Une autre constante remarquée dans ces palmarès de fin d’année concerne un domaine qui tout en visant un nombre beaucoup plus restreint de consommateurs, n’en continue pas moins de causer bien des ravages : le commerce itinérant de thermopompes. Ce domaine à lui seul se classe au 7e rang de ce palmarès annuel avec près de 1 000 plaintes. Les griefs soulevés par les consommateurs sont de divers ordres et en considérant les sommes en jeu, il n’est pas inutile de les aborder un à un.
1er chef d’accusation: prétexter un motif
Pour les vendeurs itinérants de thermopompes, le mode de mise en marché qui consiste à frapper aux portes des consommateurs afin de conclure un contrat laisse place depuis plusieurs années à des moyens plus sophistiqués pour appâter d’éventuels prospects intéressants.
Aujourd’hui, il est fréquent pour ces commerçants, d’avoir recours aux services de spécialistes de la sollicitation qui ont pour mission de recueillir des listes de consommateurs à qui des rendez-vous ont été fixés.
C’est ainsi qu’à partir d’un compte Facebook présentant des allures crédibles, les personnes intéressées par une évaluation gratuite de leurs besoins et de leur admissibilité à des subventions gouvernementales se retrouvent sur une liste de sollicitation en quelques clics. Ces listes sont alors relayées aux équipes de vente qui se présenteront au domicile des consommateurs armés, pour employer un euphémisme, de leur force de persuasion.
2e chef d’accusation : promesses d’économies jovialistes
Les représentations fausses, trompeuses ou exagérées relativement aux économies d’énergie que ces thermopompes permettront aux consommateurs de réaliser figurent parmi les griefs les plus fréquemment signalés. Bien souvent, les économies promises sont exagérées voire irréalistes et les représentations voulant que les économies réduisent d’autant le coût d’achat s’envolent en fumée.
3e chef d’accusation: prix abusifs
Autre grief des consommateurs : le prix de vente de ces appareils. Plusieurs découvrent après-coup que l’appareil pour lequel ils ont payé 15 000 $ soit couramment vendu au prix de 5 000 $ par le commerçant du coin. À leur décharge, plusieurs consommateurs signalent avoir été étourdis par la tempête de chiffres orchestrée par le vendeur quant aux projections des coûts de chauffage et aux économies d’énergie à prévoir, projections auxquelles on ajoute des données financières relatives au prix de vente de l’appareil, aux subventions, au financement de l’appareil sur 10 ans et tutti quanti.
À cet égard, il importe de signaler que la Loi sur la protection du consommateur (LPC) prévoit que les consommateurs peuvent exercer un recours devant le tribunal lorsque les prix sont abusifs. Selon les circonstances, ces consommateurs pourraient obtenir une réduction du prix de vente voire l’annulation du contrat.
4e chef d’accusation: service après-vente aléatoire
Une des particularités propres au secteur de la vente itinérante de thermopompe concerne la durée de vie plutôt limitée de plusieurs de ses acteurs. Lorsque vient le temps de communiquer avec le commerçant pour signaler un mauvais fonctionnement de l’appareil, beaucoup de consommateurs se butent à des messages à l’effet qu’il n’y a plus de service au numéro composé. Quand la compagnie ferme ses portes et ne répond plus, les consommateurs sont livrés à eux-mêmes.
Indemnisation possible
Si vous avez été laissés en plan par l’un ces aventuriers de la vente itinérante, vous pourriez sous certaines conditions, être admissible à une indemnisation. Une indemnisation est possible quand un commerçant a fourni un cautionnement à l’Office de la protection du consommateur (OPC). Elle peut faire suite à la fermeture ou la faillite d’un commerce; un jugement obtenu contre un commerçant titulaire d’un permis en règle au moment de la conclusion du contrat d’achat de la thermopompe.
Prévenir
Avant de céder aux belles promesses ou à la pression exercée par le vendeur, il importe de faire les vérifications d’usage. Le commerçant est-il bien titulaire d’un permis en règle, a-t-il fait l’objet de plaintes des consommateurs ou d’interventions de l’OPC dans le passé ? Toutes ces informations sont facilement accessibles en communiquant avec l’OPC ou en quelques clics sur son site web.
Faire affaire avec une entreprise locale ayant pignon sur rue et bonne réputation demeure cependant la meilleure stratégie de prévention pour se soustraire aux risques de transiger avec ces commerçants éphémères.
Gary Frost est directeur des services aux clientèles à l’Office de la protection du consommateur