Dans la région, de plus en plus de femmes siègent au conseil de leur ville ou de leur municipalité. Cependant, elles le font le plus souvent à titre de conseillères que de mairesses. En Mauricie, sur une quarantaine de villes et municipalités, seulement quatre ont une femme à leur tête: Saint-Mathieu-du-Parc, Saint-Tite, Sainte-Angèle-de-Prémont et Sainte-Anne-de-la-Pérade. Ce nombre était de cinq aux élections de 2017, avec Saint-Séverin, mais la mairesse Julie Trépanier a depuis démissionné de ses fonctions. À Trois-Rivières, la conseillère Ginette Bellemare a été brièvement à la tête de la Ville, à titre de mairesse suppléante, de la fin décembre 2018 au début mai 2019, mais elle a été précédée et succédée par des hommes.
«Il y a beaucoup de travail à faire au niveau des candidates à la mairie, puisque ce sont des postes qui mènent à la préfecture et présentement, on n’a aucune femme préfète dans la région, alors que les décisions se prennent beaucoup à ce palier-là. On est vraiment en dessous de la moyenne provinciale au niveau du nombre de mairesses et de préfètes», souligne Joanne Blais, directrice de la TCMFM.
C’est pour tenter de mettre fin à cette tendance que la TCMFM organisait l’événement «Des municipalités engagées pour plus de femmes en politique», samedi. Les participantes à cette journée de conférences et de discussions se sont penchées sur les rôles que peuvent jouer deux acteurs pour que davantage de femmes s’intéressent à faire le saut en politique municipale: les conseils municipaux et les médias.
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Selon la TCMFM, les conseils municipaux peuvent jouer un rôle très important pour favoriser l’implication des femmes, notamment en aménageant leur structure et leur organisation. Les résultats d’une expérience menée dans plusieurs municipalités du Bas-Saint-Laurent ont d’ailleurs été présentés aux participantes.
«Quand on pense à la structure, c’est par exemple des mesures de conciliation travail-famille, parce qu’on sait que ça touche quand même majoritairement les femmes. Les conseils municipaux peuvent par exemple changer les heures des rencontres, mais aussi parfois les semaines des rencontres. Par exemple, une municipalité au Bas-Saint-Laurent a choisi de faire la rencontre du conseil municipal la deuxième semaine du mois de mars plutôt que la première, parce que c’est la semaine de relâche. C’est une façon de favoriser la conciliation travail-famille et de favoriser la présence de femmes, mais aussi, de plus en plus, des jeunes», illustre Mme Blais.
La directrice de la TCMFM ajoute que les municipalités auraient avantage à donner davantage de visibilité aux réalisations de leurs élues et à éliminer les stéréotypes de genre de leurs communications, afin d’inciter davantage de femmes à se présenter aux élections.
En après-midi, les participantes à la journée organisée par la TCMFM recevaient la professeure en communication politique à l’UQTR, Mireille Lalancette, venue leur parler des stratégies de communication à adopter sur les médias traditionnels et sociaux. Joanne Blais croit d’ailleurs que les médias peuvent contribuer à rendre la fonction de mairesse plus intéressante aux yeux des femmes. Elle rappelle d’ailleurs qu’une étude menée par son organisation pendant la dernière campagne électorale municipale, en 2017, montre que les femmes sont sous-représentées dans les médias.
«On a vu que, toutes proportions gardées, souvent, on va rendre moins visibles les propos des femmes. Ceux-ci vont souvent avoir des contenus un peu plus stéréotypés: on va souvent faire allusion qu’elle (la candidate) est mère de famille, qu’elle concilie bien, on parle de ses qualités de rassembleuse, qu’elle est une femme à l’écoute. Il y a souvent des références très stéréotypées au féminin», souligne Mme Blais.
Mme Blais suggère également aux médias d’adopter un langage plus neutre et plus inclusif. «Par exemple, au lieu de parler de directrice ou de directeur, on peut dire: la personne à la direction», lance-t-elle.