique cette éclosion et de nombreux employés manifestent leur inquiétude devant pareille situation qu’il qualifie de décevante.

M. Vallières mentionne que le syndicat a avancé différentes propositions à l’employeur pour limiter le risque de propagation du coronavirus à l’intérieur d’une usine regroupant quelque 1000 employés. Selon le syndicat, Olymel aurait dû interrompre la navette transportant des travailleurs de Montréal vers l’usine, étant donné que la métropole est la principale zone touchée par le coronavirus. Le syndicat a aussi proposé d’étendre la production sur sept jours.

«Habituellement, on produit sur deux quarts de travail sur cinq jours. On proposait de mettre 500 travailleurs du lundi au jeudi et 500 travailleurs du vendredi au dimanche. En étalant la production sur sept jours, on aurait eu moins de travailleurs au même moment afin de permettre la distanciation sociale. Notre demande n’a pas été analysée», mentionne M. Vallières qui croit qu’Olymel devrait évaluer cette possibilité lorsque les activités reprendront afin d’éviter une nouvelle vague de contamination à l’intérieur de l’usine.

Janick Vallières précise que la ligne téléphonique mise à la disposition des travailleurs d’Olymel à la suite de la fermeture temporaire, survenue dimanche, est une belle initiative. Il critique que ceux-ci, plongés dans une incertitude financière résultant de la suspension des activités de l’usine, aient dû attendre jusqu’à jeudi après-midi pour y avoir accès.

«Les relations de travail, ça va relativement bien. Mais il y aura un avant et un après-COVID-19. Pour les travailleurs, le lien de confiance est brisé. Ils ont l’impression qu’ils se font cacher de l’information. Je ne dis pas que c’est le cas. Mais quand le premier cas est sorti, les gens voulaient savoir le département et le quart de travail de cet employé. Il a fallu gratter et chercher l’information à gauche et à droite. Les gens voulaient savoir s’ils avaient été en contact avec cette personne. Si on l’avait su, ça aurait rassuré tout le monde.»

Le délégué syndical mentionne qu’en début de crise du coronavirus, la direction a proposé à ses employés de ne pas rentrer au travail, mais ces derniers se seraient retrouvés sans rémunération, soutient-il.

«Les travailleurs ont fait un choix entre la sécurité financière et la santé», illustre celui qui a contacté près de 10 travailleurs infectés et qui va les appuyer pour déposer une réclamation auprès de la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail.

Olymel a fait son devoir

Richard Vigneault, porte-parole d’Olymel, indique que la compagnie a pris ses responsabilités par rapport à cette crise.

«On estime avoir fait tout ce qui est en notre pouvoir, et les employés le savent, pour endiguer l’épidémie. Quand on a vu qu’on avait neuf cas, on a fermé l’usine avec la collaboration de la santé publique. On vit partout une crise sanitaire importante.»

Invité à répondre aux critiques du délégué syndical, M. Vigneault a mentionné que cela n’était pas son rôle ni sa fonction.

«Je ne peux pas m’engager dans un échange avec le délégué syndical. Il doit s’adresser à ces interlocuteurs à la direction d’Olymel. Il sait à qui s’adresser et poser des questions.»

Olymel a fait parvenir à ses employés un document concernant les différentes options qui s’offrent à eux comme mesures de revenus compensatoires. M. Vigneault assure que le programme d’aide fédéral qui couvre 75 % du salaire d’un employé fait partie des options pourvu qu’il réponde aux critères d’admissibilité fixés par le gouvernement canadien.

«On a transmis de l’information à nos employés et les ressources humaines sont disponibles pour répondre à leurs questions.»