Lundi matin, près de 72 heures après la tempête de neige, Pierre Montreuil a pu être témoin d’une scène qui l’a grandement inquiété. Les trottoirs de la rue Laviolette n’avaient toujours pas été dégagés à la hauteur de la résidence des Jardins Laviolette, et une dame âgée munie d’un déambulateur n’avait d’autre choix que de marcher dans la rue sur cette artère très passante pour pouvoir se rendre à son rendez-vous, faute de pouvoir se déplacer sur le trottoir. Une situation que déplore le conseiller.
«Dimanche et lundi, c’était laborieux. À certains endroits, ça prenait pratiquement des raquettes. J’ai avisé les fonctionnaires de la situation. Ça aurait dû être mieux déneigé», signale M. Montreuil, rappelant qu’une réflexion est déjà amorcée chez les élus concernant le déneigement des trottoirs.
«L’arbre décisionnel pour planifier le déneigement des trottoirs existe depuis des années. Aux yeux de plusieurs élus, il est temps d’aller ailleurs. Ce que je veux c’est qu’on planifie en fonction des personnes vulnérables», précise M. Montreuil, spécifiant qu’une personne vulnérable n’est pas forcément une personne âgée ou un enfant. «Toute personne qui se déplace à pied versus un véhicule de 1000 kilos est forcément vulnérable», considère-t-il.
Un sous-comité avait été formé il y a quelques mois afin de réfléchir à diverses solutions, et des recommandations ont récemment été transmises au comité des travaux publics et du génie. Il reviendra à ce comité par la suite de faire des recommandations au conseil municipal. «Ça pourrait aller dans plusieurs directions, il y a un paquet de critères», souligne Pierre Montreuil, qui cite en exemple le rehaussement du niveau de service, l’allongement des portions de trottoirs déneigés aux abords des écoles, des résidences pour personnes âgées, des hôpitaux et des carrefours commerciaux importants, ou encore la gestion des dépôts à neige. Il rappelle néanmoins que l’argent demeure toujours le nerf de la guerre.
«On doit regarder ça pour l’hiver prochain, mais ça va venir aussi tôt que le mois de juin avec les travaux qui vont débuter en vue du budget 2021. On aura certainement de bonnes discussions à ce sujet, mais je suis prêt à assumer qu’il y aura des décisions importantes à prendre», avance celui qui rappelle qu’en tant que municipalité «amie des aînés», «il faut que les bottines suivent les babines».
Son collègue Claude Ferron, qui a pris part aux travaux du sous-comité, souligne que le déneigement des trottoirs mérite en effet une vaste réflexion pour assurer des orientations qui misent sur le transport actif, mais que la réalité peut tout de même être plus complexe qu’on ne le croit.
Il rapporte notamment qu’une portion de trottoir non loin du restaurant McDonald du boulevard des Forges a été utilisée à titre de test récemment, afin de voir les actions nécessaires pour l’entretenir tout l’hiver «au ciment». Résultat: les opérations pour y parvenir ne sont pas toujours aussi simples qu’on le pense.
«Il y a toutes sortes d’enjeux, qui vont de l’inclinaison du trottoir à son aménagement. Si à un endroit l’eau ne s’évacue pas autant qu’elle le devrait, ça devient plus complexe. Et avec les changements climatiques que l’on connaît, les épisodes de redoux qu’il y a parfois dans l’hiver, quand on échappe une portion, c’est difficile de la ramener», explique Claude Ferron, qui ajoute que Trois-Rivières surveille du coin de l’œil un projet-pilote d’entretien plus exhaustif des trottoirs qui se déroule présentement dans le quartier Limoilou à Québec et qui pourrait s’en inspirer pour certains secteurs si les résultats s’avèrent concluants.