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Francophonie des amériques : se rapprocher pour aller plus loin ! Le tour de piste d’une ministre

La ministre Sonia LeBel, à gauche, en entretien avec son homologue de la Nouvelle-Écosse, Mme Lena Metlege Diab.
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En ce 20 mars, la Journée internationale de la Francophonie bat son plein. Profitant du 50e anniversaire de la Francophonie internationale et du Sommet sur le rapprochement des francophonies canadiennes qui se tiendra à Québec en juin, le gouvernement du Québec, plusieurs organismes sur le terrain et 10,4 millions de locuteurs français répartis d’un océan à l’autre se sont donné le mot pour célébrer en grand notre diversité.


Pour mieux comprendre les enjeux et réalités des communautés francophones réparties sur le vaste territoire canadien, la ministre responsable des Relations canadiennes et de la Francophonie canadienne, Mme Sonia LeBel, s’est offert une tournée pancanadienne. Elle nous livre ici les grandes lignes d’une réflexion où la culture, l’éducation et l’économie font bonne figure.

Depuis sa nomination au sein de la CAQ, en octobre 2018, la ministre Sonia LeBel n’a pas chômé.  Son mandat débute en force au moment où Doug Ford, premier ministre de l’Ontario, annonce d’importantes coupures pour une éducation en français, fermant la porte à une Université de l’Ontario français qui prévoyait pourtant accueillir jusqu’à 2000 étudiants à la fin de la décennie. «Suite à cette annonce, j’ai été impressionnée par l’ampleur de l’élan de solidarité envers les Franco-Ontariens. C’était encore plus fort au Québec», se souvient la ministre.

À l’écoute

Pour Mme LeBel, pas question d’imposer quelque politique que ce soit sans avoir pris le pouls des communautés francophones à travers tout le pays. Elle part donc en tournée à travers le Canada. «J’ai vite réalisé qu’on n’avait peut-être pas tous la même compréhension de la francophonie canadienne. C’est plus facile pour les provinces canadiennes de positionner le Québec dans la francophonie. L’inverse est plus difficile», affirme la ministre.

Question de survie 

Partout, de Vancouver aux provinces maritimes en passant par le Yukon, Winnipeg, Whitehorse, la Saskatchewan, l’Ontario et le Nunavut, la ministre a rencontré ses homologues, échangeant sur leurs réalités. «Plus on est loin du Québec, plus c’est difficile. Exister et vivre en français est encore pour certains une question de survie.» 

Sa tournée l’a menée à constater que malgré leur isolement, certaines communautés francophones affichent une vitalité culturelle extraordinaire. «C’est le rôle du Québec de les aider à maintenir cette vitalité et à la développer», affirme Mme LeBel. «Il ne faut jamais penser que ce qu’on a obtenu est acquis et par conséquent, ne jamais baisser les bras.» 

Mme Sonia LeBel

Une langue évolutive

Avec la mondialisation, de nouveaux mots anglais font chaque année une entrée remarquée au dictionnaire. Le français subit plus que jamais cette influence.  «D’un côté, il faut préserver nos acquis et travailler à une réforme de la loi 101, ce à quoi s’applique mon collègue Simon Jolin-Barrette. Mais il faut bien l’admettre: l’anglais s’introduit dorénavant un peu partout et même dans les textos que s’échangent nos jeunes. C’est une nouvelle réalité. Je suis d’avis qu’au-delà de la protection de notre langue, c’est notre identité qu’il faut préserver. Faisons-le avec la plus grande ouverture.»

Même si le gouvernement travaille à mettre en place toutes les mesures pour protéger le français, on doit accepter que sa richesse passe par ses couleurs, ses accents et ses expressions.  «Il faut chérir ces différences tout en s’assurant que notre langue demeure bien vivante», nuance Mme LeBel. 

Tournés vers l'économie 

Mme LeBel croit que la langue française est aussi un vecteur de richesse économique important. «On a beaucoup travaillé en culture en supportant des festivals francophones, et en éducation, en créant des partenariats et jumelages avec nos universités francophones. La grande nouveauté avec la CAQ, c’est de travailler le volet économique avec les chambres de commerces du Québec et du Canada afin de mettre en relation nos entrepreneurs francophones d’un océan à l’autre. Quand on parle de vitalité d’une communauté, l’économie en fait inévitablement partie.» 

La question de l’emploi amène rapidement celle de l’immigration. «Ça reste un grand défi de poursuivre l’apprentissage du français chez les nouveaux arrivants. Malgré la position enviable du Québec, ça reste un enjeu majeur au Canada», avoue une ministre responsable de la Francophonie canadienne totalement engagée à la cause.

17-18 juin : RENCONTRE AU SOMMET

En juin, plus de 300 personnes sont attendues à Québec pour assister au Sommet sur le rapprochement des francophonies canadiennes organisé par le Secrétariat aux relations canadiennes et à la francophonie canadienne. «Le but est d’arriver à redéfinir ensemble une politique québécoise qui date de plus de 15 ans», précise la ministre. Le Sommet se veut donc une plateforme d’échanges afin de voir comment le Québec peut aider le reste du Canada. «Le Sommet sera en fait l’aboutissement de discussions entamées depuis plus d’un an sur le terrain. L’idée est d’être créatif et de voir comment les dollars que nous investissons  seront plus efficaces dans l’atteinte de nos objectifs», conclut Mme LeBel. 

Dernière heure

La situation actuelle pourrait toutefois avoir des impacts sur la tenue de ce Sommet. Une réflexion est en cours à ce sujet au gouvernement du Québec, a-t-on fait savoir ce vendredi 20 mars.