Accès des femmes au marché de l’emploi: encore du chemin à faire

Joanne Blais, directrice de la Table de concertation du mouvement des femmes de la Mauricie, en compagnie de Lise St-Germain, directrice de recherche du Centre de recherche sociale appliquée.

Trois-Rivières — Malgré l’évolution de la société et les gains réalisés par les femmes au cours des dernières décennies, le chemin menant à l’accès et au maintien à l’emploi demeure ardu pour une bonne partie d’entre elles.


C’est le constat établi par une étude lancée en septembre 2018 et portant sur les obstacles à la participation des femmes à l’emploi. La Table de concertation du mouvement des femmes de la Mauricie a dévoilé, mercredi, les grandes lignes de cet état de la situation qui s’inscrit dans le cadre du projet «L’accès des femmes à l’emploi en Mauricie, une priorité». Et si des obstacles perdurent, il y a aussi des pistes de solutions pour améliorer cet accès au marché de l’emploi.

La réalité des femmes ayant des besoins spécifiques (femmes immigrantes, femmes autochtones) la conciliation travail-famille-études, la difficulté d’avoir accès à du transport et la présence de préjugés et de stéréotypes sont parmi les obstacles observés durant cette étude menée par le Centre de recherche sociale appliquée.



«Dans les 10 ou 15 dernières années, la place de la femme en emploi a augmenté, mais il reste du travail à faire. L’idée est d’aplanir les obstacles pour que les femmes aient plus d’accès au marché du travail et s’y maintiennent», mentionne Joanne Blais, directrice de la Table de concertation du mouvement des femmes de la Mauricie.

Le taux d’activité à l’emploi des femmes a augmenté, mais demeure inférieur à celui des hommes. De plus, de nombreuses femmes doivent encore subir de la discrimination au sujet du salaire. C’est ce qui amène Mme Blais à souligner que le travail de sensibilisation doit se poursuivre afin de permettre aux femmes d’améliorer leur sort.

«Il faut continuer à faire des efforts. On a du travail à faire de sensibilisation au niveau des préjugés, des stéréotypes.»

La difficulté d’accès à l’emploi peut surprendre alors qu’on se trouve en période de rareté de la main-d’oeuvre. Mais ce n’est pas parce que l’accès peut être moins compliqué que le dossier se règle automatiquement.



«Dans le contexte actuel, on peut accéder plus facilement à un emploi, mais on n’arrive pas à le garder à cause des horaires, de la conciliation travail-famille, à cause des problèmes de transport. L’accès, c’est loin d’être tout le problème», souligne Lise St-Germain, directrice de recherche au Centre de recherche sociale appliquée.

L’étude aborde différentes pistes de solutions. Rendre les milieux de travail plus ouverts et plus sensibles à la diversité des réalités des femmes, favoriser des conditions de travail plus justes, contribuer à l’amélioration de services favorisant l’accès ou le maintien en emploi et sensibiliser à la division sexuelle du travail font partie des orientations du plan d’action 2019-2021. Mais toutes ces pistes de solutions ont de meilleures chances d’être réalisées si les partenaires politiques se rallient à ce projet.

«Ça demande des solutions multiples avec une combinaison d’acteurs. Il faut que les partenaires s’assoient ensemble», précise Mme St-Germain.

Harcèlement

Une trentaine de femmes ont été rencontrées par l’équipe du Centre de recherche sociale appliquée pour cette étude. Un constat qui a surpris et déçu les intervenants est que ces femmes disent subir du harcèlement.

«La question du harcèlement ressort dans le discours de chaque femme, dans les focus groups. C’est décourageant. Les femmes vivent différentes formes de harcèlement, ce qui fait que leur droit au travail est brimé, qu’elles développent de l’isolement. On a l’impression qu’on avance sur cette question, mais avec tout ce qui sort sur la violence, on voit qu’il y a encore beaucoup de chemin à faire», constate Mme St-Germain.

La sensibilisation demeure la clé pour enrayer ce problème, estime la directrice de recherche.



«Il faut nommer le harcèlement au travail, le harcèlement sexuel, le harcèlement professionnel. Il faut outiller les femmes et qu’elles connaissent leurs droits.»

Ce projet est réalisé grâce à une aide financière du gouvernement fédéral.