Des vaccins développés à Trois-Rivières

L’arrivée de GuardRX au Technocentre d’IDE Trois-Rivières a été confirmée jeudi en présence du docteur Gary Kobinger (assis), entouré de Mario De Tilly, directeur général d’Innovation et Développement économique Trois-Rivières, et de Jean Lamarche, maire de Trois-Rivières.

Trois-Rivières — Une entreprise à but non lucratif s’installe à Trois-Rivières afin de développer des vaccins contre des maladies souvent mises de côté par les grandes pharmaceutiques en raison de l’absence d’intérêt pécuniaire.


GuardRX est une nouvelle locataire du Technocentre d’Innovation et Développement économique Trois-Rivières. Fondée il y a deux ans par le docteur Gary Kobinger, GuardRX occupe un laboratoire qui accueille une équipe de cinq spécialistes dont le mandat est de développer des vaccins, sans les produire, et d’effectuer les études cliniques.

«On va se concentrer sur le développement de vaccins et de traitements qui n’ont pas d’intérêt économique, mais beaucoup d’impact au niveau de la santé publique. On voit que les compagnies à but lucratif avancent vers des produits qui amènent l’argent. Il y a plein de maladies, le cancer, des maladies génétiques, où le bassin de population est trop petit et il n’y a pas de motivation économique. Le virus Ebola en est un», explique le docteur Kobinger, qui a travaillé à l’élaboration d’un traitement et d’un vaccin contre cette grave maladie.

Le microbiologiste et directeur du Centre de recherche en infectiologie du Centre de recherche du CHU de Québec-Université Laval soutient que la formule d’entreprise à but non lucratif permet d’aller chercher des fonds et de recevoir des dons, mais la compagnie se tient loin des investissements de bailleurs de fonds «qui veulent récupérer leur investissement». L’objectif est de développer des produits et de les vendre à faible coût pour financer les travaux de cette entreprise dont le budget de fonctionnement annuel est de 1,3 million de dollars.

«On a un coût d’opération plus bas, mentionne le docteur Kobinger. On obtient des bons prix avec des fournisseurs, car ils voient qu’on est à but non lucratif, et on crée des bons emplois avec des salaires respectables sans que des millions de dollars soient transférés à des actionnaires, car il n’y a pas d’actionnaires.»

L’équipe du docteur Kobinger s’attaque déjà à traiter les virus de la fièvre de Lassa et de la fièvre hémorragique de Crimée-Congo.

«On a une maladie génétique, d’une enzyme, qui a environ 100 patients au Canada, dont 70 au Québec. Développer un traitement même si c’est relativement théoriquement facile, c’est beaucoup d’argent à investir pour 100 patients. Essayer de faire de l’argent là-dessus, c’est à peu près impossible. Mais quand l’objectif n’est pas de faire l’argent, on est capable de baisser les coûts et avoir un coût de 10 %. On arrive avec un traitement 90 % moins cher», évalue le docteur Kobinger.

Ce spécialiste souhaite que la recette se développe dans le domaine afin de contribuer à la production de 10 % des vaccins. Cela aiderait à avoir un meilleur contrôle des frais de santé.

Selon le degré de développement de l’entreprise, celle-ci pourrait regrouper 10, voire 100 employés d’ici les prochains mois.