Cela ouvrira la voie à un important changement au sein de la société. À la clôture de la transaction, prévue jeudi, le plus haut poste de direction du conglomérat ne sera pas occupé par un membre de la famille Desmarais pour la première fois en cinq décennies.
Paul Desmarais Jr, 65 ans, et André Desmarais, 63 ans, quitteront leurs fonctions, mais demeureront respectivement président et vice-président du conseil d’administration. La famille conservera également le contrôle de Power Corporation.
Le conglomérat, qui s’orientera davantage vers les services financiers, sera dirigé par Jeffrey Orr, président et chef de la direction de la Financière Power depuis 2005.
Dans le cadre de l’assemblée extraordinaire, qui s’est tenue dans un hôtel du centre-ville de Montréal, 85,79 % des droits de vote rattachés aux actions ordinaires de la Financière Power ont été exercés et 91,03 % de ceux-ci ont été exercés en faveur de la réorganisation. Environ 63 % des votes n’ayant pas de lien avec l’actionnaire de contrôle - la famille Desmarais - ont appuyé la transaction.
Outre ce résultat, il n’a pas été possible de savoir ce qui s’est dit lors du court rendez-vous qui s’est déroulé dans une salle pouvant accueillir une soixantaine de personnes.
«Seuls les actionnaires inscrits sont admis à l’assemblée spéciale, et aucune entrevue ne sera accordée», a indiqué par courriel le vice-président, chef du contentieux et secrétaire de la Financière Power, Stéphane Lemay, en réponse à une question sur la décision d’interdire l’accès aux journalistes.
Présenté en décembre dernier, le projet devait obtenir l’approbation d’au moins les deux tiers des actionnaires de la Financière Power. Après la clôture, les actions ordinaires de cette société cesseront d’être négociées à la Bourse de Toronto.
Chaque titre de la Financière Power autre que ceux détenus par Power Corporation et ses filiales sera échangé contre 1,05 action subalterne de Power Corporation et 1 cent en espèces.
Changement de stratégie
Le regroupement vise à ne former qu’une seule société de portefeuille, principalement axée sur les services financiers. On souhaite également économiser 50 millions $ au cours des deux prochaines années en plus de réduire les dépenses annuelles de l’ordre de 15 millions $. Il pourrait également y avoir des ventes d’actifs.
Fondée en 1984, la Financière Power détient des participations majoritaires dans Great-West Lifeco, la Financière IGM et Wealthsimple, ainsi qu’une participation minoritaire dans Pargesa Holding. Au fil du temps, elle a représenté une partie de plus en plus importante des activités de sa société mère, davantage présente dans le secteur industriel.
Dans un rapport publié le 30 janvier, Institutional Shareholder Services (ISS), une des deux principales agences de conseil aux actionnaires, avait toutefois recommandé aux actionnaires de voter contre le projet de réorganisation.
«Bien qu’il y ait certains avantages, y compris la simplification de la structure du groupe, les risques à long terme pour les actionnaires associés à la structure d’actions à double palier de Power (qui permet à la famille Desmarais de contrôler la société) sont considérés comme supérieurs aux avantages économiques estimés pour l’entreprise», faisait valoir ISS.
De son côté, Glass Lewis s’était prononcée en faveur de la réorganisation.
Au terme de la réorganisation, Pansolo Holding, contrôlée par la Fiducie familiale résiduaire Desmarais, devrait contrôler jusqu’à 50,6 % des droits de vote de Power Corporation en ne détenant que 15 % des titres en circulation. Auparavant, la famille contrôlait 59,1 % des droits de vote du conglomérat en détenant 20,8 % des titres en circulation.
«Nous avons l’habitude de dire que 20 %, c’est le (seuil) minimum (de détention) pour un actionnaire de contrôle», a expliqué le coordonnateur du Mouvement d’éducation et de défense des actionnaires (MÉDAC) Willie Gagnon, à sa sortie de l’assemblée extraordinaire.
M. Gagnon a indiqué avoir interrogé la direction de Power Corporation à ce sujet, et selon lui, les frères Desmarais n’auraient pas fermé la porte à détenir davantage d’actions, sans toutefois prendre d’engagement à cet effet.