La Haute-Mauricie sera isolée: La Tuque envoie les pompiers contrôler les accès

Un point de contrôle est actuellement en place sur la route 155, près de l’intersection de la route menant à Lac-Édouard.

La Tuque — La Haute-Mauricie a été ajoutée au territoire protégé, afin que l’accès soit restreint pour assurer la santé et la sécurité de la population, comme l’avait demandé le maire de La Tuque. Toutefois, les mesures de surveillance aléatoire mises de l’avant par la Sûreté du Québec n’étaient pas suffisantes pour la Municipalité. Les premiers répondants du Service incendie de la municipalité ont donc été déployés aux extrémités de l’agglomération de La Tuque. 


«Ce n’est pas ce que l’on demandait. On veut un service complet. On ne comprend pas, parce que d’autres régions ont une couverture entière de la Sûreté du Québec», martèle le maire de La Tuque, Pierre-David Tremblay.

Le maire Tremblay avait indiqué, mercredi, qu’il était prêt à déclarer l’urgence locale en vertu de l’article 42 de la Loi sur la sécurité civile. Une action qu’il laisse toutefois en suspens «pour le moment». Il a plaidé son dossier aux gens du ministère de la Sécurité publique.

«Ils n’étaient pas enclins à ce que je déclare l’état d’urgence local. […] On m’a donc permis de sortir mes premiers répondants et de les mettre aux trois points de contrôle que j’avais identifiés», fait-il savoir.

«Ils nous ont demandé du temps. En attendant, mes services sont déployés», a confirmé le maire en début de soirée mercredi.

Son objectif, répète-t-il, est de protéger la population, d’assurer la santé et la sécurité, d’éviter qu’il y ait des morts. 

Le maire s’explique mal pourquoi il doit mettre en place toutes ces actions.

«C’est à la Sûreté du Québec de protéger les gens dans nos villages, dans nos régions, ce n’est pas au personnel des municipalités de le faire et à l’heure actuelle, on nous contraint de le faire de cette façon-là», note-t-il.

Il y aura donc des pompiers de La Tuque dans le secteur de Rivière-aux-Rats sur la 155 Sud, à l’entrée du Lac-Édouard sur la 155 Nord, et près de Parent sur la route qui mène à Mont-Laurier.

«Ils arrêteront les véhicules pour faire respecter le décret ministériel du gouvernement. […] Ils vont convaincre et non contraindre les gens. C’est le travail de la Sûreté du Québec de les contraindre», explique le maire.

Ce dernier ne se gênera pas d’envoyer la facture de l’opération au gouvernement. Pour le maire, ce n’est pas aux gens de La Tuque «de payer quand ailleurs, la facture est payée par l’ensemble des contribuables québécois».

Rappelons que le gouvernement du Québec a annoncé, mercredi, que des points de contrôle additionnels ont été déployés aux abords et à l’intérieur de quatre nouvelles régions, incluant l’agglomération de La Tuque. 

Le maire de la municipalité a été toutefois très surpris et extrêmement déçu d’apprendre que les mesures de surveillance par la SQ seraient aléatoires, soit des présences de deux heures aléatoires par période de 12 heures.

«Ça ne donne absolument rien. C’est de la poudre aux yeux», a commenté le maire Tremblay.

En point de presse, le premier ministre François Legault a pour sa part indiqué qu’il fallait aussi se fier au bon jugement des Québécois.

«On essaie avec les policiers de contrôler les routes principales qui mènent vers le nord ou qui partent du nord pour aller au sud. Je compte aussi sur la bonne foi des Québécois», a-t-il affirmé.

La nouvelle mesure fait suite aux directives de la Direction de la santé publique et vise à limiter les déplacements non essentiels et, ainsi, à protéger la population quant à la COVID-19. 

Aucun cas positif

Le maire de La Tuque, Pierre-David Tremblay, avait demandé en début de semaine que l’accès soit restreint dans une lettre adressée à la ministre de la Santé et des Services sociaux, Danielle McCann.

Pierre-David Tremblay avait alors mis en évidence que 85 % des propriétaires de chalets à La Tuque sont des gens qui habitent à l’extérieur de l’agglomération. La Haute-Maurice ne compte actuellement aucun cas positif à la COVID-19.

«Nous voulons maintenir la circulation des travailleurs qui viennent chez nous pour assurer les services essentiels et l’approvisionnement, mais nous voulons que vous mettiez un frein à tous les déplacements non essentiels», avait-il insisté.

Le maire Tremblay ne veut toutefois pas que les gens baissent la garde, les consignes doivent continuer d’être respectées à la lettre même si on restreint l’accès au territoire.

«On sait que le danger va probablement plus venir de l’extérieur que de l’intérieur. On n’a pas encore de cas, et on ne le souhaite pas. Il fallait travailler en prévention», insiste M. Tremblay.

Ce dernier annonce également qu’une brigade sera mise en place en collaboration avec le Service de sécurité incendie et le CIUSSS MCQ pour effectuer la tournée des centres de personnes âgées. «On veut faire le tour pour s’assurer qu’avec les directions des établissements toutes les mesures sont en place», affirme-t-il.

La députée de Laviolette–Saint-Maurice, qui avait reçu des centaines de commentaires dans les derniers jours, s’est dite soulagée de la décision qui a été rendue.  

«On a pris les bouchées doubles dans ce dossier-là. Je suis vraiment contente, c’est un travail de concertation», a lancé Marie-Louise Tardif en entrevue téléphonique. 

Le maire de Lac-Édouard, Larry Bernier, se réjouissait également de l’annonce du gouvernement.

«C’est le gros bon sens! On est très satisfait. C’est un gros travail d’équipe! […] C’est une bonne chose pour nous tous et c’est un grand soulagement. C’est certain que ça amène des inconvénients aussi, il y a des villégiateurs qui sont mécontents. Je leur explique qu’actuellement, il faut se concentrer sur l’enjeu de santé. Quand il sera contrôlé, on pensera aux autres choses», a-t-il commenté. 

Le gouvernement québécois a également restreint l’accès dans trois autres nouvelles régions sociosanitaires, soit l’Outaouais, et certains secteurs des Laurentides et de Lanaudière fin de freiner la propagation du virus.

Rappelons que les mesures instaurées ne visent pas les activités qui permettent d’obtenir et de fournir des soins et des services de santé, ni celles qui assurent le soutien humanitaire et les services essentiels pour la continuité de la chaîne d’approvisionnement de l’ensemble des régions du Québec. 

Depuis le 28 mars, des barrages limitent déjà l’accès à huit autres régions du Québec: le Bas-Saint-Laurent, l’Abitibi-Témiscamingue le Saguenay-Lac-Saint-Jean, la Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine, la Côte-Nord, le Nord-du-Québec, le Nunavik et les Terres-Cries-de-la-Baie-James.