Ce pesticide est un produit de contrôle des insectes piqueurs. Dans sa simple explication, cette bactérie semble être une bénédiction pour certains citoyens de Trois-Rivières, mais ne l’est surtout pas pour certains animaux.
Cet insecticide détruit une couche de la chaîne alimentaire utile à plusieurs mammifères comme les hirondelles, les libellules, les poissons, les batraciens et j’en passe, à une période de l’année où ils ont le plus besoin pour nourrir leurs bébés. Vous vous dites «pas grave, ils vont manger autre chose». Le problème est qu’il n’y a presque plus «autre chose» dû à l’étalement urbain et aux pesticides agricoles.
On nous présente le produit comme étant biologique et qu’on retrouve cette bactérie naturellement dans le sol. On oublie de nous dire que, pour rendre le produit utilisable à grande échelle, l’industrie doit rajouter des agents de conservation, des surfactants, des agents de protection contre le rayonnement UV, des agents pour favoriser la dispersion sur la surface des plantes et j’en passe.
Compte tenu de la législation sur le secret industriel, il appert qu’il est impossible pour des chercheurs, indépendants des entreprises qui préparent les formulations commerciales, de démontrer le rôle exact de ces additifs. (INSPQ Mars 2002)
On nous présente le produit comme étant homologué par Santé Canada, mais ce qu’on oublie de nous dire, c’est que les formulations commerciales sont évaluées sur la base de l’information toxicologique fournie par le requérant en conformité avec les lignes directrices spécifiques aux produits microbiens. Autrement dit, l’Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire (ARLA), de Santé Canada, se réfère aux données de l’entreprise pour l’homologation de leurs produits.
On nous dit que les produits sont sécuritaires pour les autres insectes et les mammifères, mais ce qu’on oublie de nous dire est que l’innocuité sur la biodiversité est loin d’être prouvée. Plusieurs articles scientifiques ont été publiés ces dernières années par des chercheurs de plusieurs pays. Le docteur Jacques Brodeur, professeur du département de Science biologique de l’Université de Montréal, nous dit que nous avons perdu 40 % des insectes dans le monde et c’est dramatique. Dramatique parce que les insectes font partie de la base de la chaîne alimentaire, les moustiques compris.
On nous dit que les moustiques n’ont pas développé de résistance dans la nature. Ce qu’il faut savoir est que tout biologiste digne de ce titre sait que plus un organisme est petit, plus il s’adapte à son environnement et qu’un pesticide en appelle un autre, parce que soit ils ont développé une résistance, soit ils balayent leurs ennemis naturels.
On nous dit que l’utilisation du Bti permet de réduire les risques de propagation de certaines maladies en éliminant leurs vecteurs. Ce qu’on oublie de nous dire est que le Bti n’a aucun effet sur les tiques et sur certains moustiques, et peut donner un faux sentiment de sécurité si la population ne se protège pas lors de leur promenade forestière.
On nous dit que la totalité des programmes municipaux de contrôle d’insectes piqueurs est effectuée à la demande des citoyens d’une municipalité. Qui de la population de Trois-Rivières sait ou se souvient d’avoir été consulté pour cet épandage ? Cet été, un sondage sur la perception des citoyens sur le contrôle des insectes piqueurs a été effectué. Un sondage sur la perception n’est pas un sondage sur l’acceptabilité sociale. Il faut qu’une population soit informée pour pouvoir émettre une opinion.
La compagnie qui contracte pour l’épandage de ce pesticide dans la région, a à son solde neuf lobbyistes inscrits au Registre des lobbyistes du Québec qui ont comme mandat de rencontrer les professionnels et les élus de plus de 150 municipalités du Québec. La compagnie en question les rencontre pour nous.
Christiane Bernier
Trois-Rivières